Poète à la Cour, conseiller et aumônier ordinaire du roi, le temps passait au rythme de ses nombreux écrits parfois témoins des démêlées politiques de son époque.
Mais ne retenons ici que le poète qui assignait au métier du vers la plus haute et la plus religieuse des fins.
Ses odes, publiées en 1552, comprenant le célébrissime Mignonne, allons voir si la rose ainsi que Les Amours de Cassandre, lui valurent une gloire immédiate et ne faillit jamais. Aimé des rois, même lorsqu’il se retira de la Cour, Elisabeth Ire lui adressa des présents.
Vers 1572, Ronsard sentit cruellement les atteintes de la maladie et de l'âge. Il dut quitter la Cour, pour soigner la goutte, très douloureuse, qui le fit tant souffrir pendant les douze dernières années de sa vie. Il se rendit à Croix-Val, qui était sa demeure ordinaire et qu'il aimait pour le voisinage de la forêt de Gastine et de la fontaine Bellerie qu'il a tant célébrées.
Il n'allait plus à Bourgueil où il avait tant aimé chasser, ni à Meudon et Saint-Cloud dont il goûtait la fraîcheur charmante. Quand il venait à Paris il logeait chez son ami Galland, docte personnage, directeur de « l'Académie de Boncourt »; pendant son dernier voyage, il resta chez lui, presque constamment couché, de février à juin 1583; il faisait encore quelquefois des vers, car l'Hymne à Hercule est de cette époque.
Ne tenant pas en place malgré son état de santé, il retourna ensuite en Vendômois, se faisant transporter de Croix-Val à Montoire (dans son bénéfice de Saint-Gilles), et dans son prieuré de Saint-Cosme-en-l'Isle.
Prévoyant sa fin prochaine, il composa son épitaphe et vit venir la mort avec beaucoup de calme et de noblesse; il s'entretenait avec Galland et mourut très dévotement, n'ayant l'esprit troublé que d'une envie de dicter qui l'accompagna jusqu'à sa dernière heure au prieuré Saint-Cosme. Les derniers vers qu'il fit sont les deux sonnets où il engagea son âme à aller trouver Jésus-Christ:
"Il faut... chanter son obseque en la façon du Cygne, Qui chante son trespas... J'ay vescu, j'ay rendu mon ame assez insigne Ma plume vole au ciel pour estre signe".
Il fut inhumé dans le chœur de l'église du prieuré. On lui réserva des funérailles exceptionnelles. Deux mois plus tard, le 24 février 1586, Galland fit célébrer, dans la chapelle de Boncourt, les obsèques de Ronsard auxquelles assista l'élite de la société du temps au milieu d'un concours immense de peuple : service et musique de Mauduit, oraisons funèbres, éloges et vers, rien ne manqua à la cérémonie.
*La Pléiade est un groupe de sept poètes français du 16ème siècle, composé de Pierre de Ronsard, Joachim Du Bellay, Etienne Jodelle, Rémy Belleau, Jean-Antoine de Baïf, Jacques Peletier et Pontus de Tyard. A travers leurs œuvres littéraires et leurs textes théoriques, leur ambition était de renouveler et de perfectionner la langue française, afin de la rendre indépendante d'autres idiomes alors plus « nobles » comme le latin. Le but politique était de participer à l'unification de la France par le biais de la langue française, sur le modèle mais aussi en rivalité avec l'italien, qui avait entamé un processus similaire un peu plus tôt.