Perfectionniste, elle pouvait travailler plusieurs années ses tableaux avant de les exposer. Autodidacte, dessinant depuis l’adolescence, le trait agile et expressif, réaliste, elle ne décorait pas, elle s’exprimait.
Passant pour une folle, voire une prostituée dans le milieu artistique de l’époque, à ce prix Suzanne réussit à conquérir l’émancipation féminine et sociale.
Après avoir épousé (1896) et divorcé (1909) d’un riche agent de change, Paul Moussis, elle rencontra André Utter, un ami de son fils Maurice avec lequel il peignait. Il affichait vingt-et-un ans de moins que Suzanne, mais qu’importe. Ils se marièrent en 1914. Installés ensemble, de 1909 à 1926, Suzanne, Maurice et André formèrent un « trio infernal » qui marquèrent les esprits de butte Montmartre par leurs tensions, passions et énergie créatrice. Quand Suzanne comprit que la veine artistique de son fils s’épuisait, elle relança sa propre carrière qu’elle avait mis de côté pour imposer celle de Maurice.
Femme moderne sa peinture l’est tout autant. Elle s’éteignit entourée ses amis peintres André Derain, Pablo Picasso, Georges Braque et Georges Kars (1880/1882 – 1945) qui dessina son ultime portrait ce jour-là sur son lit de mort.