Tout cela n’empêchera pas Guillotin, alors secrétaire de section à la Halle au blé, d’être arrêté pour des écrits contraires aux lois de l’époque, puis d’être relaxé.
Fuyant sa sinistre notoriété, que lui a apportée le journal Les Actes des Apôtres* , en lançant pour la première fois le terme « guillotine », il devient médecin militaire pour l’armée du Nord.
Libéré avec l’arrivée de l’Empire, il retrouve sa clientèle et soigna avec acharnement un nouveau fléau : la variole. Il s’adresse au pape Pie VII pour que celui-ci diffusât la vaccine dans tout le monde chrétien. Cela fut fait et la variole recula.
Quand en ce jour de mars 1814, Bourru, le bien nommé, doyen de la faculté de médecine et le meilleur ami de Guillotin, contraint par les circonstances de rendre un bref hommage au défunt, énonça : « Malheureusement pour notre confrère, sa motion philanthropique lui a attribué beaucoup d’ennemis tant il est vrai qu’il est difficile de faire du bien aux hommes sans qu’il en résulte pour soi quelques désagréments », Guillotin dut se retourner dans son cercueil !
Lui qui n’avait jamais assisté à la moindre exécution, qui refusa toujours qu’on prononçât devant lui le nom adopté pour la machine et qui passa à la postérité au titre d’une gloire que personne ne lui envie à commencer par lui-même.
Guillotin fut donc inhumé au Père-Lachaise. Mais, sa tombe, que l’on suppose, par erreur, avoir été à proximité du tombeau d’Héloïse et Abélard, a disparu depuis longtemps. En réalité, grâce à des investigations très rigoureuses de Marie Beleyme (http://perelachaisehistoire.fr/), on peut avancer avec certitude qu'elle se trouvait dans la division 8. Les circonstances n’ont sans doute pas permis de transformer la concession provisoire en sépulture digne de ce nom pour cet humaniste sincère.
*Il semble que Louis de Champcenetz, membre de l’Académie française et rédacteur de la revue royaliste Les Actes des Apôtres, ait lancé le nom de "guillotine" :
Le Romain
Guillotin
Qui s’apprête
Consulte gens du métier
Barnave et Chapelier
Même le coupe-tête
Et sa main
Fait soudain
La machine
Qui, simplement, nous tuera,
Et que l’on nommera
Guillotine
Le 5 thermidor An II (23 juillet 1794) Champcenetz en faisait hélas les frais !
Sources : En 1999, faisant des recherches aux Archives de la Police de Paris, j'avais trouvé un livre ancien sur Guillotin dont je me suis inspirée en bonne partie pour cet article. Malheureusement; impossible de retrouver le nom de l'auteur jeté sans doute avec mes notes de l'époque.