Dans un pays divisé entre les tenants catholiques de la « vieille foi » et les partisans de la Réforme protestante, sagement conseillée, Elisabeth trouva un compromis en un savant dosage de rites catholiques et de préceptes protestants. Nonobstant encore de vives oppositions réprimées avec fermeté, la majorité des Anglais acceptèrent les principes de la nouvelle foi anglicane.
Tout au long de son règne, elle fut préoccupée par l’incessant conflit l’opposant à l’Espagne autant sur un plan religieux que commercial. Ce fut sur mer que se joua l’essentiel de cette guerre entre les deux pays recherchant la suprématie maritime que l’Angleterre finit par gagner, faisant d’elle l’une des nations les plus puissantes du monde. Elisabeth avait bien compris que la puissance maritime était un gage de suprématie militaire mais aussi de puissance commerciale. Le déclin des Pays-Bas favorisa ce trafic florissant à commencer par l’industrie textile, le commerce des moutons ou du charbon. En quelques années, Londres devint « l’entrepôt de l’Europe ».
Néanmoins, cette prospérité enrichissant considérablement les bourgeois était loin d’être la chose la mieux partagée. La condition des plus modestes restait pathétique. Quant à la noblesse, elle continuait à exercer son pouvoir sous la férule d’une reine autoritaire mais qui savait ménager les grands de son royaume. Entourée de conseillers fidèles, exerçant un pouvoir toujours plus absolu, le rôle du Parlement fut de plus en plus limité.
Mais pour ceux qui jouissaient d’une réelle aisance, les plaisirs ne manquaient pas, notamment le théâtre qui connut une vitalité sans précédent. Protégées par la Cour, les troupes de comédiens se multiplièrent ainsi que les œuvres signées des grands dramaturges. William Shakespeare incarna bientôt ce renouveau encouragé par Elisabeth qui, par ailleurs, ne fut pas un grand mécène des arts.
Objet d’un véritable mythe de son vivant, sans mari ni enfant, la « reine vierge » n’en était pas moins femme et eut de nombreux favoris, tels Robert Dudley ou Robert Devereux, comte d'Essex, qui jouèrent un rôle important en attendant leur disgrâce. On ne peut non plus oublier l’exécution de Mary Stuart dont elle fut bien l’instigatrice bien qu’elle s’en soit toujours défendu.
Une série de décès l’avait plongée dans une profonde dépression. Elle tomba malade et resta dans une
« mélancolie profonde et inamovible » jusqu’à sa mort au palais de Richmond.Son cercueil fut transporté sur la Tamise jusqu'à Whitehall par une barge illuminée par des torches.
Lors de ses funérailles, qui furent l’occasion de processions sans précédent, un corbillard tiré par quatre chevaux portant des couvertures de velours noir amena la dépouille dans l'abbaye de Westminster. Sur son passage ce n’était que pleurs et gémissements. Élisabeth Ire fut inhumée dans une tombe commune à celle de sa demi-sœur Marie Ire. L'inscription latine sur la sépulture "Regno consortes & urna, hic obdormimus Elizabetha et Maria sorores, in spe resurrectionis" a pour sens "Consorts sur le trône et dans la tombe, ici nous dormons, Elisabeth et Marie, sœurs, dans l'espoir de la résurrection".