Après leurs règnes très brefs, Louis III et Carloman II étaient morts sans héritiers. Leur demi-frère Charles, futur Charles III le Simple, fils posthume de Louis II le Bègue et de sa seconde épouse Adélaïde, n’étant qu'un enfant, les grands du royaume proposèrent la régence à Charles-le-Gros.
Sur la tête de ce fils de Louis le Germanique et arrière petit-fils de Charlemagne, étaient déjà posées les couronnes d’Empereur d’Occident et de Germanie quand il fut choisi pour diriger le royaume franc. On ne pouvait pas faire pire. Une crise de démence dans sa jeunesse lui avait ébranlé la raison. Ombrageux, méfiant, borné et surtout d’une redoutable incompétence, sa petite taille et son embonpoint lui valurent son surnom.
Alors qu’il avait déjà acheté à prix d’or la paix aux Normands auxquels il céda des territoires en Frise, en 885, Paris l’appela à son secours pour lutter contre eux.
Depuis des mois les Parisiens refusaient le passage des drakkars qui voulaient piller la Bourgogne. La bataille était terrible, mais Paris, où sévissaient peste et famine, tenait encore bon. Charles, qui disposait de troupes nettement supérieure en nombre, non seulement traîna à envoyer du secours mais quand il se décida enfin, au lieu de profiter de la panique qu’elles provoquèrent dans les rangs ennemis, il les paya et ordonna aux Parisiens de les laisser passer !
Eudes, comte de Paris eut beau s’opposer violemment à cette décision, les Normands, poussant leurs drakkars sur des rondins, contournèrent la ville par voie de terre et purent ainsi mettre à sac la Bourgogne sans que Charles ne bougeât le petit doigt !
Une assemblée des princes et des évêques allemands, convaincus de sa démence, -il venait de subir une trépanation- le déposa en 887 et l’enferma dans l’abbaye de Neudingen. Il avait perdu tous ces pouvoirs. On dit que seul l’évêque de Mayence consentit à lui donner manger et à boire.
Abandonné de tous, sans descendance, il fut le dernier empereur « français » de cet empire dont les débris allaient former sept royaumes.
En France, aux dépens de Charles III le Simple, sous prétexte de sa jeunesse, les dignitaires choisirent un non carolingien pour lui succéder, Eudes, comte de Paris.
A sa mort, Charles le Gros fut inhumé, avec tous les honneurs dus à son rang, dans le chœur de l’église du monastère bénédictin de Reichenau . De nos jours, sa tombe est indiquée par une dalle funéraire au sol.