Théophile Gautier la décrivait ainsi : « C’est une belle jeune fille, grande, bien faite, à formes d’éphèbe, avec quelque chose d’éclatant d’agressif dans toute sa personne. Le geste est superbe, l’œil flamboie, la bouche étincelle, la joue brille comme une grenade ; nulle timidité, nul embarras ; la grâce est âpre, la beauté crue comme un fruit vert ; le charme a quelque chose d’impérieux ; on concevrait ainsi la jeune reine volontaire et fantasque d’une de ces cours impossibles où les poètes ont noué tant d’intrigues et dénoué tant de mariages. » Comédienne de race, elle connut rapidement le succès et la célébrité. Nommée sociétaire en 1852, elle créa plusieurs rôles n’hésitant pas à prendre quelques risques.
En 1853, elle épousa Mario Uchard, rencontré lors d’un bal, qui devint homme de lettres et auteur dramatique. Après deux ans de mariage, ils rompirent. Madeleine partit à Saint-Pétersbourg et ne revint à la Comédie française qu’en 1858.
Des années plus tard, de sa relation avec l’homme politique et poète, Paul Déroulède, elle eut un fils Paul Déroulède Langely (1866 – 1938).
Peut-être grisée par ses premiers et faciles succès, son retour sur la scène parisienne fut regardé comme faible. Gagnée par un peu d’embonpoint, elle comprit qu’il fallait travailler avec une nouvelle ardeur. Mais voilà que s’en mêla une laryngite la condamnant à un mutisme complet pendant six mois. Qu’importe, Madeleine finit par renouer avec le succès.
Elle fut aussi ambulancière de la Comédie française pendant la guerre de 1870.
Sans doute à cause de son embonpoint, elle endossa par la suite des rôles plus marqués jusqu’en 1881 lui faisant dire : « J’aime mieux être la plus jeunes des vieilles que la plus vielles des jeunes.»
Le 25 avril de cette année là, son interprétation de la duchesse dans Le Monde où l’on s’ennuie, pièce d'Edouard Pailleron, lui valut une superbe ovation, véritable couronnement de sa carrière. Elle se retirait sur un triomphe. Bien que retraitée officiellement en 1885, elle se refusa à donner sa dernière représentation et se contenta de recevoir les palmes académiques.
Elle vécut discrètement dans son petit appartement de la rue de Rivoli, s’occupant de sa mère.
Madeleine Brohan avait souhaité des obsèques simples et sans fleurs sur son cercueil qu’accompagnèrent, le 27 février, malgré un temps affreux, quelques uns de ses camarades jusqu’au cimetière de Fresnes. Hommage d’adieu à celle qui avait su se faire apprécier parmi eux.