Déjà évoqué dans l'article sur les sépultures des papes en général, le sujet vaut la peine d'un article à part car la papauté en Avignon c'est presqu'un siècle d'influence française.
L’agitation à Rome et la menace que faisaient peser sur les Etats pontificaux la politique impériale et l’appétit des puissances italiennes amenèrent les papes à préférer une résidence provisoire en dehors de Rome.
Le choix d’Avignon fut d’abord fortuit et imposé par les circonstances du conflit auquel la diplomatie pontificale tentait de mettre fin entre la France et l’Angleterre à propos de l’Aquitaine (► Philippe IV).
En fait, depuis la chute de Saint-Jean d’Acre en 1291, la grande idée des pontifes était de reprendre les Croisades pour éviter le danger que représentait les Turcs sur l’empire d’Orient. Or, ce projet n’était réalisable que si la France et l’Angleterre cessaient les hostilités qui absorbaient leurs forces vives.
Offrant calme et sécurité, de surcroît position idéale pour gouverner la Chrétienté dont le centre était rejeté vers l’Ouest sous la poussée ottomane, Avignon était parfaite.
Débutée en 1309 avec Clément V, si l'on tient compte du pontificat de l'antipape Benoît XIII, elle dura presqu'un siècle, presqu'un siècle de malaise.
Se dotant d'une administration stable, Avignon la "papale" prit les fonctions d'une capitale. C'était d'Avignon, et non pas de Rome, qu'émanaient les ordres du gouvernement pontifical.
Mais la bureaucratie et une fiscalité envahissante correspondaient-elles à la vocation de la papauté ?
Des protestations s'élevrèrent. Le roi et le parlement d'Angleterre curent devoir protéger l'Eglise anglaise contre les pratiques pontificales. Dante plongea Clément V qui s'était fait "un Dieu d'or et d'argent". Pétrarque prétendait ne trouver ni foi ni charité à Avignon. Les fanatiques de la pauvreté, qui se posaient en défenseurs de l'esprit de saint François, les spirituels et fraticelles, attendaient l'avènement de l'Esprit-Saint ; les hérétiques vaudois et cathares dénonçaient la trahison du message évangélique par une Eglise avide de puissance.
Les papes français ont bien senti que la capitale spirituelle restait sur les rives du Tibre.
Avec le retour à Rome de Grégoire XI en 1377, les Romains firent pression sur le conclave pour que son successeur soit au moins italien. Ce fut l’élection d’Urbain VI contre laquelle s’éleva celle de Clément VII qui rentra à Avignon mais fut inhumé à Rome. C’est ainsi que la Chrétienté connut une période douloureuse, celle du Grand Schisme qui vit deux papes se disputer la légitimité de leur fonction.
Le temps passant, Avignon n’était dorénavant plus en mesure de justifier son privilège.L'antipape Benoît XIII (Pedro de Luna) mit fin au règne pontifical de la ville en s’enfuyant incognito en 1403 sur les terres du comte du Provence en refusant toujours de renoncer à sa tiare. Il décéda à Péníscola en Espagne.
La tradition et la logique veulent que seuls soient retenus les papes ayant eut un pontificat légitimé. En conséquence, le nombre de papes en Avignon est normalement de sept. Toutefois, il est aussi fréquent de prendre en compte les pontificats des antipapes Clément VII et Benoît XIII.
Excepté Grégoire XI, tous les papes légitimes d'Avignon furent inhumés en France. Leurs restes ont disparu des sépultures (sauf Innocent VI?) et la plupart des tombeaux ont mal survécu au temps et aux évènements. A défaut d'obtenir des tombeaux d'origine, en fonction des éléments conservés et/ou retrouvés, des restaurations de factures plus ou moins convenables ont été effectuées, comme celui à clochetons de Jean XXII, ce qui n'empêche pas l'oeil profane de se satisfaire de l'idée générale.
On notera toutefois celui de Benoît XII reconstruit en grande partie avec les éléments d'un autre mausolée et le gisant d'Urbain V, unique vestige des affres révolutionnaires, exposé au musée du Petit Palais d’Avignon.