Coconas, gentilhomme piémontais qui avait été autrefois au service du duc d’Anjou, futur Henri III, se retrouva à son tour impliqué dans cette conjuration d’envergure.
Tout avait commencé en janvier 1574. Charles IX était très malade, le duc d’Anjou était exilé en Pologne et, comme à son habitude, leur plus jeune frère, le duc d’Alençon, complotait pour ceindre la couronne. Profitant de la faiblesse du moment, Alençon s’allia avec son beau-frère, le roi de Navarre, retenu au Louvre et, comme lui, sous étroite surveillance. Il prit la tête du mouvement des Mécontents visant à déchoir Charles IX, écarter Catherine de Médicis du pouvoir et empêcher Anjou de succéder à Charles IX.
C’est ainsi que La Mole devint le principal agent de liaison des conjurés. Il devait être nommé lieutenant général du royaume après que les états généraux auraient déchu Charles IX.
Mais une précipitation dans les manœuvres provoqua la panique d’Alençon. Craignant d’être découverts, lui et La Mole révélèrent tout à Catherine de Médicis. Le 28 février Alençon et Navarre étaient enfermés au château de Vincennes. L’heure était grave car il fallait faire évader les deux princes. Le samedi saint 10 avril, jour choisi pour leur évasion, La Mole fut arrêté à Vincennes. Puis ce fut au tour de Coconas, chargé d'amener 200 chevaux à Vincennes, d’être débusqué alors qu’il se terrait chez l’une de ses protectrices.
Le complot avait été éventé. Par qui ? L'astrologue Ruggieri, ou Anne de Montmorency, opposé à une action violente auraient informé la reine-mère du projet ?
Si Charles IX pouvait pardonner à son frère, pour Catherine de Médicis l’occasion était trop belle de se débarrasser de l’ambitieux La Mole et de faire un exemple. Elle mit tout en œuvre pour arriver à ses fins et le faire condamner à mort. Le sort de Coconas, bien que maillon plus faible et plus insignifiant de l’affaire, serait joint au sien.
Soumis à la question, alors que La Mole niait être informé du complot et ne reconnaissait qu’avoir voulu libérer les princes, Coconas, dans l’espoir de sauver sa vie, dénonçait la Mole et un maximum de hauts personnages avant de déballer tous les détails du complot.
A la fin, conscient d’être le « pigeon » idéal de l’affaire, tapant du pied, Coconas dit : « Messieurs, vous voyez : les petits sont punis et les grands qui ont fait la faute demeurent ; il faudrait s’attaquer aux sieurs de Montmorency, Bouillon, Thoré et Turaine (Turenne) qui veulent troubler le royaume, comme on en voit les effets ». Pauvres crédules !
La Mole et Coconas firent savoir qu’ils ne regrettaient point la mort pourvu qu’elle fût honorable et, faisant valoir leur appartenance à deux grandes maisons, demandèrent à être exécutés de nuit. Malgré l’intervention passionnée du duc d’Alençon et de la reine Margot, les deux hommes accusés de crime de lèse-majesté, furent condamnés à être décapités, à avoir le corps tranchés en quatre quartiers placés sur des potences mises hors des quatre portes principales de Paris ; leurs têtes resteraient plantées sur des poteaux place de Grève.
Arrivés à l’échafaud place de Grève, La Môle et Coconas demandèrent à ce que leurs dettes et leurs serviteurs soient payés. Admonestés une fois de plus de dire la vérité et de décharger leur conscience, tous deux répétèrent qu’ils avaient déjà dit toute la vérité.
Jusqu’au bout, Coconas supplia qu’on avertisse le roi de se méfier des grandes entreprises menées contre lui.
C’est là que la légende prit place. Pour accentuer leur infamie, les corps et les têtes des deux traîtres devaient rester exposés. Mais dans la nuit noire et lugubre qui suivit leur exécution, les corps et les têtes disparurent mystérieusement. Et les rumeurs de commencer à circuler dans les rues de Paris : Margot et Henriette auraient fait enlever les têtes de leurs amants adorés pour les conserver après embaumement.
La réalité ? Il est fort probable que refusant de laisser les dépouilles exposées, les deux femmes,- et/ou peut-être d’autres-, tout en bravant l’autorité royale, les aient fait porter très secrètement là où une inhumation chrétienne serait possible au lieu d’être jetées au cimetière des Innocents. Quant aux têtes, même s’il est vrai que Margot, comme le duc d’Alençon d’ailleurs, aimait passionnément La Mole, il est difficile de croire qu’elle ait conservé ce macabre souvenir.
Une autre version veut que Margot et Henriette les aient conservées et jetées dans la Seine quand l’odeur devint insupportable.
Reste tout de même une énigme : le procès-verbal indique une condamnation à avoir la tête tranchée (c’est fait) et le corps à être coupé en quatre quartiers. Auraient-ils réchappé à cette horreur ? La légende prend brutalement le pas sur l’histoire sans qu’aucun texte ne vienne infirmer ou confirmer l’exécution complète de la condamnation. Alors quid ? Et où furent-ils vraiment inhumés ?