Fils de baronnet, éduqué sévèrement tant par son père qu’au prestigieux collège d’Eton, où sa santé fragile et sa beauté efféminée en firent le souffre-douleur de ses camarades, Percy se réfugia dans les études en apprenant à lire Lucrèce dans le texte latin, et en se passionnant pour la chimie et l'occultisme. « Shelley le fou » ou « Shelley l’athée », comme on le surnommait, intégra Oxford dont il fut exclu pour avoir publié une brochure, De la nécessité de l'athéisme (1811), et refusé de se rétracter. Renié par son père, il s’installa à Londres, s’enticha de la fille d’un riche hôtelier qu’il épousa, et se lança tête baissée dans la politique prêchant, notamment, l’insurrection en Irlande. Percy, le libertaire, dont les écrits révolutionnaires, Declaration of Rights et The Devil’s Walk (1812), attirèrent l’attention des autorités. Inscrit sur les listes de suspects, pour se soustraire à des poursuites, il se déplaçait constamment d’un bout à l’autre du Royaume-Uni, mais trouva le temps de publier son premier grand poème philosophique, Reine Mab (1813), ainsi que Réfutation du Déisme (1814) qui prenait fait et cause pour l'athéisme.
Dans le même temps, épris de la jeune Mary, fille du philosophe William Godwin (1756-1836), il lui fit un enfant ainsi qu’à sa femme dont il se sépara après un séjour en France et en Suisse où il rencontra Lord Byron. Dans une forme éblouissante et inspiré, il publia Défense de la poésie et Alastor ou l'Esprit de la solitude (1816).
A cette période florissante succéda celle des drames et des embarras : sa femme se noya, peut-être un suicide, et il se vit refuser la garde de ses deux enfants confiés à sa sœur. C’est pourtant de cette époque que datent deux chefs-d'œuvre, deux des plus purs morceaux de poésie de la littérature anglaise : Laon et Cynthia ou la Révolution dorée et La Révolte de l’Islam (1818).
Il épousa Mary Godwin et quitta l’Angleterre sans espoir de retour. Etabli en Italie, où il retrouva Byron, il parcourut Florence, Naples, Venise, Rome. En voyageant, le couple s'entourait aussi d'un cercle d'amis et de connaissances qui se déplaçait souvent avec eux. Percy écrivait et donna naissance à d’autres chefs-d’œuvre : Prométhée délivré (1820), sublime envolée sur le thème de la rédemption de l’humanité ; L'Ode au vent d'ouest, que beaucoup considèrent comme son plus beau poème ; le lumineux Adonaïs(1821), élégie sur la mort de John Keats ; etc.
L’aventure italienne apporta aussi son lot de chagrin avec la perte de deux enfants : Clara († 1818) et William († 1819).
Extase, vertige, tourbillon de la vie et activité intellectuelle prodigieuse malgré la tuberculose qui le rongeait. Percy avait découvert les plaisirs nautiques. Avec un de ses amis, Edward Williams, il construisit un petit voilier pour traverser le golfe de Livourne. Le 8 juillet, ils embarquèrent accompagnés d’un jeune mousse : fatale imprudence face à la mer agitée. Une tempête, comme le poète en avait tant courtisée à sa façon, submergea le voilier. Dix jours plus tard, les trois corps étaient rejetés sur la grève. A la manière antique, on dressa un bûcher sur la plage de Viareggio, à mi-chemin entre Livourne et Lerici, dans lequel disparut la dépouille Percy Shelley en présence de Byron, de Leigh Hunt (1784-1859), l'ami de Keats, et du romancier Edward John Trelawny (1792-1881).