Mais, si balbutiante qu’elle fût, sa tentative n’en marquait pas moins un premier pas vers la tragédie classique. Il suffisait à reléguer les mystères dans un passé « gothique » et à fonder véritablement le théâtre moderne français.
Dès vingt ans, il remporta un triomphe avec une tragédie, Cléopâtre captive, et une comédie, Eugène, qu’il interpréta lui-même avec des amis poètes devant devant Henri II. Déjà, il s’attirait l’animosité des dévots catholiques et protestants, en particulier celle de Théodore de Bèze. De nouvelles œuvres le placèrent comme digne et dangereux rival de Ronsard.
Doté de dons multiples, se faisant architecte, peintre, sculpteur, etc., il organisait des fêtes et des mascarades qui marquèrent ses contemporains. En 1558, ce fut d’ailleurs à l’occasion de l’une d’entre elles qu’il dépensa des sommes folles que les gratifications obtenues par ses vers parvinrent difficilement à combler.
La même année, une erreur de machinerie, lors d’une fête donnée à l’Hôtel de Ville, semble avoir commencé son discrédit qui se confirma à la mort du roi.
Etienne Jodelle mourut à Paris dans une extrême pauvreté. Le prix de ses funérailles fut avancé par un de ses cousins.
Agrippa d'Aubigné composa une ode intitulée : "Vers funèbres de Th. A. d'Aubigné sur la mort d'Estienne Jodelle, parisien, prince des poètes tragiques". Bel hommage.
Inhumé on ne peut plus simplement en l’église Saint-Germain-l’Auxerrois, il ne reste rien de sa tombe. Ses restes sont peut-être dans l’ossuaire situé dans les combles de l’église.
*La Pléiade est un groupe de sept poètes français du 16ème siècle, composé de Pierre de Ronsard, Joachim Du Bellay, Etienne Jodelle, Rémy Belleau, Jean-Antoine de Baïf, Jacques Peletier et Pontus de Tyard. A travers leurs œuvres littéraires et leurs textes théoriques, leur ambition était de renouveler et de perfectionner la langue française, afin de la rendre indépendante d'autres idiomes alors plus « nobles » comme le latin. Le but politique était de participer à l'unification de la France par le biais de la langue française, sur le modèle mais aussi en rivalité avec l'italien, qui avait entamé un processus similaire un peu plus tôt.