Associé au trône du vivant de son père, Louis IV, auquel il succéda, il fut le premier de nos souverains à bénéficier d’un héritage sans partage et dévolu au fils aîné. Il eut d’abord pour tuteur l’inévitable Hugues le Grand qui se contenta du rôle de protecteur avant de mourir deux ans plus tard. Néanmoins, s’il était délivré de l’encombrant personnage, ses proches l’orientaient vers une politique d’entente avec la Germanie sur laquelle régnait son oncle maternel.
Mais Lothaire voulait régner seul et rêvait de rétablir la puissance royale. Après une politique habile pour neutraliser les princes, il eut la folie de vouloir reprendre la Lorraine ambitionnée, pour une partie, par son frère cadet, Charles, exclu du partage royal. Avec l’aide, entre autres, du fils d’Hugues le Grand, Hugues Capet, il monta une expédition contre son cousin, l’empereur Otton II qui, en représailles, envahit la France en octobre 978, ravagea les régions de Reims, Soissons et Laon. Contraint de fuir, Otton le poursuivit jusqu’à Paris où il se trouva face à l’armée d’Hugues Capet.
Après finalement s’être rapproché de la Germanie, l’envie de conquête le reprit. Au milieu des affrontements, des intrigues et des retournements d’alliances, Lothaire allait cette fois commettre la bévue diplomatique qui fut fatale à la dynastie carolingienne.
Il envahit la Lorraine (985). Par nécessité de tenir une garnison à Verdun, il obligea l'archevêque de Reims, Aldabéron, d’accepter cette situation et d’écrire à plusieurs évêques qu'il était le fidèle du roi carolingien. Or, Aldabéron, s’il était un des derniers appuis aux carolingiens, était hostile à un conflit qui diviserait davantage le royaume. Lothaire, furieux de l’opposition de l’archevêque, s’acharna contre lui jusqu’à entamer une procédure de justice sans en imaginer les conséquences. Deux ans plus tard (987), Aldabéron fut le pilier essentiel de l’accession au trône d’Hugues Capet au détriment des Carolingiens.
Lothaire était mort l’année précédente. La rumeur voulut que sa femme, Emma, accusée quelques années plus tôt d’adultère avec Aldabéron, l’ait empoisonné.
Lothaire fut inhumé en la basilique Saint-Remi de Reims, qu’il avait choisie, où on lui réserva de magnifiques funérailles qui rassemblèrent tout ce qu’on put trouver de richesses royales : «Son lit fut porté par les grands du royaume, précédés des évêques et du clergé avec les croix et les évangiles. Au milieu d’eux marchait en poussant des gémissements celui qui portait la couronne avec d’autres insignes. Les pleurs déchirants en coupaient les chants funèbres ! Les chevaliers qui suivaient affichaient des mines abattues ».
Son tombeau, refait (au 12ème siècle ?), le représentait assis sur son trône. Il avait surtout la particularité d’avoir à ses pieds, un homme assis, lui tenant un pied comme s’il voulait le lui réchauffer.
Sa sépulture disparut à la Révolution sauf peut-être la tête.
En 1919, lors de la restauration de la basilique, l’architecte Henri Deneux découvrit la tête d’une statue que les révolutionnaires rémois avaient publiquement décapitée en la confondant avec une représentation de Louis XVI. Enfouie dans un sarcophage de la nef, elle fut posée sur une pierre sur laquelle était gravée la date de la mort de Louis XVI où la trouva Henri Deneux.
Or, ce chef-d’œuvre de l’art roman correspond parfaitement à la description et au dessin qu’en fit Dom Bernard de Montfaucon au 18ème siècle. Pouvait-il y avoir deux statues identiques de Lothaire dans la basilique ? Cette tête est de nos jours exposée au musée de Saint-Remi.
Le nom de Lothaire est gravé parmi les personnalités qui furent inhumées en la basilique.