Débrouillard, intelligent et diplomate ce Gascon avait tout pour devenir un courtisan apprécié. Il devint le chargé d’affaires du baron de Breteuil. Habile spéculateur pour les autres, il le fut aussi pour son propre compte. C’est ainsi que, profitant d’un délit d’initié sur les actions de la Compagnie des Indes, il se fit une belle fortune qu’il investit d’une manière judicieuse dans différents biens immobiliers. Grâce à l’appui de ses protecteurs, et surtout à celui de Breteuil, il fut anobli et put intégrer le régiment des Dragons de la Reine.
L’habile financier
Elu député de la noblesse pour les Etats Généraux, sa réputation de financier avisé lui permis de devenir spécialiste des questions financières à l’Assemblée et d’en présider le comité de liquidation. Aucun comité d’assemblée ne revêtait alors autant d’importance que celui de liquidation parce que, touchant à tout, il pouvait tout paralyser. Batz l’avait bien compris. Il s’avère que sa gestion fut plus profitable à la contre-révolution, à ses amis et à d’autres spéculateurs qu’à la Nation.
Sa position lui permis de financer la politique parallèle et secrète de Louis XVI tant qu’il demeura aux Tuileries, allant jusqu’à prêter au roi des sommes conséquentes sur ses deniers personnels. Robespierre était ignorant en matières financières mais pas stupide. Le pouvoir rassemblé entre les mains de Batz l’inquiétait mais il ne pouvait le remplacer.
Le comploteur
A plusieurs reprises Batz fut accusé d’être le chef de complots ou au moins d’y participer activement. Les deux plus célèbres sont le projet d’enlèvement de Louis XVI sur le chemin qui le menait à l’échafaud et d’avoir tenter de faire évader Marie-Antoinette du Temple. Il y a probablement songé, mais aucun document n’ayant jamais été retrouvé permettant d’étayer ces projets, au grand dam de ses accusateurs, la question reste posée.
En revanche, ce qui apparaît comme certain est son opportunisme pour obtenir les papiers prouvant qu’il n’était pas un émigré, ce que ses voyages, entre mars 1792 et janvier 1793, ainsi que de vrais et faux passeports pour circuler, pouvaient laisser supposer.
Robespierre avait fini par mettre sa tête à prix, mais ne l'obtint pas car le baron était non seulement intelligent mais avait aussi de la chance.
Il fut arrêté deux fois : lorsqu’il prit part à l’insurrection du 13 vendémiaire et lors du coup d’Etat du 18 fructidor An V. Dans le premier cas, grâce à des amies, on ne trouva aucun document compromettant à son domicile et il fut libéré. Dans le second il s’évada et s’enfuit en Suisse.
De retour en France, honoré par Louis XVIII pour ses services, Batz abandonna ses activités politiques pour s’occuper de son domaine de Chadieu jusqu’à ce que la maladie l’emportât.
Inhumé dans l’ancien cimetière d’Authezat, son cercueil et sa pierre tombale furent transportés dans le nouveau cimetière en 1854 où sa tombe est toujours visible.