Avoir comme protecteur le trublion Gaston d’Orléans avait ses avantages mais aussi beaucoup d’inconvénients. Ainsi, durant les multiples disgrâces du frère de Louis XIII, le fidèle Voiture partagea-t-il les mille et une aventures de son maître, ses vaines batailles et ses exils. Après la Journée des Dupes (1630), il suivit Gaston en Lorraine puis dans le Languedoc. Ses épîtres qu’il envoyait étaient un événement dans le monde des beaux-esprits dont l’avait séparé les évènements.
Se retrouvant guerrier malgré lui, il finit par tirer quelques prérogatives de la situation. Monsieur l’envoya en mission aussi, comme en Espagne (1632) où, bien reçu en qualité de représentant de son Prince, il commença à souffrir de sa santé. Se mêlant peu de politique, il se mit à écrire en espagnol, s’ennuya, voyagea dans le pays dont il découvrit les premières traces de la décadence prochaine.
Après d’autres découvertes en Angleterre et en Flandres et la réconciliation entre le roi et son frère, Voiture rentra en grâce par une jolie lettre sur la prise de Corbie aux Espagnols.
Bien vu à la Cour, où il cumula les offices, il devint membre de l’Académie Française dès sa fondation. En 1638, il alla à Florence annoncer la naissance du fils de Louis XIII et en profita pour voyager. A son retour, après la conjuration de Cinq-Mars où il craignit de perdre ses faveurs, il devint maître d’hôtel du roi et de Madame.
En 1646, il fut reçu membre de l’Académie des humoristes de Rouen.
Possédant au plus haut degré le bel esprit de l’époque, le goût des louanges et un charme tout particulier dans sa conversation, Richelieu et Anne d’Autriche n’échappèrent pas à sa séduction. Le moindre de ses mots, de ses quatrains était célèbre dans une société dont il était l’animateur. Bien que souvent regardé comme le premier écrivain de son temps, se considérant comme un homme du monde et de salon, il ne fit rien imprimer de son vivant. Mais, il savait bien que ses Lettres, qui firent la mode de la prose, étaient lues avec empressement et recherchées avec avidité…
La finesse de son esprit rendit d’incontestables services à la langue française. Il contribua à créer en France l’art de la conversation qui atteignit la perfection chez Mme de Coulanges, Mme de La Fayette et Mme de Sévigné. Ses écrits, poésie, et Lettres ne furent publiés qu’en édition posthume.Souffrant de la goutte, il en mourut après une crise ultime.
Vincent Voiture fut inhumé en l’église Saint-Eustache. L’Académie française toute entière prit le deuil. Il ne reste aucune trace de sa tombe.