Au collège de Coqueret à Paris, tenu par Jean Dorat, il découvrit avec joie des gentilshommes qui, négligeant la Cour où leur naissance leur aurait permis de briller, se consacraient à l’étude des Anciens et surtout des Italiens. Autour de Ronsard, ils s’imposaient de préparer une révolution poétique. Dans sa Défense et illustration de la langue française (1549), Du Bellay demandait à rompre avec la vieille poésie de Clément Marot et des rhétoriqueurs. Au surplus, il souhaitait qu’on enrichisse la langue en créant des vocables nouveaux. Ce manifeste fut suivi de L'Olive, chant d’amour en cinquante sonnets, le premier « canzionere » français en sonnets.
D’une santé délicate, en 1550, surmené par une production fiévreuse, il tomba gravement malade et resta plus de deux ans sur son lit de douleur où il ressentit les premières atteintes de la surdité. Lisant les auteurs grecs et latins, et cultivant la poésie pour oublier son mal, les souffrances qui lui avaient arraché des cris sincères et personnels, le mirent en possession de son véritable génie lors de sa douloureuse aventure de Rome où il partit en 1553 comme secrétaire de son oncle, le cardinal Du Bellay.
Après le plaisir vint rapidement la désillusion : au regret de la France s’ajoutèrent les tracas domestiques, la lassitude du spectacle de la Rome pontificale et le dégoût des mœurs romaines. On était bien loin de ce qu'il s'était imaginé au travers des grands auteurs latins !
De retour en France en 1557, dès l’année suivante il publia ses chefs-d’œuvre : Regrets, dont la moitié est consacrée à nous peindre les turpides de Rome ; Antiquité de Rome, où il exalte tout à la fois le sentiment de la grandeur romaine et le néant de toute grandeur ; les Poemata et les Jeux rustiques, etc.
En dépit de ses attaques contre les poètes courtisans, certains de ses écrits témoignent de son désir de s’imposer à la Cour : hommage à Henri II et aux princes, et autres. Mais à la mort d’Henri II (1559), tout fut à recommencer. Pour attirer l’attention du nouveau et jeune monarque, François II, il écrivit un Ample Discours au roi sur le fait des quatre états du Royaume de France, œuvre admirable de fermeté. Inscrit sur la liste des pensionnés, il ne profita guère de ce privilège.
Repris par sa surdité, tracassé, découragé, vieilli avant l’âge, il mourut d’apoplexie, dit-on, en écrivant des vers.
S’il était loin d’avoir la puissance de Ronsard, il possédait une bien grande spontanéité dans ses sentiments et, à ce titre, est souvent considéré comme l’un des plus beaux ornements de son siècle.
Joachim Du Bellay logeait au cloître Notre-Dame, c’est peut-être la raison pour laquelle il fut inhumé dans la chapelle Sts-Crépin et Crépinien (actuelle St-Georges regroupant les chapelles St-Jacques, Sts-Crépin et Crépinien, St-Etienne) de Notre-Dame de Paris. Les travaux de repavement du sol de cette partie de l’édifice, entre 1771 et 1773, firent disparaître sa tombe. Ses ossements se trouvent peut-être encore quelque part sous terre dans une caisse ou un tombeau regroupant les restes de ceux qui virent disparaître leur sépulture en même temps que la sienne.
*La Pléiade est un groupe de sept poètes français du 16ème siècle, composé de Pierre de Ronsard, Joachim Du Bellay, Etienne Jodelle, Rémy Belleau, Jean-Antoine de Baïf, Jacques Peletier et Pontus de Tyard. A travers leurs œuvres littéraires et leurs textes théoriques, leur ambition était de renouveler et de perfectionner la langue française, afin de la rendre indépendante d'autres idiomes alors plus « nobles » comme le latin. Le but politique était de participer à l'unification de la France par le biais de la langue française, sur le modèle mais aussi en rivalité avec l'italien, qui avait entamé un processus similaire un peu plus tôt.