La révision
En 1800, le dénommé Dubosq, fut enfin arrêté. Pour le ministère de la Justice, c’était peut-être l’occasion de réhabiliter Lesurques. Il faudrait qu’il avoue et que, affublé d’une perruque blonde, les témoins le reconnaissent. Peine perdue. Dubosq ne fut pas formellement identifié. Le doute, en la défaveur de Joseph persista. Dubosq fut guillotiné s’en rien avoir révélé.
Enfin, on arriva à l’arrestation de Roussi, dernier membre de l’équipe et cité par ses complices et des témoins. Il innocenta Joseph.
Tout au long du 19ème siècle, on ne compte plus les ouvrages reprenant l’affaire, épluchant le dossier qui en arrivent tous à la même conclusion : Joseph n’était pas coupable. Parmi les plumes et plaidoyers célèbres en sa faveur, Alphonse Karr écrivit en 1885 « Messieurs les assassins ».
Une réforme permettant la révision des procès, même lorsque le condamné a été exécuté, fut approuvée en 1867. La mémoire de Lesurques n’en bénéficia pas car la Cour de cassation considéra que la culpabilité d’un des coupables Dubosq n'était pas incompatible avec celle de Lesurques et qu’aucun élément ne justifiant pas son exécution n’a jamais pu être présenté. L'arrêté de la cour de décembre 1868 clôtura définitivement l'affaire sur le plan judiciaire. Néanmoins, la spoliation de biens de Lesurques, habituelle en cas de condamnation à mort, fut révoquée et ses biens rendus à ses héritiers.
1987. Près de deux siècles plus tard
Question posée et publiée dans le JO Sénat du 15/10/1987 - page 1619
"M.Pierre-Christian Taittinger demande à M. le garde des sceaux, ministre de la justice, s'il existe des éléments nouveaux qui permettraient d'introduire une demande en révision concernant les personnes reconnues auteurs de crimes dans " l'affaire du Courrier de Lyon ". La peine capitale prononcée successivement contre six accusés alors que quatre seulement ont participé à l'agression et aux assassinats ne constitue-t-elle pas, en elle-même, un fait qui a sans doute entraîné le ministère de la justice, au cours des années, à revoir l'ensemble de ce dossier ? Existe-t-il des documents inédits qui n'aient pas été publiés et qui, maintenant, pourraient être portés à la connaissance du public ?"
Réponse du ministère de la Justice publiée dans le JO Sénat du 07/01/1988 - page 19
"La révision de certaines des condamnations prononcées dans le cadre de l'affaire dite du « Courrier de Lyon » serait envisageable sur le plan théorique. De telles requêtes ont déjà été présentées par le passé au garde des sceaux. Elles se sont toutefois heurtées aux difficultés rencontrées pour l'examen au fond de la valeur des témoignages, notamment de ceux recueillis en faveur de l'innocence de Lesurques postérieurement à la condamnation de ce dernier. Les services de la chancellerie ont pu constater que les archives nationales ne détenaient que des éléments incomplets et qu'il n'était pas possible de rassembler l'ensemble des cinq procédures criminelles qui se sont déroulées dans cette affaire de 1796 à 1804. Par ailleurs, surmonterait-on ces difficultés, et parviendrait-on à reconstituer les éléments indispensables à l'instruction d'une éventuelle révision, qu'on ne saurait pour autant préjuger du sort d'une telle procédure. L'affaire du Courrier de Lyon fait l'objet en effet d'appréciations contradictoires et il est très douteux que l'innocence - peut-être effective - de Joseph Lesurques puisse, eu égard au nombre des charges qui pesaient sur ce dernier, être judiciairement constatée."
Des historiens pensent que Joseph Lesurques était peut-être présent sans pour autant avoir participé aux crimes mais, que dans ce cas, il aurait dû bénéficier du doute à son sujet.
Joseph fut inhumé dans le carré des supplicié du cimetière Sainte-Catherine où sa sépulture a disparu depuis bien longtemps.
Dans la 8ème division du Père-Lachaise, la tombe de sa femme, Jeanne Aimée, conserve la mémoire de ce drame. Jeanne, atteinte de folie, décéda en 1842 à l'âge de 82 ans. Avec elle reposent sa fille, Mélanie, qui se suicida en 1846 à l'âge de 56 ans, et son gendre, Fortuné d'Anjou.