Sous l’influence d’érudits, sa vocation poétique s’affirma tout en mettant au point sa doctrine : sa première mouture de sa fameuse Consolation à M. du Périer, ainsi que ses premières grandes odes, célébrant la prise de Marseille par les troupes royales, inaugura deux formes caractéristiques de son inspiration, morale et nationale. Son Ode de bienvenue présentée à la future reine, Marie de Médicis, lui valut d’être remarqué et recommandé à Henri IV.
Mais le grand virage date de 1605 où, écuyer du roi et gentilhomme de sa chambre, il dut mettre, en contrepartie de ses charges, son talent au service de la monarchie. Dès lors, sa destinée, en même temps que la nature de son œuvre étaient tracées : poète officiel pensionné, il ne cessa de célébrer les grands et petits évènements de la Cour. Si l’on souligne souvent son conformisme religieux et politique on ne peut lui nier un patriotisme sincère et un solide attachement à la monarchie.
Plus que par l'abondance des poèmes, odes ou stances qu'il nous a laissés, c'est la qualité de ses vers qui l'inscrivit au nombre des grands poètes français.
Avec l'âge, sa façon d'écrire des vers se modifia : passant de la magnificence à la sobriété, épurant la langue et délaissant les effets pompeux, il devint le "grammairien des poètes", préférant une technique impeccable aux élans de la sensibilité. Il fut l'un des premiers en Provence à écrire ses poèmes en français et non en provençal. Il condamna les archaïsmes, les provincialismes, les mots vulgaires, les dissonances, et abandonna les allusions aux thèmes antiques que les gens simples ne pouvaient comprendre. Il rechercha avec rigueur des rimes sans défaut et bannit les licences admises par les poètes de la Pléiade comme le hiatus et l'enjambement. Il mit au point, au fil de son œuvre, toute une série de règles précises d'agencement des strophes : sizain d'alexandrins, dizain d'octosyllabes (avec ponctuation à la fin du quatrième vers), coupe à l'hémistiche des alexandrins etc…
"Enfin Malherbe vint, et, le premier en France,...", ainsi lui rendit hommage Boileau dans une formule devenue célèbre.
Reçu dans les salons de la haute société, son succès alla croissant et atteignit son apogée sous la régence de Marie de Médicis durant laquelle il exerça une sorte de royauté de littéraire. Malgré de fervents disciples, on se doute que ce comportement ne lui créa pas que des amis.
Lorsque la reine mère se trouva écartée du pouvoir, il tenta bien de trouver un protecteur en un Richelieu à l’ascension évidente, mais le sort lui réservait une fin de vie bien cruelle.
Pour avoir tué un homme en duel, le seul fils qui lui restait, Marc-Antoine fut condamné à mort puis gracié avant d’être tué dans un nouveau duel en 1627. Vainement, Malherbe supplia-t-il le roi de châtier le coupable. Brisé par le chagrin et la déception, il mourut l’année suivante. Il avait vécu sous six rois et mourait pauvre.
François de Malherbe fut inhumé le lendemain de son décès en l’église Saint-Germain-l’Auxerrois où il ne reste aucune trace de sa tombe. Ses restes se trouvent peut-être dans l'ossuaire de l'église, sous les combles.