En 1837, un M. Micas passa commande du portrait de sa fille, Nathalie, à Raymond Bonheur : ce fut le coup de foudre entre les deux fillettes.
Installée, à partir de 1860, dans sa propriété de By, en lisière de la forêt de Fontainebleau (avec Nathalie, dont elle ne fut séparée que par la mort), Rosa y fit construire un atelier et logea, dans le grand parc attenant, toutes sortes d’animaux, y compris un couple de lions…
Transgressant les interdits liés à la morale de son époque, elle eut pourtant l'habileté de mener une vie à contre-courant de bien des conventions sans jamais faire scandale. En développant une approche académique, elle acquit une reconnaissance qui lui permit plus de liberté et une carrière artistique glorieuse et jalonnée de prix et d'honneurs, suscitant envers elle l'intérêt de la critique malgré ses différences.
Portant le pantalon grâce à une permission de travestissement*, Rosa pouvait ainsi voyager librement, visiter les abattoirs ou disséquer des carcasses. Si en privé elle fumait comme un pompier et restait en pantalon, dès lors qu’elle gagnait la sphère publique elle portait une robe. D'ailleurs, tous ses portraits officiels la représentent vêtue de cette façon.
Elle partagea sa vie affective avec Nathalie Micas puis, après le décès de cette dernière, avec la peintre américaine Anna Klumpke. *Depuis une ordonnance de novembre 1800 interdisant le port du pantalon aux femmes, cette "permission de travestissement" était renouvelable tous les six mois auprès de la préfecture de Paris. Malgré deux assouplissements en 1892 et 1909 « si la femme tient par la main un guidon de bicyclette ou les rênes d’un cheval », cette loi n’a été abrogée qu’en janvier 2013 !
A force de talent et de travail, Rosa réussit à s’imposer très tôt. Le Labourage Nivernais (1849), fut sa première œuvre importante. Mais ce fut Le Marché aux chevaux (1853) qui lui conféra une renommée internationale. On lui doit aussi des sculptures,bien évidemment, animalières.