Rétabli, il fut envoyé à l’armée des Pyrénées-Orientales avant de retourner, pour la conquête du Piémont, à celle d’Italie (1796), avec laquelle il s’illustra à maintes reprises : à Loano, sur le Tanaro, à Peschiera, Cerea, etc. Remarqué pour son audace par Bonaparte, qui le nomma général de division, il détermina le succès de la bataille de Montello, puis soutint le feu des Autrichiens à Marengo, acte héroïque qui permit la victoire et récompensé par un sabre d’honneur.
Auréolé par les titres de gloire glanés lors de la campagne d’Italie, il fut envoyé comme ambassadeur au Danemark avant de rejoindre la Grande Armée comme chef de l'état-major général du 5e corps, commandé par le maréchal Lannes (1806). Présent à Saafeld, Iéna, Graudentz, il contribua largement à la victoire Friedland (1807) ce qui lui valut son bâton de maréchal la même année.
Chargé du gouvernement de la Prusse après le traité Tilsitt, créé duc de Bellune (1808), Victor reprit le chemin des champs de bataille lors de la campagne d’Espagne où, à ses multiples succès, il ajouta la prise énergique de Madrid. Cependant, si les berlinois avaient apprécié sa gestion honnête de la Prusse, les Espagnols conservèrent un souvenir ému des excès de ses troupes. Après avoir été repoussé par les Anglais de Wellington, un de ses rares échecs jusqu’à présent, il quitta l’Espagne pour prendre une part active à la campagne de Russie, puis à celle d’Allemagne où il contribua à la victoire de Dresde. Il était de toutes les batailles de la campagne de France (1814), quand il se vit reprocher son arrivée tardive à Montereau par Napoléon qui le destitua de son commandement. Proposant alors de servir comme simple soldat, l’Empereur, touché, le plaça à la tête de deux divisions de la garde impériale.
Rallié aux Bourbons après l’abdication de Napoléon, il leur resta fidèle pendant les Cent-Jours et trouva plus prudent de rejoindre Louis XVIII à Gand. A la Seconde Restauration, nommé major-général de la Garde royale et fait pair de France, il fut de ceux qui votèrent la mort du maréchal Ney, vote qu’il regretta amèrement jusqu’à la fin de sa vie. Ministre de la Guerre (1821-1823), il prépara l'expédition d'Espagne mais, finalement, n’étant pas agréé à y participer, il reprit son portefeuille de ministre d’Etat et entra dans le conseil privé du roi. Membre du conseil supérieur de la guerre (1828), il refusa de se rallier à la monarchie de Juillet (1830) et s’opposa à Louis-Philippe.
Exclu de la Chambre des pairs, miné par les souffrances dues à ses blessures, deux fois veuf et ayant eut la douleur de perdre au moins six sur neuf de ses enfants, le maréchal Victor s’éteignit. En même temps que l’extraordinaire épopée napoléonienne, il avait remarquablement signé la sienne. Il alla rejoindre d’autres gloires au cimetière du Père-Lachaise où il fut inhumé.
Sa tombe, plus excatement un mausolée, se compose d’un imposant piedestal surmonté d’un tombeau en forme de sarcophage orné d’une couronne ducale posée sur un coussin, et des armoiries du défunt.