Turbulent, d’une nature inquiète, personne n’a jamais compris pourquoi le sobriquet de « Fainéant » lui fut attribué. Est-ce parce que son règne très court lui a interdit des actions mémorables ?
Associé au trône par son père, Lothaire, dès 978, il n’avait pas les qualités politiques de celui-ci et fut poussé par sa mère, Emma, à se rapprocher des Ottoniens auxquels elle était affiliée par sa mère, épouse en secondes noces de l’Empereur Otton Ier.
Voulant en finir avec l’archevêque de Reims, Aldabéron, accusé de trahison, il décida de reprendre la procédure engagée contre lui par Lothaire. Un évènement capital allait tout stopper : sa mort lors d’une partie de chasse dans la forêt d'Halatte près de Senlis.
Son mariage avec Adélaïde d’Anjou, savamment orchestré par Lothaire, s’étant terminé au bout de deux ans par une séparation, il n’avait pas d’héritiers. Le seul prétendant carolingien à sa succession était son oncle paternel, Charles, détesté des Français. C’est là qu’Aldabéron intervint de façon cruciale dans l'histoire en apportant tout son soutien au prince qui lui parut le plus apte à diriger le royaume, Hugues Capet.
Après bien des rebondissements, les Robertiens avaient eu raison des Carolingiens. Ils venaient de donner naissance à la troisième grande dynastie des rois de France, les Capétiens.
Bien qu’ils n’aient pas tous démérité les rois carolingiens ont souvent été maltraités par les historiens. Ils furent victimes d’au moins deux faiblesses. D’abord leur mode de gouvernement avec, entre autres, une administration déficiente dirigée par des proches qui a favorisé la naissance d’une puissante féodalité tandis que chaque partage successoral amenait le morcellement territorial.
Puis, comme le rappelle Pierre Riché « en cherchant avec obstination à reprendre cette Lotharingie qui avait été le berceau de leur famille, ils se sont aliénés leurs cousins ottoniens et ont perdu l ‘appui de l’archevêque de Reims qui depuis le 9ème siècle, avait été un des facteurs de leur succès ».
A leur décharge, et pour mieux comprendre une politique qui était irréaliste, rappelons que la Lorraine était le royaume d’où ils étaient partis et « où ils ont non seulement leurs souvenirs mais aussi une partie de leur clientèle aristocratique et quelques biens domaniaux ».
Louis V ne fut pas inhumé dans la nécropole familiale de Saint-Remi de Reims. Il fut enseveli là où il avait été couronne un an plus tôt, en l'abbaye Saint-Corneille de Compiègne. Cette inhumation se fit à la sauvette afin « d’éviter que son entourage ne se dispersât avant d’avoir procédé à une délibération d’une très grande utilité pour la Respublica. »
Son tombeau se trouvait dans le chœur de l’église abbatiale. En 1267, Louis IX, jugeant inconvenant que les cendres royales soient foulées aux pieds par le peuple qui remplissait l’église, fit transférer sa sépulture, et d’autres tombes royales, à droite du chœur lors d’une grande cérémonie.
En 1647, le caveau fut ouvert lors de travaux. On y découvrit quatre pierres épaisses, sans aucune inscription, couvrant des cercueils en bois très épais ne contenant que des cendres, mais correspondant exactement au nombre de personnalités ensevelies dans ce lieu. Les restes de Louis V étaient donc bien là.
A la Révolution, les cercueils ne furent pas profanés. Le fait qu’ils soient en bois et non en plomb les protégèrent certainement, mais on peut être surpris qu’ils n’aient pas été vidés de leur contenu. On se contenta de brûler des statues en bois représentant plusieurs souverains sans qu’on sache s’il s’agissait de gisants ou de simples effigies.
Dans le même temps, pour niveler le sol de l’église on fit disparaître les marches d’accès au caveau qui fut probablement comblé par les déblais. Et depuis ?
Lorsque l’église fut détruite, que fut nivelé le pavé de la rue Saint-Corneille qui passe au-dessus du caveau, on ne s’est pas préoccupé des dépouilles qui, en toute logique, devraient toujours être sous le milieu de la rue…