Ce major du bataillon de Cythère, qui tenait une rubrique réservée à la promotion de demi-mondaines dans le journal Gil-Blas, rentra dans la légende sous le nom de « l’Intrépide vide-bouteilles » que lui attribua l’écrivain Raoul Ponchon (1848-1937) dans un poème dédié au peintre Jean-Louis Forain (1852-1931). Contrairement aux apparences, ce petit clin d’œil soulignait que Desteuque était un buveur d’eau.
Secrétaire des Folies Bergère, ami d’Alphonse Allais , « beau comme un dieu, insolent comme un page », ses extravagances mémorables ne passaient pas inaperçues. Comme le raconte le chroniqueur Eugène Dupont (1859-1951) : « La dernière fois que Charles Desteuque a été vu sur le Boulevard, c’était dans un équipage attelé de rennes. Un traîneau à roulettes, emprunté aux accessoires d’une troupe russe venue à Paris en représentations. L’Intrépide, ayant à ses côtés un moujik à longue barbe, en touloupe et bonnet en peau de mouton, une belle fille, coiffée du kakochnick national, et dont le corselet pailleté d’or était radieux, – semblait triomphant. Il trimballait à travers Paris, de rédaction en rédaction, ce nouveau numéro sensationnel des Folies Bergère, dont il était secrétaire. »
Douces folies peut-être dues à sa santé mentale : il fut interné à l’asile psychiatrique du Prémontré (Aisne) où il mourut. Son corps fut ramené à Reims afin d’être inhumé dans la tombe familiale où son père, Eugène, l'avait précédé..