RETOUR PERSONNALITÉS CHARLES VII
LES JOUVENEL (JUVÉNAL ) DES URSINS : au service des Valois
Les Jouvenel des Ursins ont formé une illustre famille de magistrats et de prélats d’origine champenoise. Connue également sous le nom de Juvénal des Ursins, c’est Jean II qui latinisa le patronyme des Jouvenel en Juvénal. Il se raconte que pour rehausser la noblesse récente de la famille, il ajouta d’Ursins peut-être comme une prétendue parenté avec les Orsini.
Les principaux membres qui marquèrent l’histoire familiale et de France, le firent principalement sous le règne de Charles VII :
 
-Jean I Jouvenel des Ursins ainsi que ses fils qui suivent :
-Jean II Jouvenel des Ursins
-Guillaume Jouvenel des Ursins
-Jacques Jouvenel des Ursins
►Jean I Jouvenel des Ursins (v. 1360 – 1er avril 1431)
Cathédrale Notre-Dame de Paris
Fils d’un drapier de Troyes, après avoir étudié le droit civil à Orléans et le droit canon à Paris, il fut conseiller au Châtelet (1381) et avocat au parlement (1384). Son mariage, en 1386, avec Michelle de Vitry, nièce de Jean Le Mercier, ministre de Charles VI, lui procura de puissantes protections. De cette union naquirent seize enfants – dont neuf garçons- qui n’atteignirent pas tous l’âge adulte.
Nommé prévôt des marchands (1389), il occupa ces fonctions jusqu'en 1400 et y rendit de si grands services que la ville de Paris lui donna l'hôtel des Ursins. Il fut ensuite avocat général au parlement. Très attaché à la maison d'Orléans, il s'attira ainsi l'inimitié des ducs de Bourgogne. En 1408, il confia, hélas,  la régence du royaume de France à Isabeau de Bavière.
Après l'assassinat de Louis d'Orléans, il prit parti pour les Armagnacs, combattit les Cabochiens (1413) et fut quelque temps chancelier du dauphin Louis, duc de Guyenne.
Proscrit par les Bourguignons quand ils redevinrent maîtres de Paris (1418), il s'enfuit à Poitiers avec le dauphin Charles, mais ses biens furent confisqués. Le dauphin le nomma président au parlement de Poitiers puis président du parlement de Toulouse deux ans plus tard, en 1420. Revenu peu après à Poitiers, il y resta jusqu'à sa mort. Après le recouvrement de Paris (avril 1436), Michelle de Vitry revint avec ses enfants dans cette ville où elle mourut en 1456.
 
La famille Jouvenel des Ursins, qui avait son hôtel particulier sur l’Île de la Cité, avait élit sa sépulture dans la cathédrale Notre-Dame, et plus précisément dans la chapelle Saint-Rémy de nos jours regroupée avec l’ancienne chapelle Saint-Pierre/Saint-Etienne pour former l’actuelle Chapelle Saint-Guillaume. C’est là que fut transférée la dépouille de Jean I rejointe par celle de sa femme à ses côtés.
La chapelle était fermée par une belle grille en fer et les quatre parties de la voute étaient peintes toutes les armoiries familiales. Le monument, érigé par leurs enfants, fut démantelé à la Révolution : ne furent sauvegardées que les statues des deux défunts représentés en prière. Les deux têtes furent refaites au 19ème siècle. Les priants retrouvèrent leur emplacement d’origine en 1955. On les installa  sur un socle rappelant celui d'origine.
L’hôtel des Ursins disparu  par J.-J. Champin (1796-1860)
Paris-Musée Carnavalet
Coll. Gaignières - Dessin de Bourdan © BnF/Gallica
De nos jours © MCP
https://www.notredamedeparis.fr
Furent également inhumés dans la chapelle familiale :
Outre le mausolée, d’autres tombes, les armoiries, etc., un tableau, commandé en 1445 par Jean II ornait la chapelle. Ce tableau, peint entre 1445 et 1449, de nos jours conservé au musée de Cluny (Paris), représente un portrait collectif qui affiche l’opulence familiale qui comptait un prévôt des marchands de Paris, un président du Parlement de Poitiers, deux évêques et archevêques, un chancelier royal. Au premier rang, Jean I et sa femme suivis de leur onze enfants encore vivants à cette époque. Sur fond de brocarts d’or en relief, tous s’alignent en avec leurs tabards armoriés.
Cette œuvre est l’un des rares témoignages de la peinture parisienne au milieu du 15e siècle, en un temps encore trouble de la Guerre de Cent ans.
►Guillaume Jouvenel des Ursins (1400/1401- 23 juin 1472)
Fils de Jean I, comme ses frères Jean II et Jacques, il étudia les lois et fut conseiller au parlement de Poitiers, mais à la carrière ecclésiastique il préféra le métier des armes et fit ses preuves à la guerre aussi bien que dans les conseils. Il fut armé chevalier lors du sacre de Charles VII à Reims (1429).Après avoir été bailli de Sens (1437), puis de Troyes et lieutenant de Raoul de Gaucourt  (v.1371-1462)  dans le Dauphiné, il fut nommé  chancelier de France (1445). Dès lors, il joua un rôle important dans toutes les grandes affaires du règne de Charles VII, notamment dans assemblée du clergé à Chartres (1450), dans la conquête de la Normandie et de la Guyenne, dans les procès de Jacques Coeur et de Jean II d'Alençon. Il assista aux derniers moments de Charles VII et suivit son convoi funèbre jusqu'à la basilique Saint-Denis.
Louis XI lui ôta sa charge de chancelier tout en lui octroyant une pension annuelle de 2000 livres. Durant la ligue du Bien public (1465), son attachement à ses devoirs le rendit suspect aux seigneurs ligués contre Louis XI. Détenu quelque temps à Moulins, une fois la révolte finie, le roi lui rendit l'office de chancelier qu'il conserva jusqu'à sa mort.
Outre une brillante carrière la politique, il fut aussi un grand mécène. Il commanda de nombreux et magnifiques manuscrits enluminés, et fit réaliser son célèbre portrait par Jean Fouquet (v. 1420-1478/1481) vers 1460-1465, actuellement conservé au musée du Louvre. L'illustration du visage de Guillaume ci-avant en est extraite.
De son vivant, il avait préparé sa sépulture où il souhaitait reposer seul. En cuivre, elle était placée sous le marchepied de l’autel de la chapelle et rappelait ses plus hautes charges : d’une part, d’homme d’armes et, d’autre part, de membre du parlement (au-dessus de sa tête étaient gravés une boîte à sceaux et le bonnet à mortier de velours noir utilisé par le président du parlement). Cette sépulture, toujours visible au 19ème siècle, a disparu.
Coll. Gaignières /BnF/Gallica
►François I des Ursins (1492-1547)
Arrière-petit-fils de Jean I, il était titré baron de Trainel en Champagne, seigneur de Doué et de la Chapelle-en-Brie. Inhumé avec sa femme, Anne L’Orfèvre d’Orfeuil (d’Ermenonville) († 1561)
Sa tombe en pierre le représentait en armure, habillé d’un surcot aux armes de la famille et avec un ourson à ses pieds. Les portraits des deux défunts étaient encadrés par des pilastres sur plinthe soutenant un linteau sur lequel étaient gravés, à droite, un écu aux armes des Jouvenel des Ursins et, à gauche, un autre aux armes mi-parties Jouvenel-L’Orfèvre les deux écussons étaient tenus par deux oursons.
Coll. Gaignières /BnF/Gallica
►Louis Jouvenel des Ursins († 1520)
Petit-fils de Jean I. Conseiller Clerc du Parlement de Paris (1493),chanoine de Paris et archidiacre de Champagne.
Sur sa tombe plate en pierre, placée à l’entrée de la chapelle, il était représenté avec un manipule sur le bras gauche, encadré par une arcade ornée de sculptures et culminant dans une accolade portant l’image du Sein d’Abraham.
Epitaphier du vieux Paris-Tome XII © MCP
On notera aussi la présence de :
Claude Leblanc (1669-1728)
Officier du roi, intendant dans plusieurs provinces, membre du Conseil de la guerre, il exerça par deux fois la charge de secrétaire d'Etat de la Guerre. Apprécié du cardinal de Fleury, sa principale réalisation est l'extension des attributions du corps de la gendarmerie, qu'il structura en maréchaussée, avec des compétences de police sur tout le territoire du royaume (1720).
Sa fille, Louise Madeleine Leblanc, épousa un Constant-Esprit Jouvenel des Ursins d'Harville, d’où la présence de Claude Leblanc et de sa femme, Marie-Madeleine Petit de Passy († 1727) dans cette chapelle.
 
►Esprit Juvénal de Harville des Ursins, marquis de Trainel († 1726), gendre du précédent.
 
►Simon Marie des Ursins, fils d’Esprit de Harville des Ursins et de Madeleine Leblanc, mort à 18 mois en 1728.
 
►Le cœur d’Esprit Juvénal des Ursins, marquis de Trainel (†  1720)
Ne furent pas inhumés dans Notre-Dame de Paris
►Jean II Jouvenel des Ursins (1388 – 4 juillet 1473)
Cathédrale Notre-Dame de Reims (Marne)
Aîné des enfants de Jean I, il étudia le droit civil et canonique et devint avocat à Paris. Maître des requêtes de l’hôtel du Dauphin et conseiller de Charles VI, il compta parmi les conseillers les plus écoutés de Charles VII qui le nomma avocat général au parlement, en 1425, et lui confia plusieurs missions diplomatiques. Il joua, notamment, un rôle important dans la capitulation de Rouen (reprise aux Anglais en 1449).
Toutefois, à la magistrature, il finit par préférer une carrière religieuse. Evêque de Beauvais (1432), puis de Laon (1444), il succéda à son frère Jacques comme archevêque de Reims (1449).
En 1456, c’est lui qui fut chargé de la révision du procès de Jeanne d’Arc et de la réhabilitation de sa mémoire. Historien, il rédigea une biographie de Charles VI qui reste une des sources les plus précieuses pour l'histoire de cette époque : Histoire de Charles VI, roi de France, et des choses mémorables advenues durant 42 années de son règne, depuis 1380 à 1422.
Bien que devenu l’un des plus hauts ecclésiastiques du royaume et qu’il sacrât Louis XI en 1461, celui-ci, n’appréciant guère la franchise et la hardiesse de langage du personnage, le tint à l’écart des affaires de l’Etat. Vers 1465, iI fut le premier à introduire la musique sacrée lors des offices à la cathédrale.
Jean II mourut à Reims, dans son palais archiépiscopal et fut inhumé en la cathédrale de Reims. Par son testament, il avait demandé à être enterré au-devant du grand autel, dans une tombe de marbre noir, avec cette épitaphe :
Urbis famosae Belvis praesul fuit ipse Hinc numen sacrum Laudunum transtulit ipsum, Indé Remis sedem possedit pontificalem His habuil titulis franci nomen paritalis. Obiit anno M CCCC LXXIII, quartà die mensisjulii.
Selon D. Châtelain, en 1748, le père Vaudin, prieur de Saint-Denis, à Reims, fit lever toutes les tombes qui étaient dans le sanctuaire et dans le chœur sans en respecter aucune et sans laisser aucun vestige de la sépulture des abbés, évêques, archevêques, etc.
►Jacques Jouvenel des Ursins (1410 - 12 mars 1457)
Cathédrale Saint-Pierre de Poitiers (Vienne)
Fils de Jean I, licencié en droit, il reçut les ordres sacrés sans renoncer aux fonctions publiques auxquelles les implications familiales au service des Valois le prédestinaient. Premier pair de France, il succéda comme avocat général à son frère Jean II et prit part aux Etats d’Orléans (1439). Chanoine de Paris, archidiacre de Notre-Dame, il devint président à la Chambre des comptes (1444) et trésorier de la Sainte-Chapelle. La même année alors qu’il était encore chanoine et archidiacre de Reims, il en devint en devint archevêque. Conseiller de Charles VII, ce dernier lui confia de nombreuses missions diplomatiques tant dans le royaume qu’à l’étranger.
Il fut l’un des protagonistes qui permit la fin du Grand Schisme d’Occident en notifiant sa déchéance à Amédée de Savoie, le dernier antipape sous le nom de Félix V (1449). En récompense de quoi, le pape Nicolas V lui attribua le patriarcat d’Antioche.
Il se démit alors de l’archevêché de Reims en faveur de son frère aîné Jean II et reçut l’administration de l’évêché de Poitiers et de Fréjus. En 1452, il échangea cette dignité contre celle de prieur de Saint-Martin-des-Champs. Ce fut en vain qu’il prit la défense de Jacques Coeur lors de son procès. Retiré à Poitiers, il y mourut et y fut inhumé dans sa cathédrale, devant le grand autel.
Sources principales :
-Epitaphier du vieux Paris -Tome XII
-ARMMA : article en ligne de Matteo Ferrari, Paris, Notre-Dame (chapelle Jouvenel des Ursins)
-Le nom de la famille Juvénal des Ursins de Louis Batiffol - Bibliothèque de l'École des chartes (1889) pp. 537-558
-Chapitre du diocèse de Fréjus-Toulon : https://www.chapitre-frejus-toulon.fr/index.php/le-chapitre/sa-composition/20-les-eveques/la-periode-angevine/78-jacques-juvenel-ou-jouvenel-des-ursins-30-novembre-1449-resigne-le-30-octobre-1452
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