Mariage désastreux s’il en fut un. Hortense, éprise de Duroc puis de Charles de Flahaut dont elle eut un fils, le duc de Morny, partagea néanmoins la couronne de Hollande avec son époux pendant quatre ans (1806 – 1810). Dès 1807, le couple qui ne vécut ensemble que quelques mois, s’était séparé. Et Hortense de tromper son mari au point que ses trois enfants sont attribués à des pères différents. Ainsi Napoléon III a-t-il plusieurs pères putatifs… La Hollande incorporée à l’Empire en 1810, Hortense se fixa à Paris où elle tint un brillant salon.
Faite duchesse de Saint-Leu par Louis XVIII à la première Restauration, mais restée fidèle à Napoléon durant les Cents-Jours et accusée d’avoir facilité son retour, elle fut contrainte à l’exil. Réfugiée à Arenenberg (Suisse) sur les bords du lac de Constance, elle y élevait seule ses fils. Jouissant d’une fortune confortable grâce à la succession de sa mère, parmi ses soutiens elle put compter sur celui de son frère Eugène.
Puis vinrent les années de deuils douloureux : la mort de Napoléon Ier (1821), celle d’Eugène (1824), de son ami et ancien flirt le tsar Alexandre Ier (1825) et enfin celle de son fils Napoléon Louis (1831).
Cette même année 1831, elle entama une course-poursuite digne d’un roman de cape et d’épée pour permettre à son benjamin, Louis Napoléon, futur Napoléon III, de gagner l’Angleterre.
Mais Hortense, frappée par la loi d'exil du 10 avril 1832 comme tous les membres de la famille Bonaparte, ne devait plus revenir en France.
Toujours en 1832, la mort prématurée du duc de Reichstadt propulsait Louis Napoléon, comme héritier des prétentions bonapartistes. En 1836, après sa tentative de soulever la garnison de Strasbourg pour renverser la monarchie de juillet, Hortense intervint pour lui éviter l’emprisonnement.
Gravement malade, elle s’éteignit au château d’Arenenberg où Louis Napoléon, revenu d’urgence de son exil américain avec un faux passeport, put assister aux derniers instants de sa mère.
Après l’autopsie et l’embaumement de sa dépouille et les cérémonies religieuses à Ermatingen, Hortense y fut inhumée le 8 octobre en attendant son transfert à Rueil-Malmaison.
Selon ses dernières volontés, elle souhaitait y reposer auprès de sa mère. Fallait-il encore que la France l’y autorise. La permission vint. Le 19 novembre, la reine Hortense arriva à Rueil et fut inhumée le 11 janvier 1838 en l’église Saint-Pierre-et-Saint-Paul.
Ironie de l’histoire, le caisson d’artillerie qui servit au transport de la dépouille d’Hortense sera réutilisé le 5 septembre 1838 pour le voyage du cercueil de Talleyrand entre Paris et Valençay... Charles Maurice, prince et duc de Périgord, rejoignait ainsi pour un instant la mère de son petit-fils, Morny...
Un premier mausolée avait été réalisé par Bartolini en 1846 mais, refusé par Napoléon III, il se trouve dans la chapelle du château d’Arenenberg transformé en musée Napoléon.