La Révolution et leur destin ayant appelé les frères Robespierre à Paris, Charlotte les y rejoignit et s’installa chez Maximilien demeurant alors chez les Duplay. C’était compter sans Mme Duplay qui couvait jalousement son « grand homme » de locataire de sorte, qu’au bout du compte, Charlotte se retrouva seule et rejetée.
A l’arrestation de Maximilien et d'Augustín, plutôt que d’aller clamer son désespoir à la Conciergerie, Charlotte préféra se cacher. Découverte, on l’arrêta et, devant le danger, elle les renia lamentablement avec une déconcertante désinvolture en racontant comment ils l’avaient chassée « qu’elle avait failli être leur victime », etc. Charlotte sauva ainsi sa tête et plongea rapidement dans le plus extrême dénuement et l’amertume. Ah! Si l'histoire avait pu s'écrire autrement, qu'elle destinée elle aurait eu !
Elle avait trouvé refuge chez des compatriotes, les Mathon ; lui était tanneur. On s’étonna de la voir pensionnée par les thermidoriens, l’Empire, Louis XVIII et la monarchie constitutionnelle. En fait, chacun de ses épisodes de l’histoire lui achetait son reniement : faire attester par la propre sœur de Robespierre que ce grand-prêtre de la Révolution était un monstre valait bien un petit effort. Cette rente la mit à l’abri du besoin et elle vécut alors sans histoire en restant muette sur le passé. Dans son petit logis de l’actuelle rue de la Pitié, Charlotte avait suspendu les portraits de ses frères et une miniature de Joséphine de Beauharnais et écrivit ses Mémoires.
Depuis bien des années, Charlotte Robespierre vivait sous un nom d’emprunt : Mme Carraut.
A sa mort, ce fut l’émoi dans son quartier quand on apprit sa véritable identité. Il fallut que deux témoins allassent chez le notaire pour l’attester.
« Une affluence considérable de patriotes » la conduisit au cimetière Montparnasse. Sur sa tombe, on prononça un discours dont le passage qui suit est à citer : « Non, vertueux et infortuné Robespierre, ta sœur ne t’a point renié…Sœur de Maximilien Robespierre, arrache-toi, pour un instant des bras de la mort, apparais-nous encore une fois, et dis-nous si jamais, dans ta pensée, ton bon et malheureux frère a cessé d’être révéré et chéri, et si jamais tu as cessé de rendre hommage à ses vertus… »
Charlotte Robespierre fut inhumée le surlendemain de son décès au cimetière alors nommé du Sud, actuel cimetière du Montparnasse. Cinq ans plus tard, la concession acquise par Mlle Mathon n’étant que temporaire, la tombe disparut et ses restes déposés aux Catacombes où les rejoignirent ceux de ses frères lorsque le cimetière des Errancis fut vidé de ses ossements.