Son audace et son admiration pour Satie lui valurent une forte réprobation de ces milieux qui lui coûtèrent notamment cinq échecs successifs au Concours de Rome.
Souvent comparé à Claude Debussy, avec lequel il partagea cette utilisation de l’harmonie comme une couleur, avec des dissonances non résolues, il s’en distingua par une écriture pianistique très novatrice et une maîtrise de l’orchestration hors du commun.
Fauré, qui fut son professeur de composition et un ami cher, qualifia son travail d’une "sincérité désarmante". Si l'on considère les sources variées de son inspiration, -Couperin, Rameau, Mozart, Saint-Saëns- son œuvre peut être qualifiée d’éclectique. Egalement fasciné par la musique noire américaine comme le jazz et le blues, il était aussi imprégné, de façon récurrente, de musique hispanique, péninsule dont était originaire sa mère. Qui ne connaît pas le célébrissime Boléro, adapté au rythme andalou, créé en 1928, et l’une des œuvres les plus jouées dans le monde ?
Exaspéré par le succès de cette partition qu’il disait « vide de musique », s’il est qu’elle lui apporta la consécration internationale, elle éclipsa une partie de son catalogue qui comprend pas moins de cent-onze œuvres dont une grande majorité de chefs- d’œuvre mondialement reconnus : Jeux d’eau (1901) ; Rapsodie espagnole (1907) ; Gaspard de la nuit (1908), inspiré de poèmes d'Aloysius Bertrand ; Daphnis et Chloé (1909 – 1912) ; L’enfant et les sortilèges (1925) ; concertos pour la main gauche et en sol majeur, écrit pour un pianiste autrichien invalide de guerre (1929 – 1931) ; Don Quichotte à Dulcinée composée sur un poème de Paul Morand (1932), etc.
La Première Guerre mondiale et le décès de sa mère, en 1917, l’avaient laissé dans une grande souffrance. De ses insomnies et de son désespoir, il composa, entre autres, le Tombeau de Couperin (1914-1917) qui reflétait son état d’âme.
La tranquillité de sa maison de Montfort-l’Amaury, achetée en 1921, le sortit de sa dépression. Cette décennie le vit beaucoup composer. À partir de 1922, il entreprit des tournées de concerts dans toute l’Europe et, en 1928, il débuta une tournée triomphale aux États-Unis.
Malheureusement, en 1933, les premiers signes d’une maladie neurologique allaient lui faire perdre l’usage de la parole et la faculté de composer.
Un ultime voyage en Espagne et au Maroc (1935) lui apporta un réconfort salutaire, mais vain. Retiré à Montfort l’Amaury, le mal progressa. Le 19 décembre 1937, une opération du cerveau fut tentée à la clinique du Docteur Clovis Vincent, rue Boileau à Paris. Il sombra dans le coma avant de décéder quelques jours plus tard.
Sa mort provoqua dans le monde une grande émotion que la presse relaya dans un hommage unanime. L’un des plus grands compositeurs français du 20ème siècle venait de disparaître.
Maurice Ravel fut inhumé dans la tombe de ses parents, Joseph (1832-1908) et Maria (1840-1917), au cimetière de Levallois où devait les rejoindre son frère cadet, Edouard Ravel (1878-1960) avec lequel il eut toute sa vie de forts liens affectifs.