A défaut d'être ensorcelante comme quelques stars du métier, elle appartenait à cette pléiade de beautés aimables, élégantes et gaies. Elève d’Augustine Brohan, sa professeure disait : « Elle ira loin, si elle veut », et Théophile Gautier, dont elle avait retenu l’attention, écrivait : « Mademoiselle Manvoy qui est une débutante fort jolie et très intelligente, est une bonne acquisition pour le Vaudeville » où elle débuta en 1861. Puis, elle passa avant au Théâtre de la Porte Saint-Martin où elle obtint un grand succès, en 1866, dans La Reine cotillon d’Anicet Bourgeois et Paul Féval. En 1869, elle reprenait le rôle de Sarah Bernhardt dans Madame la Marquise.
Néanmoins, cette petite femme pimpante, alerte et vive, fut davantage connue pour son élégance et son train de vie que pour ses talents d’artiste. Elle faisait, entre autres, sensation au Bois de Boulogne avec sa calèche à huit ressorts. Entretenue, classée parmi les demi-mondaines très en vue au même titre que Cora Pearl, elle continua sa double carrière.
Pensionnaire à l'Ambigu jusqu'en 1875, elle partit jouer au théâtre impérial Michel de Saint-Pétersbourg. Elle y resta sept ans. A son retour, les faibles traces d’actrice qu’elle avait laissées s’étaient effacées. Retirée de la mêlée des rivalités, on la voyait les soirs de premières représentations venir applaudir ses anciennes camarades et les nouvelles gloires. Elle vivait de façon obscure dans son appartement du boulevard Haussmann et s’occupait d’œuvres de charité comme dame patronnesse de l’orphelinat des Beaux Arts.
A l’été 1887, elle attrapa un refroidissement alors qu’elle tenait une boutique au Bois de Boulogne à l’occasion de la fête des Fleurs. Son mal s’aggrava. Elle mourut en ayant conservé toutes les apparences de sa jeunesse et en laissant une assez belle fortune à des parents éloignés.
A peine une quarantaine de personnes assistèrent à ses obsèques en l’église à Saint-Philippe-du-Roule. Toutefois, de pieux souvenirs avaient été envoyés sous forme de bouquets et de couronnes qui couvraient le char funèbre de quatrième classe. Athalie fut inhumée au cimetière du Père-Lachaise, où sa tombe (concession qu’elle acheta en 1875), en très bonne état, existe toujours.
C’est en parcourant une liste des « grandes horizontales » que le nom de cette femme bien oubliée m’ait apparu me donnant envie d’en rappeler, un bref instant, la mémoire.