Gentilhomme de la Chambre de Charles IX, il gagna l’estime du futur Henri III lors du siège de La Rochelle (1572) et l’accompagna dans sa cavalcade polonaise quand il fut élu roi de Pologne l’année suivante. Jugé digne de gagner son amitié et d’entrer dans sa fidélité, il intégra le cercle privilégié des mignons à la réputation sulfureuse dont on ne voyait pas l’enjeu politique.
D’un esprit plus fin et plus sérieux que les autres, Henri, devenu roi, l’utilisa pour rédiger sous sa dictée sa correspondance secrète. L’ascension du favori était en marche.
Homme de cabinet, mais aussi de duels qui opposaient sur le pavé de Paris les mignons du roi à ceux du duc de Guise et du duc d’Anjou, frère cadet d’Henri III.
Soldat catholique, il fit les campagnes de 1575, 1577 et 1579 contre les protestants. Mais sous le mignon perçait un homme de pouvoir. Probablement conscient de ses capacités, enorgueilli par la confiance que lui portait le roi, ambitieux et désireux d’exercer une fonction prestigieuse, les gratifications royales comblèrent ses espérances.
Capitaine d’une compagnie de chevau-légers, premier gentilhomme et maître de la garde du roi, surintendant des finances du royaume (1578), fonction où il maintint le scandaleux système de concussions et de dilapidations de son prédécesseur, Pomponne de Bellièvre, Henri III en fit aussi le bras fidèle de sa politique en province.
Nommé gouverneur de Caen, puis gouverneur et lieutenant général de Basse-Normandie -province stratégique pour la monarchie- il s’agissait de restaurer l’autorité royale dans la voie politique et fiscale en évitant les séditions populaires dont auraient pu profiter ses ennemis. O, se montra un gouverneur efficace et énergique.
Point faible de la qualité de favori, la disgrâce qui peut être brutale. Celle d’O, en 1581, pour avoir tenu tête au roi, mais qu’il sut monnayer, se fit plutôt en douceur même si, éloigné de la Cour, il perdit sa charge prestigieuse de maître de la garde-robe et que l’élévation de deux autres mignons (1583) le rabaissa à la charge lieutenant général.
Il avait perdu son gouvernement de Basse-Normandie, offerte à Joyeuse, mais avait conservé la ville de Caen et son château, le plus défendable de la région. Néanmoins, redevenu simple gentilhomme provincial après avoir côtoyé les plus grands, il avait de quoi alimenter son amertume et son insoumission.
Jouant habilement d’un intérêt pour la Ligue, puis s’ingéniant à donner des gages de bonne conduite à Henri III, il regagna la confiance de ce dernier qui n’était pas dupe. Mais ni Caen, ni la Basse-Normandie n’étaient passés aux mains de la Ligue.
En 1586, O fut nommé gouverneur de Paris et de l’Île de France, conserva un temps la gouvernance de Caen et ne trahit plus jamais.
Acteur essentiel de la révolution parisienne des 12 et 13 mai 1588, contraint de s’enfuir avec le roi, présent aux états-généraux et à la session du Conseil qui coûta la vie au duc de Guise, avec clairvoyance, il conseilla à Henri III de s’allier à Henri de Navarre pour combattre la Ligue.
Après l’assassinat d’Henri III, il promit de reconnaître Navarre si celui-ci se convertissait et préservait les serviteurs du roi défunt dans leurs charges.
Il prit part à la bataille d’Ivry, prépara le siège de Rouen et ne cessa de sillonner l’Île de France dont il était toujours gouverneur.
En mars 1594, il participa aux opérations qui conduisirent à la reddition de la capitale et fut chargé de prendre les mesures de pacification décidées par Henri IV et de réunir en un seul corps les Parlements loyaliste et ligueur.
Lui avait connu un train fastueux, malgré toutes les concussions dont on l’accusait, François d’O mourut couvert de dettes et dans le dénuement au terme d’une longue agonie due, semble-t-il, à une rétention d’urine. Financier, on avait oublié tous les prêts qu’il avait avancés à Henri III. Les procès lancés par sa famille pour leurs remboursements ne prirent fin qu’en 1655.
Les paysans, qu’il avait alourdis de fiscalité, crièrent leur joie. Peu regretté, ses créanciers et ses domestiques avaient mis son hôtel au pillage et enlevé jusqu’aux meubles de sa chambre avant même qu’il eût rendu le dernier soupir.
Mais où François d’O fut-il vraiment inhumé ?
Quelle que soit la source, on trouve qu’il le fût en l’église des Blancs-Manteaux dont il était paroissien (son hôtel, où il mourut, se situait à proximité : 46-50 rue Vieille du Temple) .
Mais sur quel élément se base-t-on ? Si internet a développé le « copier/coller », il existait bien des siècles avant sa création, sans compter les "on-dit".
Ainsi, dans « Table générale alphabétique et raisonnée du journal historique de Verdun sur les matières du tems (sic) depuis 1697 jusques et compris 1756 » datant de 1759, peut-on lire, que : « suivant l’épitaphe que l’on voyait autrefois dans l’église des Blancs-Manteaux à Paris », assertion reprise dans les mêmes termes en 1822 dans le Dictionnaire historique et critique et bibliographique contenant la vie illustre,….Tome XX, etc. Bref, où que l’on se tourne, son inhumation aux Blancs-Manteaux est acquise.
Mais en réalité de quelle épitaphe, que les différents auteurs n’ont manifestement jamais vue, parle-t-on ?
Il existait bien une tombe de pierre, à la bordure semée de mouchetures d’hermines, ornée dans le bas d’un écusson entouré des colliers de l’Ordre du roi, et accompagné sur les côtés du chiffre du défunt avec deux rameaux de lauriers en sautoir.
Mais, comme l’atteste l’inscription appliquée sur une lame de cuivre placée sur cette tombe, il ne s’agit pas de son corps mais de... ses entrailles.