ALEXANDRE Ier DE RUSSIE (1777 – 1er décembre 1825 OU 1er février 1864 ?)
Cathédrale Pierre-et-Paul de Saint-Pétersbourg (Fédération de Russie)
OU le cimetière du monastère de Tomsk (Fédération de Russie) ?
Catherine II, consciente de l’incapacité de son fils, Paul, à gouverner, préparait sa succession en faveur de son petit-fils, Alexandre, qu’elle sépara de ses parents et dont elle couva l’enfance. A la mort de sa mère, Paul, méfiant, fit brûler tous les documents relatifs à la succession et devint le tsar Paul Ier.
Pendant ce temps, Alexandre finit par accepter l'idée d'une conjuration contre son père tout en se ménageant un alibi : on déposerait le despote sans toucher à sa vie. Se faisait-il quelque illusion ? Les conjurés, en tout cas, savaient pertinemment que le succès du complot reposait sur le meurtre du souverain. Alexandre en recueillit les fruits et s'abstint de châtier les coupables.
Tsar le 23 mars 1801, cette note tragique fut vite oubliée par un début de règne prometteur en tentant d’appliquer des idées libérales tout en restant un autocrate.
Mais la volonté de réforme dont il témoignait fut bientôt occultée par son duel avec son éternel rival, Napoléon Ier. Rejeté vers les coalitions, il se trouva entraîné dans les défaites de ses alliés (Austerlitz, 1805) et fut encore battu à Friedland (1807) avant de s’allier à Napoléon (traité de Tilsit, 8 juillet 1807). Cette sortie honorable lui assurait, au mieux, un condominium sur l'Europe, au pire, un répit salutaire qu’il mit à profit pour envisager une réorganisation d'ensemble de l'Etat qu’il avait agrandi.
Mais en 1812, se dressant contre la politique polonaise de l'empereur des Français, il mit fin au blocus continental de l’Angleterre que lui avait imposé ce dernier. Napoléon lança alors la campagne de Russie qui tourna au désastre faisant d’Alexandre le vainqueur de Napoléon aux yeux de l’Europe dont il put se croire l’arbitre. L'ambiguïté même de son rôle le servait : les uns saluaient celui qui avait imposé une charte aux Bourbons et donné une Constitution à la Pologne restaurée ; les autres admiraient le rédacteur de la Sainte-Alliance (1815), qui fondait la légitimité du pouvoir sur la tradition chrétienne.
Menant ensuite une politique intérieure contradictoire, son règne, commencé dans l’euphorie, s’achevait dans une atmosphère
étouffante : à mesure que les années passaient, semblant se désintéresser de la politique, son salut le préoccupant de plus en plus, il sombra dans un profond mysticisme qui l'amena à renier ses idées de jeunesse et qui se muta en véritable obsession. De l’assassinat de son père, il avait gardé toute sa vie le repentir et le désir ardent de réparer sa faute.
À l'automne 1825, il entreprit un voyage dans le sud de la Russie afin d'accompagner l'impératrice à qui l'on a recommandé de changer de climat. Il prit froid et mourut à Taganrog. Officiellement, son corps fut transporté à Saint-Pétersbourg, à environ 2000kms de distance, pour être inhumé le 13 mars 1826 en la cathédrale Pierre-et-Paul, nécropole des Romanov.
https://ideaguide.ru/fr/saint_petersbourg/cathedrale_pierre_et_paul
Mais sa disparition brutale, survenue dans des circonstances troublantes, est à l’origine d’un mystère non encore résolu : est-ce vraiment la dépouille d’Alexandre qu’on enferma dans le cercueil ? La rumeur sur l’hypothétique survivance d’un personnage mort dans des conditions singulières n’est pas exceptionnelle : Louis XVII, Anastasia Romanov, Hitler, etc. en sont de célèbres exemples.
Toutefois, celle entourant Alexandre Ier pourrait s’avérer justifiée. De nombreux éléments factuels autorisent à le penser. Lassé du pouvoir et résolu de se livrer entièrement à la vie contemplative qui le tentait depuis de longues années, jusqu’où sa volonté de contrition, ses conflits intérieurs, ses inquiétudes spirituelles purent-ils mener Alexandre ?
Fiodor KOUZMITCH (mort le 1er février 1864 de notre calendrier)
Cimetière du monastère de Tomsk (Fédération de Russie)
A l’automne 1836, la police du gouvernement de Perm arrêta un homme qui circulait à cheval et qui disait s’appeler Fiodor Kouzmitch. Agé d’une petite soixantaine, grand de taille, large d’épaules, les yeux bleus, sourd d’une oreille et instruit, s’exprimant avec une grande aisance, l’homme, qui ne portait pas de passeport intérieur, refusa d’en dire plus. Condamné à vingt coups de fouet et à une peine de prison, celle-ci accomplie et toujours muet quant à son passé, il fut expédié dans le gouvernement de Tomsk pour y travailler dans une distillerie d’Etat. Il y resta cinq ans, vivant dans le dénuement le plus complet, au milieu des simples, se montrant très actif et ouvert aux autres : il délivrait des conseils d’hygiène, de santé, d’agriculture aux paysans, enseignait à leurs enfants l’Ecriture sainte, les règles élémentaires de calcul, d’orthographe, etc.
Cet homme étrange qui parlait le Français, dont les arcanes de la cour impériale n’avaient aucun secret pour lui, connaissait des épisodes des guerres napoléoniennes en citant des détails que seul le tsar, ou un proche, pouvait savoir.
Il ne tarda pas à faire l’objet de rumeurs dont il se lassa. En 1842, il reprit ses pérégrinations avant de revenir à Tomsk en 1858 où un négociant, Khromov, le logea dans une petite maison isolée. Il y vécut en ermite et fut considéré comme un starets, vénéré du peuple pour sa sainteté. Il décéda en 1864 et fut inhumé au cimetière du monastère de Tomsk. Sur sa tombe, qui devint rapidement un lieu de pèlerinage, Khromov fit inscrire : « Ci-gît le grand starets béni de Dieu qui s’est éteint le 20 janvier 1864 » (1er février de notre calendrier).
En 1936, la chapelle où il reposait fut détruite et l’emplacement transformé volontairement en décharge. En 1995, la découverte du site et les fouilles mirent à jour un cercueil sans couvercle contenant des ossements mais pas de crâne. Une nouvelle chapelle fut érigée.
En 1984, Il fut canonisé par l’Eglise orthodoxe russe.
Chapelle au-dessus de sa tombe
© Pavel Andrushenko
Fiodor Kouzmitch était-il Alexandre Ier ?
3 février 2023
La ressemblance physique entre Alexandre et Fiodor était frappante. En 2015, des études graphologiques démontrèrent que l’écriture de l’un et de l’autre coïncidait. Mais surtout, lorsqu’en 1921, Lénine (?) fit ouvrir son tombeau, ce fut la stupéfaction : il était vide. Le mythe devint alors un enjeu politique. Des scientifiques de renom et de tous poils cherchèrent vainement un semblant de réponse. Peut-être par crainte que le corps de Fiodor ne soit authentifié comme celui d’Alexandre et ne soit érigé au rang de saint par le clergé orthodoxe, le Parti communiste refusa toute autopsie du corps supposé de « Féodor-Alexandre ».
D’abord dans les années 1960, devant le gouvernement de l’URSS, et plus tard devant le gouvernement de la Fédération de Russie, plusieurs pétitions ont été déposées pour effectuer cette autopsie. Toutes se conclurent par une fin de non-recevoir.
Reste les tests ADN qui résoudraient définitivement le mystère. Mais, jusqu'à présent, les Romanov ont toujours refusé. Pour certains, rien ne prouve non plus que les restes humains trouvés en 1995 soient bien ceux de Fiodor…
Bref, cette énigme, qui continue à fasciner les Russes et à diviser les historiens, a encore de beaux jours devant elle. La clé en sera-t-elle un bluff extraordinaire de l’histoire ?
Sources principales :
-https://revuedynastie.fr/le-mystere-du-tombeau-vide-dalexandre-ier-13/
-https://www.monde-diplomatique.fr/1956/01/BRION/21657
-https://short-edition.com/fr/classique/lev-nikolaievitch-tolstoi/le-journal-posthume-du-vieillard-feodor-kouzmitch
-https://tvmag.lefigaro.fr/programme-tv/article/television/87924/l-enigmatique-disparition-d-alexandre-ier-.html
-https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Chapel_and_grave_of_Feodor_Kuzmich_in_Tomsk?uselang=fr ---https://wiki.tpu.ru/wiki/%D0%A7%D0%B0%D1%81%D0%BE%D0%B2%D0%BD%D1%8F_%D0%A4%D0%B5%D0%B4%D0%BE%D1%80%D0%B0_%D0%A2%D0%BE%D0%BC%D1%81%D0%BA%D0%BE%D0%B3%D0%BE
TOMBES ET SEPULTURES DANS LES CIMETIERES ET AUTRES LIEUX
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au 22 juin 2021
TOMBES SÉPULTURES DANS LES CIMETIÈRES ET AUTRES LIEUX
par Marie-Christine Pénin
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