Mais dès qu’il arriva à Berlin, il se révéla un personnage grossier en général et très obscène avec les femmes en particulier. Vite devenu une véritable calamité pour Hitler, ce dernier confina son « plus ignoble parent » dans des travaux subalternes de comptable.
Ce traitement étant loin de ses espérances, William P. osa brandir une menace contre son oncle si on ne faisait pas davantage cas de sa personne. Craignant ce que son « répugnant neveu » ne veuille relancer la polémique sur ses éventuelles origines juives, aussi invraisemblable que cela paraisse, le chantage fonctionna. S’il avait su que William Patrick voulait simplement révéler la bigamie de son père, qu’aurait-il fait ?
Grâce à ce quiproquos, William P. sortit indemne de sa provocation à laquelle son oncle répondit sous forme d’ultimatum : ou il abandonnait sa citoyenneté britannique et il obtenait une fonction au sein du IIIème Reich ou alors… C’était en 1939. Le sous-entendu était clair. William P. se montra plus perspicace que son père et s’enfuit pour rentrer en Angleterre. L’accueil y fut tellement réfrigérant que, sous l’égide de William. R. Hearst, il se réfugia avec sa mère aux Etats-Unis où il sut exploiter la situation et son nom.Durant des mois, il effectua une série de conférences mettant en garde contre le nazisme, qui eurent beaucoup de succès. Mais, quand à leur tour les Etats-Unis rentrèrent en guerre fin 1941, il lui fallut bien trouver autre chose.
En 1942, il demanda au président Roosevelt l’autorisation de s’engager dans la US Navy ce qui lui fut accordé en 1944. Et les actualités cinématographiques de relayer la nouvelle !
En 1946, William Patrick Hitler disparaissait pour toujours dans l’anonymat le plus complet ou presque. On sait par exemple qu’entre 1951 et 1969, après avoir étudié dans une école de médecine, qu’il travailla sous le nom de William C. Patrick III pour les laboratoires Fort Detrick, spécialisés dans la recherche des armes biologiques ; il utilisa cette formation pour installer son propre laboratoire d’analyses sanguines pour les hôpitaux.
Bref, c’est sous le nom de Stewart-Houston puis de Stuart-Houston que le neveu d’Hitler vécut à Patchogue Long Island avec sa femme Phyllis (1923 - 2004) et ses quatre fils.
Le 14 septembre 1989, un de ses fils, Howard (né en 1957), qui était agent spécial pour le fisc, trouva la mort dans un accident de voiture alors qu’il était assigné à comparaître dans le cadre d’une enquête sur une affaire de blanchiment d’argent à New-York. Il était marié mais n’avait pas d’enfant.
Quant aux trois autres, Alexander Adolf (né en 1949), Louis et Brian, leur mère raconta à un journaliste lors d’une brève interview, que pour ne pas risquer d’engendrer un monstre comme leur grand oncle, ils avaient fait un pacte par lequel ils renonçaient à avoir des enfants. Ce que nia Alexander Adolf : « Peut-être que mes frères l’ont fait mais pas moi ». Il est travailleur social et les deux autres jardiniers à Patchogue.
Par contre, pour on ne sait quelle raison, leur père donna « Adolf » comme second prénom à son fils aîné. Le choix de ce prénom est une des nombreuses contradictions de la fascinante saga de cette famille dans ses tentatives d’échapper à leur nom. La plus étonnante étant le choix de leur pseudonyme : Stuart-Houston. Surprenant hasard quand on sait que l’auteur anglais Stuart-Houston Chamberlain est particulièrement connu pour son idéologie anti-sémite…
Autant d’interrogations qui trouveront peut-être une réponse quand le livre que les frères écrivent sera édité. Entre autres, le chantage de leur père fait à son oncle devrait y être évoqué.
A sa mort, William Patrick Hitler rejoignit sa mère, Bridget (1891- 18 novembre 1969), dans l’anonymat auquel il aspira une bonne partie de sa vie. Sa famille avait d’abord songé à laisser sa tombe sans aucun nom, mais finalement décida de l’inhumer à 9 miles au nord de Patchogue sous le pseudonyme qui lui avait apporté la paix.