En fait, les articles du journal étaient rédigés normalement et ce n’est que lorsqu’ils étaient achevés qu’Hébert les parsemaient de « bougre » et « foutre » dont il avait la spécialité : « Foutre ! J’ai vu le petit sapajou du Temple ; le bougre est bien le digne fils du macaque et de la guenon »…
Pourtant issu d’une riche famille d’orfèvre et plutôt raffiné, ce farouche extra-révolutionnaire se confondit bientôt avec ses écrits aussi cyniques qu’orduriers, s'en prenant autant à ses concurrents de gauche qu’aux dantonistes trop « indulgents » à son avis.
Avec ses excès, il finit par se rendre suspect aux yeux de Robespierre qu’Hébert accusait de « modérantisme » ! Dénoncé par Saint-Just, Hébert et ses partisans furent arrêtés le 14 mars 1794. Jugés une semaine plus tard en même temps que des étrangers aux menées hébertistes, ils furent condamnés sans aucune preuve tangible. Ainsi ce procès davantage basé sur un montage des accusateurs que sur une réalité de faits annonçait-il celui de Danton deux semaines plus tard comme il présageait aussi de la chute de Robespierre. En effet, si par la suite, Robespierre n’eut plus d’adversaires sur sa gauche, la mort de Danton détourna de lui de nombreux Montagnards et la mort d’Hébert le priva du seul lascar capable de mobiliser les foules parisiennes.
Dans sa cellule, Hébert, terrorisé à l’idée du sort qui l’attendait, avait perdu de sa superbe ; ce fut une vraie loque qu’on mena jusqu’à son supplice sous les huées de la populace qui, face à son manque de courage, lui rendait les ignobles plaisanteries qu’il avait lancées à ses prédécesseurs.
Exécuté le dernier on imagine sa panique grandissante au fur et à mesure que la file des condamnés fondait devant lui. Quand son tour arriva, il aurait balbutié un faible : « Pas encore »…
Inhumé au cimetière de la Madeleine, ses restes se trouvent certainement parmi ceux retrouvés dans une chambre murée de la chapelle expiatoire érigée sur le cimetière.