Le « beau Sacha » réserva très vite son charme et son talent d’abord à la petite escroquerie, puis à celle de haut vol : falsifications de chèques, ventes de produits qui n'existaient pas, salles de jeux clandestines, trafic de drogue avec la Turquie, arnaques aux bons du trésor, etc.
Il voulait devenir riche et il le devint au point de pouvoir acheter le Théâtre de l’Empire et d’investir dans des journaux politiques. Son ascension financière fut largement favorisée par la fréquentation des salons mondains où il se forgea de solides relations politiques qui lui permirent de gagner en respectabilité.
Mégalomane et sûr de lui, sa nature ne le portant pas au succès modeste, sa façon de flamber son argent suscitait l’admiration tandis que lui, jouant sa chance avec la veulerie des uns et l’appétit des autres, voyait ses affaires prendre un essor spectaculaire jusqu’à sa dernière arnaque.
Décembre 1933. Alors que la France s’apprêtait à réveillonner, l’affaire des bons de Bayonne éclata au grand jour. Avec la complicité du directeur du Crédit municipal de Bayonne, Gustave Tissier, et sous la surveillance complice du député-maire de la ville, Dominique-Joseph Garat, Stavisky avait réussi à faire mettre en circulation pour 235 millions de francs de faux bons au porteur, couverts seulement à la hauteur de 20 millions par des dépôts de bijoux et autres valeurs.
L’arrestation de Tissier, le 25 décembre, provoqua la fuite d’Alexandre que l’enquête, menée tambour battant notamment par Albert Prince, détermina comme le principal instigateur de l’escroquerie. Le conseiller Prince dont le corps déchiqueté par un train devait être découvert en février 1934. Elle permit aussi de découvrir les nombreuses relations entretenues par l'escroc dans les milieux de la police, de la presse et de la justice : le député Gaston Bonnaure, le sénateur René Renoult, le ministre des Colonies et ancien ministre de la Justice Albert Dalimier, les directeurs de journaux Dubarry et Aymard avaient profité de ses largesses en échange de leur appui.
Même le procureur général Pressard, beau-frère du président du Conseil Camille Chautemps, avait fait en sorte que le procès de Stavisky, pour d’autres escroqueries, soit indéfiniment reporté.
Traqué, Stavisky finit par trouver refuge dans un chalet à Chamonix, le Vieux Logis. Le 8 janvier 1934, lorsque les policiers entrent dans la résidence, des coups de feu retentirent et Stavisky fut trouvé agonisant, deux balles dans la tête.