Profitant de la déliquescence carolingienne, les Robertiens, dont était issu Hugues Capet, avaient grignoté le pouvoir royal et s’étaient imposés parmi les grands vassaux d’un royaume à l’histoire, jusqu’à présent, subordonnée aux états de l’est.
A la mort de son père, Hugues le Grand, comte de Paris, duc des Francs, comte d’Auxerre, etc., Hugues Capet héritait d’une énorme fortune et de titres prestigieux le positionnant en bonne place dans la compétition qu’allaient se livrer les grandes familles aristocratiques de la Francie à la mort du dernier Carolingien, Louis V.
Hugues le Grand avait refusé la couronne pour lui-même ce qui ne l’empêchait pas d’être d’une ambition dévorante. Son rejeton allait concrétiser son avidité au-delà de ses plus folles espérances. Et pourtant, Hugues Capet n’a pas la forte personnalité de son père.
A défaut, il en avait hérité les qualités diplomatiques et, compte tenu du contexte du moment, c’était bien le plus indispensable.
Sans relai dynastique, il fallait en passer par une élection qu’il gagna. Cette victoire ne devait rien au hasard. Elle résulta de tout un ensemble d’alliances, d’images positives que les Robertiens avaient su ménager sur quatre générations dans l’aristocratie et le clergé mais surtout d’un chantage habilement mené auprès d’Adalbéron, archevêque de Reims. Favorable à l’empereur Othon II au détriment de Louis V, celui-ci voulait faire condamner l’archevêque pour haute trahison. Echappant dans l’immédiat à la justice royale grâce à la mort de Louis V, Hugues Capet lui fit savoir qu’il abandonnerait les poursuites s’il était élu. Fort de ce puissant appui, Hugues Capet fut donc élu roi et sacré le 3 juillet 987 à Noyon.
C’était déjà un homme mûr à l’espérance de vie limitée au regard de l’époque. Rien ne laissait présager que les Capet, à partir de leur petit domaine du moment (de Compiègne à Orléans), allaient réussir à imposer leur langue et leur civilisation à des provinces beaucoup plus vastes malgré l’opposition de quelques seigneurs.
Et pourtant. Habile et prudent, Hugues, qui tenait à la pérennité du pouvoir au travers de sa lignée, fit couronner son fils unique dès 987. Par ce geste, il paralysait les Grands qui ne pourront plus jamais élire de rois. Les ecclésiastiques manifestèrent bien des réticences, mais quelques dons surent vite les convaincre du bien-fondé de l’action.
Malgré cela, le premier des Capétien n’est pas reconnu comme un roi à grande stature. Peu porté sur les grandes aventures guerrières qui font les héros, il évita les conflits.
Bien que fragile, la royauté nationale due aux Capet était en route et ne périra qu’en 1848 avec l’abdication de Louis-Philippe.
On ne sait presque rien sur ses derniers instants : « Hugues, qui avait le corps tout couvert de pustules, s’éteignit dans son château des Juifs », c’est à dire en lieu situé près de Prasville (Eure-et-Loir). C’est tout. Même la date du décès est approximative, entre les 22 et 25 octobre. Ses funérailles ne furent pas davantage commentées.
Pour marquer la continuité monarchique, Hugues Capet fut inhumé en la basilique Saint-Denis où l’avaient déjà précédé d’autres Robertiens dont le roi Eudes. Ainsi fut-il celui par qui arriva vraiment la notion de nécropole royale.
En 1263, Saint Louis décida d'un programme visant à réaliser des monuments funéraires afin d'appuyer le rôle de nécropole royale dévolue à l'abbaye. Il commanda une série de quatorze mausolées ornés de gisants pour recouvrir les restes de quelques Carolingiens ainsi que ceux des premiers Capétiens. Parmi les nouveaux tombeaux figurait celui d’Hugues Capet qui se trouvait à la croisée du transept à coté de l'autel matutinal lorsqu’il fut l’un des premiers à être détruit en août 1793. Il n’en reste rien.