Succédant à son père Charles VII contre lequel il se rebella, au hit parade des grands rois de France, Louis XI a pour habitude de se classer dans les premiers. Louis monta sur le trône d’un royaume féodal épuisé par plus d’un siècle d’invasions, de luttes intestines, de soulèvements populaires, de peste et d’incapacité princière. Son tempérament et l’expérience de sa jeunesse devaient rendre Louis XI très réceptif aux courants si caractéristiques de son époque, et les extraordinaires capacités qu’il possédait en tant que souverain lui permirent d’entreprendre la transformation de la France en une monarchie nationale.
Sa réputation légendaire de manipulateur, d’esprit tortueux doté d’un cynisme sans pareil, portrait brossé, entre autres, par Sir Walter Scott, a imposé à l’imagination populaire le portrait grimaçant d’une gargouille baignée dans les sinistres lueurs d’un Moyen Âge déclinant. Ces détracteurs en firent « l’universelle araigne ». Sa personnalité diverse et complexe a fait oublier son habileté à charmer, son insatiable curiosité, sa simplicité et aussi son goût de la loyauté. C’est oublié que son règne fut l’un des plus grands succès politiques que l’Histoire ait connus et s’il lui arriva de se trahir, il ne trahit jamais la France.
Toute sa vie, Louis avait souffert de maux divers, mais cette fois, il n’en réchapperait pas. Depuis fin 1482, Louis, malade, s’était retiré dans son château du Plessis-lez-Tours (commune de La Riche, Indre-et-Loire) où sa vie se résumait à un corps décharné tassé sur un fauteuil. De sa forteresse dans laquelle quelques rares élus osaient pénétrer, Louis, entouré de ses lévriers favoris et d’oiseaux, prisonnier de la maladie, était aussi prisonnier de ses craintes. Il redoutait qu’on profitât de sa faiblesse pour lui arracher le pouvoir et le contraindre à vivre comme un homme ayant perdu la raison. En attendant la majorité de Charles VIII, il avait confié la régence à sa fille et à son gendre Anne et Pierre de Beaujeu.
Lui qui n’avait jamais accordé une confiance particulière aux médecins, était maintenant victime de l’un d’entre eux, un nommé Jacques Coictier, homme brutal et impudent qu’habitait une soif insatiable de puissance et d’argent. Mais dans sa crainte de mourir, Louis accéda à ses ambitions. Car Louis craignait la mort et jamais on ne vit souverain ne pas négliger à ce point aucune des ressources célestes ou autres pour prolonger sa vie. Non seulement il distribua des sommes énormes à ses chapelles et églises favorites, mais il se procura toutes les reliques et tous les remèdes que lui offrait l’Occident y compris les plus farfelus. Il fit sortir de sa caverne François de Paule dont la présence et les paroles lui furent d’un grand réconfort à défaut d'intercéder pour lui auprès des Cieux.
Une nouvelle hémorragie cérébrale le 25 août 1483, le laissa prostré et cinq jours plus tard, il rendait son âme à Dieu. Le 2 septembre, son corps fut transporté en l’église Saint-Martin qu’il avait fait édifier et où eurent lieu des obsèques solennelles. Quatre jours plus tard, il était enseveli là où il en avait exprimé le désir.