De fait, le rayonnement qu’elle exerça dans son propre salon ou dans la propriété familiale de Coppet, l’exil auquel elle fut contrainte - ses voyages en Allemagne, Italie et Russie - sa liaison mouvementée avec Benjamin Constant et sa fréquentation des beaux esprits de l’époque, lui donnèrent un prestige qui dépassa son œuvre elle-même.
Accueillant la Révolution avec joie, on peut penser qu’elle espérait y tenir un rôle. Mais repoussée par les Républicains, elle se posa en égérie de la monarchie constitutionnelle et s’attira les sarcasmes de la noblesse. Horrifiée par les massacres de septembre 1792, elle s’enfuit de France pour y revenir après la chute de Robespierre. Elle publia des Réflexions sur le procès de la Reine, plaidoyer en faveur de Marie-Antoinette à l'adresse des autres femmes où elle dénonce les misères de la condition féminine. Elle avait évolué et manifestait beaucoup de générosité et de commisération. Considérant la réalité qui l’entourait, elle dépassa son propre personnage. Du reste, elle visait la gloire et ne s’en cachait pas. Usant de toute son influence, elle exaltait le libéralisme. Son salon devint le rendez-vous des mécontents du régime de Bonaparte auquel elle s’opposait. Cependant, l’hostilité que lui voua Napoléon augmenta sa notoriété tout en lui attirant de nouvelles sympathies.
Rappelée en Suisse à la mort de son père, elle y installa une espèce de cour où s’empressait de venir une foule de gens du monde : Chateaubriand, Lord Byron, Mme Récamier, Mathieu de Montmorency et tant d’autres dont Stendhal qui dira que dans ce « salon de l’Europe » s’y réunissaient « les Etats généraux de l’opinion européenne ». Poursuivit par des mesures coercitives de Napoléon, placée sous étroite surveillance, il lui fut aussi interdit de recevoir. Germaine était au désespoir quand elle rencontra un nouvel amour, M. de Rocca, un genevois officier de hussards en Espagne qu’elle épousa secrètement.
Elle réussit néanmoins à se réfugier en Russie et en Angleterre. Partout elle tentait de stimuler les opposants à l’Empereur.
De retour en France à la Restauration, elle ne put qu’assister à l’influence sur Louis XVIII des anciens émigrés arrogants et butés qui amena la chute des Bourbons qu’elle avait d'ailleurs prédit.
A son refus de se voir vieillir et à son profond découragement politique, vint se rajouter la maladie. Frappée, en février 1817, de paralysie à un bal chez le duc Decazes, elle languit encore cinq mois, recevant encore ses amis sur le lit où elle était condamnée à l'immobilité. De son domicile de la rue Royale, on la transporta dans un hôtel de la rue des Mathurins qui possédait un grand jardin. Là, elle s’endormit et ne se réveilla pas. Sans les journaux, sa mort serait presque passée inaperçue.
Selon ses volontés, Germaine de Staël fut inhumée à Coppet. On ouvrit le mausolée de ses parents, situé dans le parc du château, pour y installer son cercueil à leurs pieds. La porte de la tombe fut de nouveau scellée laissant l’auteur tumultueux de Corinne et De la Littérature considérée reposer pour l’éternité.
Au fond du parc, le mausolée de pierre grise se compose d'un petit bâtiment rectangulaire dont le seul ornement est un bas-relief que Mme de Staël fit sculpter au-dessus de la porte et qui représente le couple Necker montant au ciel tandis que leur fille prie à genoux. Le château, qui se visite, est resté tel que les Necker l’ont laissé.