Et pourtant, paradoxalement, c’est à sa rivale que Catherine dut d’être restée unie à Henri. De la part de Diane de Poitiers, il ne s’agissait pas d’un excès de bonté mais plutôt d’une bonne dose de bons sens. Il valait mieux pousser le roi dans la couche conjugale d’une femme qu’il n’aimait pas, plutôt que de prendre le risque de se voir répudier et remplacer par une petite merveille dont il aurait pu tomber amoureux. On sait ce que l’on perd, mais pas ce que l’on gagne ! Moyennant cette « bienfaisante » attention, Catherine donna naissance à dix enfants. Quand on pense que bien des années auparavant, son peu empressé d’époux avait retenu la stérilité comme motif pour une éventuelle répudiation !
Si la mort brutale d’Henri II la frappa douloureusement, elle lui permit de prendre sa revanche sur son insupportable rivale et de pouvoir, enfin, endosser le rôle à sa mesure que lui a destiné l’Histoire.
La courte durée de vie de ses trois fils, conjointement à sa longévité, permirent à Catherine durant trente ans, presque jour pour jour, de couvrir moralement les règnes de François II, Charles IX et à quelques mois près celui d’Henri III même si ce souverain s’octroya une indépendance vis à vis de sa mère que ne connurent pas ses frères.
Au nom de l’originalité historique, on ne peut défaire une réalité : Catherine, mi-ange mi-démon pour le royaume de France, demeure une des plus grandes personnalités de notre Histoire.
C’est à son nom que sont rattachées les heures sanglantes des guerres de Religion. C’est à son nom qu’est rattaché le sentiment d’une louve défendant toutes griffes dehors le patrimoine de ses enfants utilisant tous les moyens pour y parvenir, car c’est aussi à son nom qu’est rattachée l’ombre menaçante des philtres en tous genres, des poisons et des prédictions effrayantes.
C’est bien à elle aussi qu’est rattaché le souvenir d’intrigues et d’assassinats dans les sombres couloirs de notre passé et dont la littérature s’est emparée avec délectation, imprimant dans notre mémoire une époque où l’esprit de Dieu semble s’être égaré dans les desseins humains.
Catherine et ses fils c’est le rouge du sang, c’est l’or du faste et d’une cour brillante. Catherine et ses fils c’est huit guerres civiles où faire coexister deux religions relève alors de la gageure.
Catherine et ses fils ce sont les Valois qui disparaissent mais un Etat qui demeure.