Ayant passé ses diplômes d’enseignante, elle termina la guerre comme institutrice à Paris.
Revenue dans le Pas-de-Calais après l’armistice, elle épousa Just Evrard, secrétaire général adjoint de la fédération socialiste du département et devint, elle-même, secrétaire générale des femmes socialistes du Pas-de-Calais (1934).
En 1939, le couple et ses enfants vivaient à Lens où ils revinrent après un court exode. Mais, connue des Allemands pour ses actions lors de la Première Guerre mondiale, Emilienne fut placée en résidence surveillée chez sa mère à Lillers.
Autorisée à rejoindre à sa famille, elle commença à distribuer des tracts contre la capitulation et le maréchal Pétain. Prenant contact avec l’Intelligence Service, elle lui fournit de précieux renseignements et, avec son mari, créa la section socialiste clandestine de Lens. Passée en zone sud, elle devint agent de liaison du réseau Brutus avant d’intégrer le mouvement La France au Combat fondé en octobre 1943.
Après avoir échappé de justesse à une arrestation massive par la Gestapo à Lyon en mars 1944, elle passa encore par miracle au travers de plusieurs rafles.
Alors qu’elle était traquée, elle fut désignée pour siéger à l’Assemblée consultative provisoire d’Alger et devait être évacuée. Après plusieurs tentatives, elle rejoignit Londres en août 1944.
De retour en France en septembre, elle aida son mari à réformer les sections socialistes du Pas-de-Calais.
Pour la seconde fois, Emilienne avait incarné la résistance féminine française mais aussi l’engagement des « sans grades » de la Résistance. Elle fut décorée de la Croix de la Libération par le général de Gaulle le 11 août 1945.
Membre du comité directeur du parti socialiste du Pas-de-Calais (1945-1963), conseiller honoraire de l’Assemblée de l’Union française (1947-1958), elle fut aussi présidente de la fédération du Pas-de-Calais des anciens combattants républicains.
Emilienne Moreau-Evrard fut inhumée au cimetière de l’Est de Lens.
Je remercie son fils, âgé de 91 ans, également résistant, témoin émouvant des actions d'une maman aimante mais qui restait une " femme à poigne" !