Pensant avoir une vocation de poète, s’essayant à divers essais de théâtre, ce n’est guère que vers 1875 qu’il s’orienta vers la nouvelle. En 1880, il publia son fameux recueil des Soirées de Médan auquel il apporta sa nouvelle Boule-de-Suif. Le succès que rencontra cette œuvre le décida à quitter le ministère de l’Instruction publique où, fonctionnaire, il avait été muté après avoir débuté au ministère de la Marine.
Dès lors, jusqu’au moment où la maladie ne lui laissa plus de répit, il ne vécut que pour ses livres. Devenu rapidement un écrivain à la mode, sollicité par les salons auxquels il résista guidé par son dégoût de la vie mondaine qui lui inspira son roman Notre cœur (1890).
Peu distrait par ses amours, il fut, comme disait Edmond Goncourt « le véritable homme de lettres », dans sa plus totale exigence. Refusant la publicité facile, il cachait sa vie privée, allant même jusqu’à interdire qu’on publie des portraits de lui et tenait qu’un artiste digne de ce nom ne doit compter que sur son œuvre pour s’imposer.
Célèbre, il surveillait de très près tout les bénéfices générés par ses droits d’auteur, traductions, rééditions, etc. les mauvaises langues diraient que c’est son côté normand…Moyennant quoi, il se trouva bientôt à la tête d’une des plus grosses fortunes du monde littéraire de l’époque.
Mais déjà ses premiers malaises nerveux étaient apparus en 1885. Sa jeunesse, sa robustesse et son amour du grand air le laissaient penser en bonne santé alors que le moindre malaise déclenchait chez lui une inquiétude extrême : son frère, Hervé était mort fou. Maupassant sentait venir le poids de cette terrible hérédité.
Surmené par son travail et les drogues de tous genres qu’il absorbait dans l’espoir de calmer ses névralgies, après les troubles physiques vinrent ceux de la personnalité.
Réussissant à surmonter ses angoisses entre deux crises, il créa des œuvres d’un fantastique nouveau où la pathologie tient un rôle important mais sans lien avec sa propre maladie, tel Le Horla (1887).
Le visage décharné, le regard fixe, tenant des propos incohérents, irritable, le corps médical lui cachait la gravité de son état et l’envoyait faire des cures.
A la fin de 1891, après avoir caressé un espoir de guérison, il comprit qu’il allait inéluctablement vers la folie. Le 1er janvier 1892, à Nice, il tenta de mettre fin à ses jours.
Ramené à Paris, interné à la clinique du docteur Blanche, il y mourut après dix-huit mois d’inconscience à peu près totale, entrecoupée de crises obligeant parfois à lui passer la camisole de force.
Lui qui voulait être enseveli en pleine terre, cette demande étant jugée indécente par l’administration des Pompes funèbres, sa dépouille fut déposée dans un triple cercueil de sapin, de zinc et de chêne.
Après un service religieux en l'église Saint-Pierre-de-Chaillot, sous une chaleur écrasante, l’assistance suivit le char couvert de fleurs qui le menait jusqu’à sa tombe au cimetière du Montparnasse. Dans la foule qui se pressait autour de la fosse, les curieux reconnaissaient des gens de théâtre, des compositeurs, et beaucoup d’écrivains parmi lesquels ses amis José Maria de Heredia et Emile Zola qui, bouleversé, le lorgnon embué, fit la lecture d’un discours.
Montparnasse ! Grâce à des recherches exhaustives d'Olivier, un fidèle lecteur du site, qui a trouvé un échange de correspondance entre Paul Ollendorf, ami de l'écrivain, et Gustave de Maupassant, père de de dernier, on apprend que cette sépulture ne devait être que provisoire.
Guy de Maupassant souhaitait être inhumé au cimetière de Montmartre qu'il aimait tant : "Il avait le pressentiment de sa fin quand je l'ai vu avant son départ pour Plombières et il me disait : Mon père, si je meurs avant toi, jure-moi que tu feras tout ton possible pour que je sois enterré au cimetière Montmartre. A sa mort, on ne m'a prévenu de sa mort que la veille de son enterrement ou, plutôt, je ne l'ai apprise que par le Petit Marseillais, je n'ai pu protester du choix de Montparnasse qu'après l'enterrement. J'étais très malade alors et je le suis encore au point de ne pouvoir voyager et je n'ai pu agir comme je l'eusse fait en bonne santé." écrit Gustave de Maupassant.
Mais, à l'initiative de Paul Ollendorf, son corps aurait dû, le 7 septembre 1894, être transféré au cimetière du Père-Lachaise sous un monument majestueux érigé en sa mémoire qui se serait se trouvé en face de la sépulture de l'historien Jules Michelet. Or, Maupassant détestait le Père Lachaise.
Pour Ollendorf le choix du Père-Lachaise était simple: "[...] on n'a pas eu le choix entre le cimetière Montmartre et le Père-Lachaise, puisqu'au cimetière Montmartre il n'y avait pas de terrain disponible, tandis qu'au Père-Lachaise on a obtenu un terrain très bien situé, en face la tombe de Michelet, tout près de celle de Balzac".
Néanmoins, tenant compte d'une partie de la volonté du défunt transmise par son père, le projet du transfert au Père-Lachaise fut abandonné. Quant à rejoindre Montmartre, il est peu probable que le vœu de Guy de Maupassant soit un jour exaucé, faisant de sa demeure temporaire son ultime lieu de repos que nous connaissons.