Condamné aux galères pour s’être rallié aux dangereuses positions et au complot de ses amis La Mole et Coconas, ce « Raspoutine » de la Renaissance inspirait une terreur telle qu’il fut gracié sur l’intervention de Catherine de Médicis et reprit son service de conseiller.
Alors que l’heure de son trépas allait sonner, un prêtre et des capucins vinrent lui offrir les derniers sacrements. Le diable le possédait-il ? Il leur tînt des propos tellement blasphématoires : "Fous que vous êtes, sortez tous, il n'y a d'autres diables que les ennemis qui nous tourmentent en ce monde, ni d'autre dieu que les rois et les princes qui peuvent nous procurer honneurs et richesses !", que l’Eglise lui refusa une sépulture chrétienne.
L'impiété de Cosimo se répandit rapidement auprès du peuple de Paris qui, outré, promena son corps dans les rues de la capitale sur une claie avant de l’abandonner sur la voirie.
Pas de cimetière, pas de tombe, pas même vraiment "inhumé"...
A l’époque, était aussi appelé voirie le lieu où l'on portait les ordures, les immondices, les vidanges, les fumiers et les débris d'animaux dont raffolaient les chiens errants. Parmi les heures noires de la capitale, il arriva que des cadavres y soient jetés, tel fut le cas de nombreux Armagnacs assassinés par les Bourguignons en 1418.
L'épisode eut des répercutions jusqu'au Parlement de Paris. Rappelons qu’à cette période, correspondant à la régence de Marie de Médicis, la France était indirectement dirigée par Concini protecteur de Ruggieri et d’un médecin juif portugais, Montaldo et de quelques coreligionnaires. Pour calmer la rumeur grandissante que la France était gouvernée par des hérétiques et des sorciers, le 10 mai 1615, le parlement remit en vigueur un vieil édit d'expulsions des juifs datant de 1394.
On prête à Ruggieri un certain nombre de prédictions : ainsi, serait-il l’auteur de celle voulant que Catherine de Médicis mourût « près de Saint-Germain »…