A dix-sept ans, Marie était reine d’Ecosse et de France. La mort prématurée de son mari la ramena dans son pays natal où l’attendait un bien tragique destin dont sa jeunesse et son caractère furent en partie responsable. Jolie, coquette, sportive, on la décrit comme fière, orgueilleuse de son sang royal, voire irréfléchie, coléreuse, entêtée et influençable ce que sa nature affectueuse et généreuse ne pouvait compenser en tant que « chef d’Etat ».
L’Ecosse était alors plongée dans une situation politique et religieuse aussi complexe que dangereuse. Le pays était divisé en deux. D’un côté les protestants étaient menés par James Stewart, comte de Moray, frère illégitime de Marie, et les catholiques menés par la reine. Marie était bien jeune et bien inexpérimentée pour faire face à ses ennemis dont l’implacable John Knox et sa cousine, la redoutable Elisabeth Ire tous deux fervents protestants. De surcroît, en arrivant en Ecosse, elle avait commis l’erreur d’épouser Lord Henry Darnley qui, ayant décidé d’être le roi à la place de la reine, fit emprisonner sa femme alors enceinte du futur Jacques Ier d’Angleterre (Jacques VI d'Ecosse).
Libérée, Darnley assassiné, Marie tomba dans les bras du comte de Bothwell, un des meurtriers de son précédent époux. Portant dans ses entrailles le fruit de cette nouvelle relation sans être mariée, Bothwell l’enleva et l’épousa. L’affaire fit scandale dans ce pays où le puritanisme protestant n’acceptait aucun écart de mœurs. Comme pour donner raison à ceux qui la condamnaient, elle perdit ses jumeaux en 1567 et, sous la contrainte, abdiqua en faveur de son fils, Jacques encore bébé. Prisonnière au château de Lochleven, ses geôliers la narguèrent avec tapage en célébrant le couronnement du nouveau roi. Cependant, le 2 mai 1568, elle réussit à s’enfuir.
Mais vaincue et désemparée, Marie commit une seconde erreur qui, cette fois, se révéla fatale. Elle ne trouva pas mieux que de se réfugier entre les griffes de sa cousine et rivale Elisabeth Ière. Politiquement et religieusement, les deux ne pouvant s’accorder, Elisabeth opta pour « un bon tient vaut mieux que tu l’auras » et garda Marie prisonnière…dix-huit ans !
On passera là sur les complots visant à libérer Marie, à assassiner Elisabeth, aux avancées et aux reculs de très nombreuses tractations. Le résultat fut qu’au bout de dix-huit ans, Elisabeth ne pouvait plus tolérer les rapports de complots qu’elle recevait. Elle ne pouvait pas non plus libérer sa cousine. Une seule solution s’imposait : s’en débarrasser officiellement ce qui impliquait sa mise à mort. Accusée d’être mêlée à une conspiration contre la vie d’Elisabeth, Marie fut condamnée.