►CHAUMAREYS Hugues Duroy de (1763 - 1841)
Bussière-Boffy (Haute-Vienne) ?
Neveu du lieutenant général des armées navales, Louis d'Orvilliers (1710-1792), initié à la navigation dès 1779, il participa à la guerre d’Amérique où il fut blessé et fait prisonnier. De 1785 à 1787, il navigua en Inde, puis fut commandant par intérim à partir de 1789. Bref, une carrière classique. Emigré en Angleterre à la Révolution, il intégra l’armée royaliste qui tenta le débarquement à Quiberon (1795). Réfugié en Allemagne après avoir échappé au massacre, il revint en France en 1802 et s’installa, en 1807, dans le château de Lachenaud (Haute-Vienne) qu’il avait d’hérité. Nommé adjoint à la mairie de Bussière, puis receveur des Droits réunis à Bellac, lors de la première Restauration il demanda à être réintégrer dans la Marine au grade de capitaine de vaisseau. Louis XVIII lui confia une mission à Cayenne mais qui n’eut pas lieu pour cause de Cent-Jours. Maire de Bussière, il démissionna de cette fonction pour prendre le commandement de La Méduse et de l’escadre se rendant au Sénégal.
Pour atténuer le scandale qui atteignait son régime au retour en France des rescapés, Louis XVIII n’eut pas d’autre choix que de faire juger son capitaine. Lors de son procès à Rochefort, on ne pouvait lui reprocher « d'avoir volontairement perdu un bâtiment de guerre », infraction justiciable de la peine capitale. Seule son impéritie, dont il rendait son second, Reynaud responsable à part équivalente de la sienne, fut mise en cause. On retint également son refus de charger des naufragés supplémentaires dans son canot alors qu’il restait de la place, et l’abandon du radeau.
Condamné à la dégradation militaire, à l'empêchement de servir, et à trois ans de réclusion au fort de Ham, il y resta interné de 1817 à 1820. Mais à la peine de justice succéda une expiation humaine de plus de vingt ans. Retiré au château de Lachenaud, victime de l’opprobre populaire que les habitants de son village et des environs lui manifestèrent jusqu'à sa mort -les enfants de Bussière lui jetaient des pierres-, en totale disgrâce mais ne cessant de réclamer sa réhabilitation, et privé de ressources, il accumula les dettes. Prisonnier de lui-même, il ne sortait plus de sa demeure.
A défaut de le réhabiliter, certains rappellent que les cartes étaient déffectueuses, que son second, Reynaud, et Schmaltz portaient une lourde part de responsabilité qui fut passée sous silence, etc. N’appartient-il pas à celui qui commande de discerner les incompétences et les mauvais conseils ? Le seul maître à bord est et reste le capitaine…quitte à être jeté en pâture dans un contexte politique où ultraroyalistes, royalistes modérés et bonapartistes s’affrontaient.
Si l’on sait qu’il mourut à Bussière, il n’existe plus aucun souvenir, ni aucune trace de son inhumation. Un fait est certain, s’il fut inhumé à Bussière, sa dépouille disparut avec le cimetière qui, entre 1850 et 1860, fut transféré de la place de l’église à son emplacement actuel. Là ou ailleurs, Chaumareys finit dans une fosse commune ou dans un ossuaire.
Malheureusement, son fils, Charles († 1844), subit de plein fouet l’impact de l’affaire. Sans doute à cause de son nom lourdement chargé, il ne réussit pas à intégrer la Marine. Maire de Bussière (1826-1830), il ne parvint pas à trouver un autre emploi. Après avoir hérité les dettes paternelles et emprunté des sommes colossales, il se suicida à Lachenaud quand il apprit que la demeure et son mobilier étaient saisis. Sa femme décéda la même année, laissant cinq orphelins.
►CORRÉARD Alexandre (1788 - 1857)
Très probablement le cimetière d’Avon (Seine-et-Marne)
Ingénieur hydrographe et géographe, c’est à ce titre qu’il embarqua à bord de La Méduse. Il fit partie des survivants du radeau. Géricault le représenta près du mât tendant le bras vers le bateau sauveur.
À son retour en France, pour avoir publié sans autorisation, avec Savigny, Le Naufrage de La Méduse, il perdit son poste d'ingénieur de la colonie de Cayenne. Qu’à cela ne tienne ! Il s’installa comme éditeur et libraire à l’enseigne Au naufrage de la Méduse et réédita l’ouvrage. Hostile à Louis XVIII, membre de la Charbonnerie visant à le renverser, éditeur de ses propres pamphlets et de ceux des hommes de lettres et politiciens qui partageaient son opinion, il connut une série de condamnations à l’emprisonnement avant que ne lui soit retiré son brevet de libraire en 1822 avec la saisie de son fonds de commerce et ses 8000 volumes. Ce qui ne l’empêcha pas de fonder le Journal des sciences militaires (1825) et le Journal du Génie civil, des sciences et des arts (1828). S’intéressant aux chemins de fer, il dessina les plans de plusieurs gares, dont celle d’Austerlitz à Paris.
Retiré dans sa propriété, dite l’Abbaye des Carmes, aux Basses-Loges, à Avon (1847), après s’être vainement présenté aux élections de 1848, il y resta jusqu’à la fin de ses jours Abbaye des Carmes, aux Basses-Loges, près de Fontainebleau. Il est dit y avoir été inhumé, ce qui serait le plus logique. Malheureusement, aucune trace de son inhumation n’a été retrouvée dans les archives de la ville. Donc, soit pour une raison ignorée, sa dépouille fut enterrée ailleurs, soit elle ne fut tout simplement pas transférée dans le nouveau cimetière d'Avon après la disparition, en 1880, de celui qui entourait l’église.