Arrivé à Paris avec trois sous en poche, il finit par se faire embaucher comme souffleur au théâtre du Vieux-Colombier. On raconte que, troublé par les jambes des actrices, il en oublia de souffler leur texte et se fit renvoyer.
Engagé comme journaliste à L’Œuvre, parallèlement à cette activité, des petits vaudevilles qu’il écrivait durant ses loisirs, il passa à l’écriture dramatique avec des succès aux airs d’effeuillages de
marguerites : pas du tout, un peu, beaucoup avec Voulez-vous jouer avec moâ ? (1923), et puis à la folie avec Jean de la Lune (1929), qui lui apporta une renommée bientôt internationale.
L'amour dans la poésie la plus mélancolique comme dans l'humour le plus constant, le sourire omniprésent, le trait, la pointe d'esprit le plus pur, la cabriole allant du comique au sévère, du gros rire à la tendresse la plus émouvante, la femme rouée, roublarde, menteuse, dissimulée mais toujours pardonnée et comprise, et surtout l'homme lunaire, charmant, drôle qui sait souffrir en souriant et qui sait voir dans la vie ce qu'il y a de vrai et de consolant, tandis que le rire est là, sous-jacent, et fait passer le drame le plus triste, la situation la plus décevante, tel est son théâtre dont plusieurs titres devinrent des classiques de la scène, parmi lesquels: Je ne vous aime pas (1926), Domino (1932), créé par Louis Jouvet, Noix de coco (1936), Auprès de ma blonde (1946), Le Moulin de la Galette (1951), et bien sûr Patate (1954) qui l’imposa définitivement comme le poète et le défenseur de la tendresse, de la bonté et de l'amour en dépit de tout et de tous. On notera encore L’Idiote (1960), créée par Annie Girardot au théâtre Antoine, etc. La Débauche (1973), fut sa dernière pièce jouée au théâtre de l'Œuvre. Parfois acteur, de triomphe en triomphe, il demeure encore un maître du théâtre « de boulevard ».
On lui doit aussi un grand nombre de scénarios et dialogues de films, notamment Mayerling de Litvak (1936), Gribouille (1937), et Les Petites du quai aux Fleurs (1943) de Marc Allégret, Madame de… d’Ophüls (1953), La Femme et le Pantin de Julien Duvivier (1959), etc.
En 1959, il fut élu à l’Académie française alors que sa candidature ne datait que d’une semaine. Son talent, sa gaieté, son brio et son regard de myope derrière de grosses lunettes rondes lui avaient conquis les voix suffisantes pour devenir « immortel », soufflant la place, entre autres, à Henri Bosco. Il aimait Molière, Musset et Sacha Guitry qui conditionnèrent une bonne partie de son œuvre. Il en avait la profondeur, la poésie, la légèreté et le goût immodéré de plaire.
Grâce au succès de Jean de la Lune, il avait pu acheter, en 1932, une résidence à la Chaussée-Saint-Victor et ainsi profiter de la douceur du Val de Loire qu’il aimait tant. Mort à Paris, selon ses vœux, il y fut inhumé en présence d'un grand nombre d'artistes, d'académiciens et de Chausséens. Dans le petit cimetière provincial, comme couché au bord du fleuve, sa tombe imposante, et un peu théâtrale dans ce lieu, n’est pas sans évoquer, quelque part, la personnalité personnage.