A défaut, il ne semble pas que des ouvrages aussi drôles, alertes et à la fois désespérés et aussi librement étrangers à l’art aient été publiés à l’époque.
Bonnes études, goût du sport, voilà qui est certain, et peut-être, pire que la bohème, de la misère selon ses dires.
On sait aussi qu’il publia ses premiers articles dans des feuilles anarchistes, qu’il fut l’auteur de quelques écrits érotiques et qu’il fréquentait alors un cabaretier original, Frédé, tenancier du Lapin agile à Montmartre, dont il épousa la belle-fille, Marguerite.
Puis surgit le vrai cataclysme, la guerre dans laquelle il vit comme un long sursis, une sorte de délivrance de sa condition : enfin il allait être habillé gratis et nourri au frais de l’Etat !
De ce drame, il rapporta des descriptions extraordinaires et un goût bouleversant pour la camaraderie des tranchées.
Après le conflit, il devint correspondant auprès des armées d’occupation et vécut de longues années dans sa maison de Saint-Cyr-sur-Morin où il devait finir ses jours. C’est là que, coiffé d’un béret écossais à pompon et fumant une de ses pipes, il composa son œuvre lucide et hallucinée où il mêla sa vie antérieure et le souvenir de ses auteurs de prédilection, Schwob, Villon, Nerval ou encore Kipling et Stevenson. Ce furent les étapes d’une songerie sous forme de romans fantastiques et d’aventures, d’essais et de poèmes, et qui, toujours reprise, finit par composer le documentaire allusif des temps vécus par leur auteur. Ainsi forgea-il, la notion de « fantastique social » pour définir ce qui lui apparaissait comme étant l'envers trouble et mystérieux de son époque.
Outre ses activités d'écrivain et de reporter, il fut également éditeur. Il publia ses textes, mais aussi ceux de ses amis comme, Roland Dorgelès, Francis Carco, etc., ou des œuvres classiques comme celles de Nerval.
Malgré sa réputation grandissante et son influence littéraire, la reconnaissance de ses pairs tardait. Il lui fallut attendre La Cavalière Elsa (1921), portée sur scène, pour obtenir le prix de la Renaissance (1922), sorte de trilogie qui avait pour « tâche de refléter l'inquiétude européenne depuis 1910 jusqu'à nos jours » , et qui comprit par la suite, La Vénus internationale (1923), ainsi que Le Quai des brumes (1927),porté à l’écran par Marcel Carné.
À l'instar d'un Blaise Cendrars, il introduisit dans sa poésie le vocabulaire de la modernité technique, évoquant la publicité, le phonographe, la T.S.F, etc. Cette fascination pour les nouveaux médias le conduisit à s'intéresser au cinéma ainsi qu'à participer à l'une des premières émissions de la station Radiola qui deviendra Radio Paris. Touche à tout de cette modernité, il fut le plus prolifique des théoriciens français de la photographie de sa génération et prophétisa le développement du « cinéma d’appartement », la télévision.
Après avoir abondamment pratiqué l'écriture romanesque, il abandonna ce genre littéraire après la Seconde Guerre mondiale pour se consacrer à la publication de recueils d'articles et d'essais écrits avant la guerre.
En 1950, son élection à l'unanimité comme membre de l'Académie Goncourt marquait enfin la vraie reconnaissance du monde littéraire.
Installé définitivement dans sa campagne briarde en 1961, les échos de la vie culturelle parisienne lui parvenaient par ses visiteurs et familiers.
Après cinquante ans de mariage, sa chère Marguerite (1886-1963) le fit veuf. Il la rejoignit dans la tombe sept ans plus tard.
Avec eux, repose Berthe Serbource (1854 -1933), la mère de Marguerite, qui fut la compagne du fameux Frédé du Lapin agile, inhumé dans le même cimetière.
Dans le respect de ses dernières volontés, le Prix Mac Orlan est attribué à « un écrivain de valeur, de préférence âgé et en difficulté avec la vie ou un artiste peintre offrant une situation semblable ». Depuis 2005, il est décerné par le Comité Mac Orlan, présidé par Pierre Bergé.