À la fin de sa vie, Monet souffrait d'une cataracte qui altéra notablement sa vue. Il fut opéré de l'œil droit dans les difficiles conditions de l'époque. Affecté par les modifications de ses perceptions visuelles consécutives à l'opération, il renonça à toute intervention sur son œil gauche. La maladie évoluant, elle eut un impact croissant sur ses derniers tableaux.
Il avait vécu à Giverny 43 ans soit la moitié de sa vie, la moitié la plus inspirée, la plus productive, celle qui lui conféra reconnaissance mondiale et gloire.
Le 5 décembre 1926, par un froid matinal, Claude Monet s’éteignit. Toute la nuit, sa belle-fille Blanche (fille d’Alice) était restée au chevet du mourant. Depuis la mort d'Alice, Blanche Hoschedé veillait sur Monet. Blanche se dirigea vers l’un des ateliers où elle décrocha un rideau de cretonne à motifs de fleurs dont elle recouvrira le cercueil. Surtout pas de drap noir ! Le noir, pour Monet n'est pas une couleur ! En présence Georges Clemenceau, son grand ami, qui tentait de surmonter sa douleur, Claude Monet fut mené au petit cimetière de Giverny sur une simple charrette paysanne poussée par deux villageois.
Depuis, il repose avec plusieurs membres de sa famille à l'ombre du clocher de Sainte-Radegonde dont il faillit quitter lla tranquillité pour se faire inhumer au Panthéon !
Monet au Panthéon!
En 2009, profitant de l'effervescence provoquée par la grande rétrospective “Monet“ qui devait se tenir en 2010, le marchand d'art Guy Wildenstein tenta de convaincre Nicolas Sarkozy de la "panthéonisation" de Monet sous prétexte qu'il n'avait pas reçu les honneurs qu'il méritait.
A la mort de Michel, dernier fils de Claude Monet, l'Institut de France, I'Académie des Beaux-Arts, le musée Marmottan précisément, héritèrent de "tout Monet" ; non seulement des toiles qui restaient, les siennes et celles de sa collection, évaluées à 7 milliards d'anciens francs, mais encore de la maison de Giverny, des ateliers, du jardin et du bassin aux nymphéas.
Extrait de l'article paru dans le n°318 du Journal des Arts signé par Maureen Marozeau
"Hugues Gall, directeur de la Fondation Claude-Monet, créée par l'Académie des beaux-arts et chargée de la gestion des biens et du droit moral du peintre, s'opposa fermement à ce transfert. Soutenu par le maire et les habitants de Givemy, Hugues Gall défend la mémoire du peintre, lequel « n’aurait pu imaginer que sa dépouille, repose ailleurs qu'à Giverny». Et de rappeler que plus de 500 000 admirateurs font chaque année le pèlerinage pour visiter la propriété et les jardins du peintre, avant d’aller se recueillir sur sa tombe.
Et quand bien même l'Académie venait un jour à changer d'avis, le dernier mot revient aux héritiers de la famille Hoschedé. Comme nous l'ont indiqué les services funéraires de la Ville de Paris, ceux-ci, propriétaires de la concession de Givemy, peuvent parfaitement s'opposer à l'ouverture de la sépulture. Arrière-petit-fils d'Ernest et Alice Hoschedé, le critique d'art Philippe Piguet rappelle que, lorsque la propriété de Giverny est tombée dans l'escarcelle de l'Académie des beaux-arts, le conservateur des lieux, Gérald Van der Kemp, souhaitait transformer la tombe familiale en “un monument à Monet“. A l'époque, la famille avait eu recours aux d’un huissier de justice pour faire valoir ses droits. Au-delà de ces querelles juridiques, Philippe Piguet s'étonne que la famille n'ait pas été approchée par Guy Wildenstein : « Ce qui me surprend le plus est que les partisans de ce dossier n'ont pas saisi la personnalité de Monet. Il n'était pas du tout intéressé par les honneurs. N’oublions pas qu'il avait refusé que son ami Clemenceau lui remette la Légion d'honneur. Et qu'il n'avait pas répondu à l'invitation de l’Institut de France à succéder à Luc-Olivier Merson pour siéger à l'Académie des beaux-arts, (NDLR)". L’affaire semble donc bien compromise et devrait s'éteindre tel le feu de paille de 1999. « Givemy est un tout. Ce lieu raconte une histoire très forte. Cette intimité familiale est si bien ressentie par les visiteurs», conclut Philippe Piguet. À ceux qui estiment que Monet, comme son œuvre, finira par tomber dans le domaine public, le critique d'art répond qu'il «n'appartient pas aux gens mais à l’histoire». C'est sans doute ce qu'avait fini par comprendre Gérald Van der Kemp, qui a lui-même choisi de reposer au cimetière de Giverny, à une dizaine de mètres de CIaude Monet.