RETOUR  SECONDE GUERRE MONDIALE
© Alekk-man
Il rencontra Jean Moulin et s’occupa des détails matériels de son parachutage en France, au cours de la nuit du 1er janvier 1942. En avril, devenu responsable, à Londres, du Bureau de coordinateur des opérations de parachutage et d’atterrissage, les missions furent d’autant plus efficaces qu’en France s’était créé le Service des Opérations Aériennes et Maritimes (SOAM),  service technique acheminant, entre la France et Londres, des hommes, des fonds, des armes, du matériel, sous l’autorité directe de Jean Moulin.
Parallèlement à cette tâche, Larat continua ses entraînements en vue d’une prochaine mission en France. Le SOAM réorganisé prit le nom de COPA (Centre d'Opération de Parachutage et d'Atterrissage) dont Larat devint le chef. Parachuté près de Roanne, Larat, dit Xavier, alias Pierre Parisot,  visita les terrains d’atterrissage et organisa son bureau à Lyon : contacts avec les équipes de résistants sur les lieux choisis, soin de la sécurité des personnalités, conduites à Londres ou de retour en France, convoyées par lui-même, etc.
 
Arrêté dans la maison du Dr Dugoujon à Caluire, le 21 juin 1943, il fut atrocement torturé par les sbires de Klaus Barbie qui voulait en savoir plus sur les opérations de parachutage. Transféré à la prison de Fresnes, entre le 26 et le 30 août, la procédure « Nuit et Brouillard », régime particulièrement cruel, lui fut appliquée : camp de Royallieu près de Compiègne puis déportation au camp de concentration de Buchenwald où il arriva le 29 janvier 1944 avant de partir pour le camp de Dora où, dans des conditions épouvantables, les déportés creusaient les tunnels qui servirent à la construction des bombes volantes V2.
Déjà très affaibli, il ne résista pas au travail de forçat et aux sévices. Il était âgé de vingt-huit ans.  Le crématoire du camp ayant été mis en service à l’automne 1944, sa dépouille fut peut-être jetée dans une fosse.
Libéré en avril 1945, l'administration militaire soviétique érigea un premier monument commémoratif dans la zone du crématoire en 1946. En 1954, fut inauguré un « Monument aux morts du camp de concentration de Dora », transformé dans les années 1960 en « Lieu de mémoire et de commémoration antifascistes » (depuis 1966 « Lieu de mémoire et de commémoration du camp de concentration de Dora », et depuis 1975 « Lieu de mémoire et de commémoration
Mittelbau ») avant d'être pris en charge par le canton Nordhausen.
Plaques apposées sur la maison. © MCP
La chance voulut que le juge allemand soit un "homme digne" (sic Lassagne). Il fit libérer Dugoujon le 17 janvier 1944, en même temps qu’Albert Lacaze. Après des soins, en septembre 1944, il retrouva sa maison de Caluire pillée.
De nombreux habitants lui vinrent alors en aide. Nommé au Conseil municipal le 5 coctobre, très occupé par sa profession, il n'accepta d'être élu maire adjoint qu'en 1953. Parallèlement à cette carrière municipale, il fut élu Conseiller général du département du Rhône, en octobre 1945, où il siègea pendant quarante-neuf ans, mais ne resta député que de 1973 à 1981. Elu maire en 1965 et proche de ses concitoyens,dévoué à la cause publique,  ses différents mandats lui permirent d'obtenir un bilan considérable pour sa ville et sa région. Il décéda entouré de la reconnaissance de tous.
Frédéric Dugoujon fut inhumé dans la sépulture familiale du cimetière ancien de la Guillotière.
MOULIN Jean (1899 – 8 juillet 1943)
Le Panthéon , caveau VI (Paris)
monter quelques marches... © MCP
On voit les hommes s'engouffrer...
En face, le mémorial aux résistants de Caluire-et-Cuire. © MCP
Et le monument à la mémoire de Jean Moulin. © MCP
Discours d'André Malraux devant le Panthéon. INA
INA
Descente des cendres dans le caveau. INA
Plutôt cénotaphe que tombe... © MCP
DUGOUJON Frédéric (1913 – 5 août 2004)
Cimetière ancien de la Guillotière de Lyon (Rhône)
Si la maison qu’il louait n’était pas devenue le centre d’un drame historique, qui se souviendrait du nom de cet homme qui incarne tous les « oubliés de la Résistance » au rôle modeste sans l’aide desquels la Résistance n’aurait pu survivre. Signant des certificats médicaux de complaisance aux jeunes requis du STO, à sa manière le jeune docteur participait à la lutte.
 
Le 21 juin au soir, emprisonné à la prison de Montluc, il fut transféré à celle de Fresnes le 26 pour être jugé par le tribunal allemand de Paris. Les dures conditions de détention affaiblirent son état de santé déjà fragile.  André Lassagne, également prisonnier à Fresnes fit en en sorte de le dédouaner de toute responsabilité dans la réunion de Caluire.
Après des études de droit, Jean Moulin fut détaché au cabinet du préfet de l’Hérault. A vingt-trois ans, il était chef du cabinet du préfet Savoie et, en 1925, devint le plus jeune sous-préfet de France avant d’être nommé préfet d’Eure-et-Loir en 1939.
 
Obligé de conserver son poste malgré sa volonté d’aller combattre, il fut arrêté en juin 1940 par les Allemands parce qu'il refusait de signer une fausse déclaration accusant une troupe de tirailleurs sénégalais de barbarie sur des civils dans un village en réalité victimes de bombardements allemands.
L'homme aux multiples imprudences.
 
Démobilisé en octobre 1940, il tenta en vain de passer en Angleterre. Il rejoignit sa famille dans le Finistère et s’engagea dans un réseau de résistance à Rennes.
L’été 1941, il franchit la ligne de démarcation, traversa la zone Sud pour Marseille où il entra dans le mouvement Combat où il anima les formations paramilitaires. Devenu inspecteur de l’Armée Secrète fin 1942, Aubry, alias Thomas, fut promu « chef de cabinet » du général Delestraint à Lyon, au printemps 1943.
Fin mai 1943, Delestraint souhaita organiser à Paris une rencontre avec les chefs militaires des mouvements de différentes zones en vue du futur débarquement des Alliés. Dans ce but, le 27 mai, Delestraint demanda à Aubry de convoquer René Hardy « Didot », chef du NAP-Fer (Noyautage des administrations publiques-SNCF) en zone sud, à une réunion qui devait se tenir, à Paris, le 9 juin.
 
A Lyon, Aubry dicta à sa secrétaire une convocation non codée (!) destinée à Hardy qu’elle déposa dans la boîte aux lettres réservée à  Hardy et ses adjoints. Malheureusement, un ancien résistant de Combat retourné, et travaillant pour Klaus Barbie, connaissait l’adresse qui devint une souricière. Pire, le rendez-vous du 9 juin était dorénavant connu des Allemands qui n’eurent plus qu’à tendre un guet-apens. Car, là où l’on reste confondu, lors de deux rencontres avec Delestraint,  les 2 et 4 juin 1943, Aubry  négligea de le prévenir. C’est ainsi que le général Delestraint fut arrêté. Aubry n’aurait appris la nouvelle que le 19 juin soit deux jours avant le drame de Caluire.
 
Le 20 juin 1943, à  la demande de Pierre de Bénouville, du groupe Combat, Aubry retrouva René Hardy pour le convier à une réunion demandée par Jean Moulin le lendemain. Contrevenant à la plus élémentaire règle de sécurité, qui interdisait la présence d’une personne non invitée par l’organisateur, il ne prévint pas Jean Moulin de celle de Hardy.
Le 21 juin, il fut arrêté par Klaus Barbie avec les autres dans la maison du Dr Dugoujon à Caluire où se tenait la réunion. Après deux jours de violents interrogatoires, conduit devant un peloton pour un simulacre d’exécution, Aubry finit par désigner Jean Moulin, alias « Max »,  que Barbie n’avait pas encore identifié dans le groupe.
Amené à la prison de Fresnes, il fut  de nouveau longuement et souvent interrogé par la Gestapo.
Il fut  libéré le 20 novembre 1943.A la Libération, Il entra  comme directeur au Ministère des Prisonniers, Déportés et Réfugiés d'Henri Frenay. Il fut témoin aux procès Hardy. Mis en cause par les mémoires de Baumel et de Bourdet, il fut  défendu par Maurice Chevance son ancien patron dans la Résitance.
Il mourut à Asnières-sur-Seine. Mais où fut-il inhumé ? Impossible de trouver le moindre renseignement le concernant (date de cet article) Plutôt étonnant. Si par hasard un lecteur peut apporter des informations, cela sera avec grand plaisir.  
Militaire de carrière, Lacaze avait déjà combattu lors de la Première Guerre mondiale.
Nommé colonel en 1938, envoyé au Front en 1940 il fut fait prisonnier le 16 juin. Dirigé sur le camp de Mailly, puis interné en Allemagne, à Osterode (Oflag XIA), puis envoyé en Pologne, (Oflag XXIB), il fut libéré comme rapatrié sanitaire le 23 octobre 1942. Rentré à Lyon, il prit contact avec la Résistance et entra dans l’Armée Secrète (A.S.) en 1943. Le général Delestraint lui confia la direction du service de renseignement, action psychologique et propagande de l'A.S.
Le 21 juin 1943, il fut arrêté  dans la maison du Dr Dugoujon lors de la réunion organisée par Jean Moulin. Fouillé, menotté, bousculé sans être maltraité, il fut dirigé au siège de la Gestapo et transféré à la prison de Fresnes le 25.  
► AUBRY Henri (1914 – 10 novembre 1970)
Lieu ignoré
Dès son plus jeune âge, son père, officier de Cavalerie, lui inculqua l’amour de la France. Alors, en1940, aspirant de l’Armée de l’Air, en apprenant la signature de l’armistice, il s’embarqua pour Liverpool. Dirigé sur le camp de Saint-Atham (près de Cardiff), De Gaulle, en visite, recommanda aux aviateurs français ne pas s’engager dans la Royal Air Force car, disait-il, : « deux cents aviateurs sous l’uniforme français devant être plus utiles au jour de la victoire que deux mille le seraient sous l’uniforme anglais ».
Le 9 juin 1941, rayé du personnel naviguant pour cause de santé, il devint instructeur au Centre des Forces Aériennes Françaises Libres (FAFL), de Camberley, et dut abandonner son rêve d’être « pilote de chasse ». En octobre, il rejoignit l’état-major de De Gaulle et s’engagea   dans la section Action des services spéciaux de la France Libre.  
Monument signé  Jürgen von Woyski (1964).
© Raymond Faure
© Raymond Faure
26 octobre 2012
SCHWARZFELD Émile (1885 – juin 1944)
Camp de Struthof-Natzweiler (Bas-Rhin)
Blessé deux fois et gazé en 1917, il était Lieutenant-colonel en 1939. Fait prisonnier le 25 juin 1940, il fut interné en Allemagne jusqu’en août 1941. Libéré, il rallia la résistance en prenant contact avec une organisation de patriotes dirigée par Georges Cotton. Y prenant des responsabilités, il lui donna un deuxième souffle. Rebaptisé « France d’Abord » le groupe travaillait dans le cadre des Mouvements Unis de Résistance (MUR), tout en maintenant une certaine autonomie, ce qui permit de conserver son identité, et reçut le soutien financier de Jean Moulin. À partir du printemps 1943, le colonel Schwarzfeld fit partie de l’état-major du général Delestraint.
Arrêté à Caluire, le 21 juin 1943 aux côtés de Jean Moulin et de Raymond Aubrac, dans la salle d’attente du cabinet du docteur Dugoujon, il affirma n’être qu’un patient au courant de rien. Il l’affirma à Lyon, et devant le juge allemand à la prison de Fresnes où il avait été transféré. Cela ne l’empêcha pas, dans le cadre de la procédure Nuit et Brouillard,
d’être déporté dans l’unique camp de concentration en France situé en Alsace : Struthof-Natzweiler en Alsace. Détaché au Kommando du chantier de Bruttig (Allemagne), dans des conditions effrayantes, il fit partie des forçats qui creusèrent un ancien tunnel prévu pour l’installation d’industries stratégiques.
Puis il revint à Struthof-Natzweiler. Grâce à un détenu allemand, chef des travaux, il réchappa au terrible supplice de ceux de la carrière.  Désigné au jardinage du camp il put  ainsi reprendre quelques forces. Mais, piqué au doigt par un insecte, l’infection se propagea au bras. Dans un état de faiblesse, l’abcès évolua. Installé à l’infirmerie, soutenu moralement par Lassagne et Delestraint, son infection ne put être enrayée malgré les soins d’un camarade médecin.
D’une façon générale, les morts passaient au four crématoire et leurs cendres dispersées dans les potagers ou dans un coin de verdure. Sans l’affirmer, il est fort probable que la dépouille du colonel ait disparu de cette façon.
 
Le mémorial fut érigé à la suite d'une souscription nationale lancée en 1955. Conçu par l’architecte Bertrand Monnet, il est en béton recouvert en pierre blanche d'Hauteville (Ain) et mesure 41 mètres de haut.
Sur la courbe de ce monument symbolisant par sa forme la flamme du souvenir de la déportation qui ne doit pas s'éteindre, le sculpteur Lucien Fenaux a gravé l'image squelettique d'un déporté. Dans sa base un caveau a été aménagé où repose le corps d'un déporté inconnu français inhumé le 5 mai 1957. Ce monument  a été inauguré le 23 juillet 1960 par le Général de Gaulle.
http://www.cndp.fr/
http://www.cndp.fr/
Autre vue.
http://enmemoiredelaresistance.unblog.fr
LASSAGNE André (1911 - 4 avril 1953)
Cimetière de L'Arbresle (Rhône)
Pour cet article sur André Lassagne,  tous mes remerciement à M. Daniel Broutier qui a si gentiment partagé ses connaissances sur la sépulture et l'attachement qu'avaient encore les habitants d'Arbresle pour cette personnalité.
 
Natif de Lyon, André était professeur d’Italien au lycée Chateaubriand de Rome, quand la Seconde Guerre mondiale le mobilisa sur le front des Alpes.Il fut décoré de la Croix de guerre. Démobilisé en août 1940 mais, profondément humilié par l’armistice, tout en étant professeur d’italien à Lyon, il s’engagea dans la Résistance.
Il organisa des opérations de type militaire : caches d’armes, de munitions, de matériel de transmission, filière d’évasion de prisonniers et passages par l’Espagne, reconnaissance de terrains d’opérations.
Merci à Daniel Broutier pour cette photo des Amis du Vieil Arbresle
Merci à Daniel Broutier pour cette photo des Amis du Vieil Arbresle
En 1941, il s’intéressa aussi à l’information dans la zone Sud, et signa le premier numéro de Libération, avec Raymond Samuel « Aubrac » et Jean Cavaillès.
Au sein   du mouvement Libération, dirigé par Emmanuel d’Astier de la Vigerie, Lassagne participa aux discussions autour du projet d’unité des mouvements. Une coordination apparaissait indispensable mais les relations entre Frenay (groupe Combat) et Astier étaient loin d’être sereines.
 
Suite à l’arrestation de Delestraint, Jean Moulin devait réorganiser l’Armée secrète décapitée.  Il confia à Lassagne, lyonnais de souche, la responsabilité de trouver un lieu sûr pour cette réunion d’état-major prévue le 21 juin après-midi. Avec l’accord de son ami Frédéric Dugoujon, il fut convenu que la réunion se tiendrait chez lui à Caluire.
Comme tous ceux qui attendaient, dans une pièce du premier étage de la maison, Lassagne s’inquiétait du retard de Jean Moulin, attendant par erreur au rez-de-chaussée,  lorsque Barbie et ses sbires firent irruption. Après une arrestation musclée,  il fut dirigé au siège de la Gestapo, puis à la prison de Montluc et enfin à celle de Fresnes où il retrouva plusieurs  de ses camarades.
Devant le tribunal militaire, il défendit avec acharnement Dugoujon et  Lacaze tout en étant lui-même poursuivi pour « aide à l’ennemi et espionnage ».
 
Le 9 mars 1944, intégré dans la procédure Nacht und Nebel, particulièrement terrible, il partit pour le camp de concentration du Struthof-Natzweiler avant d’être déporté au camp de Brieg, emprisonné à la prison de Liegnitz, puis au camp de Gross-Rosen où un jour, il s’évanouit d’épuisement.  Jeté sur un tas de cadavres, il réussit à s’extirper des morts et ainsi échapper au four crématoire.
 
Transféré à Leimeritz dans un wagon découvert par un froid épouvantable, Lassagne résistait mais contracta une affection pulmonaire qui altéra sa santé. Son  périple  d’enfer en enfer continua jusqu’au camp de Flossenburg, un des plus durs. Trois mois après son arrivée,  le 22 avril 1945, les Américains s’approchaient du camp. Apprenant que les détenus Nacht un Nebel devaient être exécutés, il se faufila à l’infirmerie et prit la place d’un Italien agonisant.  Cette ruse lui sauva la vie. Le lendemain, il était libéré.
 
Véritable miraculé, de retour en France, il fut soigné et passa son agrégation. Adhérant au RPF de DeGaulle,  il entama alors une carrière politique bien remplie : conseiller municipal de Lyon, vice-président du Conseil général du Rhône, sénateur du Rhône , membre du Conseil de l’Europe. Une mission s’imposait à ses yeux : la réconciliation dans une Union européenne, qu’il proposa, lors d’un discours au Sénat, en 1949.
 
La vie lui souriait enfin. Il se maria, eut des enfants.  Mais, épuisé par ses années concentrationnaires, il s’éteignit prématurément entouré des siens et soutenu par son ami Dugoujon.
Orphelin de père dès sa tendre enfance, il passait ses vacances chez sa tante, Mme Roche, à Arbresle. André Lassagne fut inhumé dans le caveau familial du cimetière de cette commune où sa mémoire est restée très présente chez les anciens.
Une stèle, de Michel Lapandery, près de la mairie, et l’école primaire qui porte son nom en témoignent.
Merci à Daniel Broutier pour la photo
A 15 heures, Klaus Barbie et ses hommes investissaient la maison du Dr Dugoujon.
Jean Moulin a-t-il été trahi ? Et si oui par qui ? Outre le traitre, s’il n’a jamais existé, un seul homme savait d’où il tenait ses informations, c’était Klaus Barbie.
Sans détailler, grâce à l'ouverture de nombreuses archives, il semble bien qu'un cumul d’imprudences commises sciemment ou non par certains résistants ou services secrets étrangers seraient davantage à l'origine de l'arrestation que la trahison d'une personne.
 
Tandis que Hardy réussissait à s’échapper, les sept autres furent arrêtés et détenus au fort de Montluc, transformé en prison. Barbie savait qu’il tenait Jean Moulin, mais lequel était-ce ? Tous furent torturés. Au bout de deux jours, Aubry craqua.
Identifié, Jean Moulin, de nouveau questionné et torturé, ne parla pas. On le transféra à la Gestapo de Paris. Nouvelles tortures. Comme le rappelle André Malraux dans son célèbre discours : « Le destin de la Résistance est suspendue au courage de cet homme ». C’est un moribond qu’on mit dans le train pour Berlin pour y être de nouveau interrogé. Il mourut le 8 juillet entre Frankfort et Metz ou en gare de Metz.
Et ensuite ?
Nul ne saurait dire. Sa dépouille supposée fut renvoyée à Paris où elle fut crématisée au Père-Lachaise. Ses cendres furent déposées dans une urne, portant le numéro  10 137 avec une inscription « cendres présumées de Jean Moulin », qu'on plaça dans la case  2645 du carré réservé à la Résistance.
Après avoir mené une longue enquête, sa soeur retrouva enfin ce qui restait de "son frère". On lui remit entre les mains une urne contenant les cendres d’un inconnu mort en Allemagne le même jour que lui et censées être les siennes. Et ce sont ces cendres là qui « entrèrent avec son terrible cortège » au Panthéon  le 19 décembre 1964 lors d’une cérémonie grandiose et émouvante dont les trémolos de la voix de Malraux résonnent encore.
 
L'idée de transférer les  cendres de Jean Moulin Panthéon, pour le 20e anniversaire de la Libération, revint à l'Union des résistants de l'Hérault et fut relayée par la gauche locale. Repris par Malraux, alors ministre d'Etat aux Affaires culturelles, puis par le général de Gaulle, le projet fut l’objet d’un décret. Le transfert se déroula après le vote d'amnistie des délits commis pendant la guerre d'Algérie et une semaine avant le vote de l'imprescriptibilité des crimes contre l'humanité : entre l'oubli des crimes d'Algérie et la réaffirmation que l'on n'oubliait pas ceux de la Seconde Guerre mondiale, il s'agissait d'opérer une sélection du passé propre à ressouder la cohésion nationale. L'entrée des cendres de Moulin au Panthéon servait le mythe d'une France résistante unie autour du général de Gaulle et de mémoire officielle de la guerre. Ce n’était pas encore l’heure de l’examen de conscience et  du grand déballage.
Moulin, héroïsé représentait dorénavant à lui seul le combat pour la liberté, le martyre de tout un peuple : les résistants s’effacèrent devant la Résistance, ici entendue comme résistance gaulliste, car il est indéniable qu’au travers de ce discours la vedette du jour était aussi « l’homme du 18 juin ».
 
Le lyrisme de Malraux, psalmodiant à la manière des grands orateurs tragiques, et son tutoiement rappelaient le compagnonnage résistant et la proximité avec l'homme.
 
La cérémonie se déroula les 18 et 19 décembre 1964 en deux temps. Tout d'abord eut lieu le transfert de l'urne du Père-Lachaise à la crypte des martyrs de la déportation dans l'île de la Cité où 194 compagnons de la Libération, de toute tendance politique, formèrent une garde d'honneur.
Le transfert au Panthéon s'effectua de nuit à travers Paris. Le lendemain, De Gaulle présida les hommages avec la pompe républicaine. Malraux prononça son magnifique et légendaire éloge funèbre que termina Le Chant des Partisans
« [...] Entre ici Jean Moulin avec ton terrible cortège [… ] Ecoute aujourd'hui jeunesse de France ce qui fut pour nous le chant du malheur, c'est la marche funèbre des cendres que voici [...]».
 
Je n'ai selectionné qu'un extrait du discours, mais on trouve sans problème son enregistrement complet (18 mn) sur Internet.
- Extrait du discours et descente des cendres de Jean Moulin dans son caveau (l'apostrophe : "entre ici..." se trouve à  00 :2 :15)  
Maltraité et enfermé pour son refus, il tenta de se suicider en se tranchant la gorge. Il évita la mort de peu et conserva une cicatrice qu'il cacha sous une écharpe.
 
Révoqué par le régime de Vichy, il partit rejoindre Charles de Gaulle à Londres. Revenu en France  comme délégué général du Comité National de la Résistance, il était chargé d’organiser des réseaux de résistance dans la zone sud, alors non occupée. Alias Rex, Martel ou Max, son activité efficace en fit bientôt l’homme à abattre.  
 
En 1943, il reçut pour mission d’unifier les différents services (propagande, renseignements, sabotage, entraide)  des mouvements de résistance issus de divers horizons politiques, et les inciter à combattre sous une même autorité : le Conseil national de la Résistance (CNR). Nommé secrètement par De Gaulle ministre, membre du Comité national français et seul représentant de ce comité en métropole, la tâche était ardue, car si à la base une entente régnait entre résistants, les responsables se livraient entre eux à une vraie lutte d’influence. Néanmoins, non sans difficultés, il parvint à se faire admettre comme chef du CNR.
 
Le 9 juin, le général Delestraint, chef de l’Armée secrète ayant été arrêté, il fallait lui désigner un successeur provisoire.
Dans ce but, une réunion fut organisée, dans la maison et cabinet du Dr Dugoujon à Caluire. Le lieu était idéal : proche de Lyon tout en étant dans une banlieue moins surveillée, à proximité d’un arrêt de Tramway et il y aurait suffisamment de patients entre 14 et 16 heures pour que quelques personnes de plus n’attirent pas l’attention.
Le 21 juin, Raymond Aubrac, André Lassagne, Henri Aubry, Emile Schwartzfeld, Albert Lacaze, Bruno Larat et Jean Moulin arrivèrent au rendez-vous avec un invité supplémentaire, René Hardy. Enfreignant les règles primordiales de sécurité qui interdisait la participation d’une personne non conviée directement par l’organisateur,  Aubry avait  amené Hardy.
 
En matière d’histoire, rien ne vaut un déplacement sur les lieux des faits. Tout prend un autre relief. L'imagination fait son cinéma.  Cette maison du Dr Dugoujon, pourtant si connue, devient toute autre : on voit les hommes s'y  s'engouffrer, monter quelques marches, les Allemands arriver sur la place...Témoin invisible et muet d'un autre temps, on ne peut ré-écrire l'histoire.
Source principale pour les personnalités hors Jean Moulin :  
-http://www.memorialjeanmoulin-caluire.fr/
(*) commentaire(s)
Les Allemands arriver sur la place... ...qui de nos jours porte le nom d'un autre résistant. © MCP
© MCP
© MCP
LACAZE Albert (1884 – 1er février 1955)
Lieu ignoré
Il subit déplacements, interrogatoires et jugement, mais grâce à André Lassagne, qui minimisa son rôle, il bénéficia d’un non-lieu et fut libéré le 17 janvier 1944, avec Dugoujon.
Grillé, il se réfugia dans un hameau au nord d’Uzès, chez des amis fermiers. Lors du débarquement en Provence, le 15 août 1944, il partit rejoindre un maquis près de Privas. Reprenant du service, il fut affecté à l’état-major de la région militaire, comme colonel, le 3 octobre 1944, puis eut en charge le commandement de la subdivision de l’Ardèche en janvier 1945. Il lui fallait aider la population, prévoir les secours, loger les gens, trouver du ravitaillement, assurer l’intégration des FFI dans l’armée ou leur démobilisation.
Lui-même démobilisé le 1er septembre 1945, il se retira dans sa maison familiale de Lyon, ville où il mourut. Pour l'instant, je n'ai pas trouvé d'informations concernant son lieu de sépulture.
LARAT Bruno (1916 – 5 avril 1944)
Camp de Dora à Nordhausen (Allemagne)
TOMBES ET SEPULTURES DANS LES CIMETIERES ET AUTRES LIEUX
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au 22 juin 2021
TOMBES SÉPULTURES DANS LES CIMETIÈRES ET AUTRES LIEUX
par Marie-Christine Pénin
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-Collège de Beauvais ou de Dormans (75)
-Collège des Ecossais (75)
 
-Collégiale St-Georges de Vendôme (41) (disparue)
-Collégiale St-Honoré (Paris) (disparue)
-Collégiale St-Laurent de Joinville (52) (disparue)
-Collégiale St-Martin de Montmorency  (95)
-Colonne de Juillet (75)
-Commanderie  Saint-Jean-de-Latran (75) (disparue)
 
-Couvent de l'Ave Maria (75) (disparu)
-Couvent des Augustins-Déchaussés (75) (disparu)
-Couvent des Bénédictins anglais (75)
-Couvent des Blancs-Manteaux (75) (disparu)
-Couvent des Capucins de la rue St-Honoré (75) (disparu)
-Couvent des Capucines (75)
(disparu)
-Couvent des Carmélites de la rue St-Jacques (75) (disparu)
-Couvent des Carmes-Billettes (75)
-Couvent des Carmes-Déchaussés (75)
-Couvent des Célestins (75) (disparu)
-Couvent des Cordeliers de Nancy (54)
-Couvent des chanoinesses de Picpus (75)
-Couvent des Cordeliers (75)
(disparu)
-Couvent des Chartreux de Vauvert  (75) (disparu)
-Couvent des Feuillants du Fg St-Honoré (75) (disparu)
-Couvent des Grands-Augustins (75) (disparu)
-Couvent des Grands Carmes ou Carmes Barrés ou Carmes Maubert (75)  (disparu)
- Couvent des Jacobins réformés de la rue Saint-Honoré (75) (disparu)
-Couvent des  Jacobins de la rue Saint-Jacques (75) (disparu)
-Couvent des Minimes de Chaillot (75) (disparu)
-Couvent des Minimes de la place Royale (75) (disparu)
-Couvent des Pénitents du Tiers-Ordre de St-François ou Pénitents de Picpus (75)
(disparu)
-Couvent des Petits-Augustins (75)
-Couvent des Récollets (75)
-Couvent des Théatins (75) (disparu)
-Couvent de la Visitation Ste-Marie de Chaillot (75) (disparu)
-Couvent de la Visitation Ste-Marie, rue St-Antoine (75)
 
-Crypte impériale des Capucins de Vienne (Autriche)
 
-Eglise du Dôme des Invalides (75)
-Eglise du St-Sepulcre (75) (disparue)
-Eglise de La Madeleine (75)
-Eglise La Madeleine-de-la-Cité (75) (disparue)
-Eglise Notre-Dame-des-Blancs-Manteaux (75)
-Eglise St-Barthélemy (75) (disparue)
-Eglise St-Benoît, la bien tournée (75) (disparue)
-Eglise St-Christophe (75) (disparue)
-Eglise et cimetière St-Côme-et-St-Damien (75) (disparus)
-Eglise St-Denis-de-la-Chartre (75) (disparue)
-Eglise St-Denis-du-Pas (75) (disparue)
-Eglise St-Eloi (75) (disparue)
-Eglise St-Etienne (75) (disparue)
-Eglise St-Etienne-du-Mont (75)
-Eglise St-Eustache (75)
-Eglise St-Germain-l'Auxerrois (75)
Eglise St-Germain de Charonne (75)
-Eglise St-Germain-le-Vieux (75) (disparue)
-Eglise St-Gervais-St-Protais (75)
-Eglise St-Hippolyte (75) (disparue)
-Eglise St-Jacques-de-la-Boucherie (75)
- Eglise St-Jacques-du-Haut-Pas (75)
-Eglise St-Jean-en-Grève (75)
(disparue)
-Eglise St-Jean-le-Rond (75) (disparue)
-Eglise St-Julien-des-Ménétriers (75) (disparue)
-Eglise St-Julien-le-Pauvre (75)
-Eglise St-Landry (75) (disparue)
-Eglise St-Laurent (75)
-Eglise St-Leu-St-Gilles (75)
-Eglise (cathédrale) St-Louis-des-Invalides (75)
-Eglise St-Louis-du-Louvre (75) (disparue)
-Eglise et cimetière (disparu) St-Louis-en-l'Île (75)
-Eglise St-Marcel (75) (disparue)
-Eglise St-Martial (75) (disparue)
-Eglise St-Médard (75)
-Eglise St-Merry (75)
-Eglise St-Nicolas-des-Champs (75)
-Eglise St-Nicolas-du-Chardonnet (75)
-Eglise St-Nicolas-du-Louvre (75) (disparue)
-Eglise St-Paul-des-Champs (75) (disparue)
-Eglise St-Paul-St-Louis (75)
(ancien couvent des Jésuites)
-Eglise St-Pierre-aux-Arcis (75) (disparue)
-Eglise St-Pierre-aux-Boeufs (75) (disparue)
-Eglise St-Pierre-de-Montmartre
-Eglise St-Roch (75)
-Eglise St-Sauveur (75) disparue
-Eglise St-Séverin (75)
-Eglise St-Sulpice (75)
-Eglise St-Symphorien et St-Luc (75) (disparue)
-Eglise St-Thomas-du-Louvre (75) (disparue)
-Eglise Ste-Croix (75) (disparue)
-Eglise Ste-Geneviève-des-Ardents (75) (disparue)
-Eglise Ste-Marine (75) (disparue)
-Eglises et cimetières de l'île de la Cité (75) (disparus)
 
-Escurial (monastère de l') (Espagne)
 
-Grottes vaticanes
 
-Hospice des Enfants-Rouges (75) (disparu)
-Hospice des Enfants-Trouvés (75) (disparu)
-Hospice des Quinze-Vingts St-Honoré (75) (disparu)
 
-Mausolée d'Auguste à Rome
-Mausolée d'Hadrien à Rome
-Mausolée de Mausole à
Halicarnasse (Bodrum) Turquie (disparu)
-Mémorial du Mt-Valérien (92)
 
-Noviciat de l'Oratoire (75)
 
-Oratoire St-Honoré ou du Louvre (75)
 
-Panthéon de Paris
-Panthéon de Rome (Italie)
-POMPES FUNÈBRES, AUTREFOIS et leurs métiers disparus
-Prieuré St-Martin-des-Champs (actuel CNAM) (75)
-Prieuré Ste-Catherine-du-Val-des-Ecoliers (75) (disparu)
-Prieuré Ste-Croix-de-la-Bretonnerie (75) (disparu)
 
-SAINTE-CHAPELLE DU PALAIS (75)
 
-SÉPULTURES DES BOURBONS
-SÉPULTURES DES ROIS D’ANGLETERRE (dynastie Anglo-saxonne)
-SÉPULTURES DES ROIS ET DUCS DE BRETAGNE
-SÉPULTURES DES ROIS D'ESPAGNE
-SÉPULTURES DES ROIS DE FRANCE ET DES EMPEREURS (résumé)
-SUPPLICIÉS Lieux d'inhumations
 
-Temple (enclos, église et cimetière du) (75) (disparus)
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