Aucun service d’ordre n’ayant été organisé, on raconte que vingt mille parisiens défilèrent alors devant la mourante. Son corps était encore chaud que ses proches, tels des charognards, convoitaient ses biens.
La soudaineté de cette mort, fort opportune pour certains, suggéra qu’elle avait été empoisonnée. Et pourquoi pas par le financier Sébastien Zamet chez qui tout cela était arrivé ? Ce n’était pas le cas. L’autopsie de son corps révéla les causes de ses souffrances : tuberculose, problèmes au foie et une lésion au cerveau que n’avait pas arrangé une fièvre puerpérale ; elle serait morte d’une attaque d’éclampsie (complication sérieuse de la grossesse)
Henri IV voulut des funérailles royales. Durant quatre jours sa dépouille, habillée de la robe prévue pour ses noces avec le roi, fut exposée au regard des visiteurs. Puis on installa la « presque reine » dans son cercueil à côté de son enfant mort né. Une messe de Requiem fut dite à Saint-Denis. Après le service funèbre en l’église Saint-Germain-l’Auxerrois, elle fut inhumée dans le chœur de l’abbaye Notre-Dame-la-Royale (Maubuisson) dont une de ses sœurs, Angélique, était l’abbesse depuis 1597 grâce à Gabrielle.
Alors que dans un Paris sans pitié pour la « putain du roi » les épitaphes infamantes fleurissaient de partout, à Maubuisson on assistait à des funérailles pitoyables où même les rires des moniales troublèrent le dernier office.
Pas de monument, pas d’épitaphe sur sa sépulture pour honorer un minimum sa mémoire. Mais le pire pour elle fut sans doute de mourir sans avoir revu le roi qui, malgré une peine réelle, ne mit pas longtemps à se consoler en trouvant de nouveaux jupons à trousser.
Il ne devait plus guère rester grand-chose de sa sépulture lorsque la Révolution éclata. Alors que des pierres tombales de princes et princesses étaient acheminées au musée des Monuments français d’Alexandre Lenoir, on ne trouva rien à sauver pour Gabrielle.
Les enfants légitimés
► Catherine-Henriette de Bourbon (1596 - 20 juin 1663)