Au lendemain des journées des massacres de Septembre perpétrés à Paris et dus à la psychose provoquée par l’invasion austro-prussienne et à des rumeurs de complots, la province ne fut pas en reste et Versailles allait aussi graver son nom dans ce tragique évènement.
9 septembre 1792. Un convoi de cinquante-trois prisonniers transférés de la prison d'Orléans pour être jugés par le Tribunal criminel de Paris fit une halte à Versailles. Sous la conduite de gardes nationaux marseillais et parisiens dirigés par Claude Fournier-L'Héritier, dit « Fournier l'Américain », ils devaient se rendre jusqu’aux bâtiments de la Ménagerie royale aujourd’hui disparue. Pour découvrir à quoi ressemblait ce joyau de Le Vau, voir cette belle reconstitution en 3D.
Ils étaient presqu’arrivés lorsque, séparés de leur escorte, ils se retrouvèrent face à une foule agressive qui les attendait à la hauteur du carrefour dit des Quatre-bornes aux fins de parfaire son œuvre de salubrité patriotique.
Hyacinthe Richaud, maire de Versailles tenta bien de s’opposer au massacre annoncé. Mais devant des émeutiers armés de sabres et de piques que pouvait sa résistance ?
Seuls neufs d'entre eux parvinrent à s'enfuir pendant que les têtes des massacrés étaient tranchées et empalées sur les grilles du château. Leurs bagages et bijoux furent volés.
Les responsabilités de cette tuerie restent équivoques. Toutes les hypothèses se conjuguent avec « il semble » : il semble que les égorgeurs avaient été prévenus ; il semble qu’Alquier, qui avait la responsabilité de ce convoi, était informé de ce forfait ; quant à Fournier l’Américain, un des personnages les plus répugnants de la Révolution, il fut largement soupçonné d’avoir prévenu de son passage et d’avoir participé au carnage. Dans la foulée, le soir même, treize autres personnes détenues aux écuries de la Reine, devenues maison d'arrêt de Versailles, passèrent de vie à trépas.
Les quarante-quatre victimes furent inhumées dans une fosse commune recouverte de chaux au cimetière Saint-Louis. Dix ans plus tard, on y plaçait une croix ornée d’une fleur de lys. Le 10 septembre 1817, pour commémorer la tragédie, on érigea un monument en forme de colonne surmontée d’une fleur de lys qui fut remplacé au milieu du 19ème siècle par une nouvelle en marbre noir et une tombe avec épitaphe latine. Le tout fut restauré à l’initiative de la ville en 1990.
Une plaque, apposée au mur, énumère les noms des victimes qui se répartissent de la façon suivante:
- Régiment de Cambrésis : 19 personnes
- Autres régiments: 8 personnes
- Habitants de Perpignan : 9 personnes
- Particuliers : 3 personnes