Le premier « roi fainéant ».
A sa mort, Dagobert Ier laissait officiellement deux fils issus de lits différents : Sigebert III, né de son union avec l’Austrasienne Ragnetrude et Clovis II, né de son union avec la reine Nanthilde. Clovis reçut la Neustrie et la Bourgogne. Bien que Dagobert se refusât à morceler le royaume, il n’eut pas d’autre choix que d’accéder à la volonté des Austrasiens qui exigeaient leur roi. Sigebert reçut donc l’Austrasie. Les deux garçons, dont la jeunesse était incompatible avec un règne effectif immédiat, furent respectivement placés sous l’autorité des maires du palais. Clovis II subit la régence de sa mère Nanthilde et celle du maire du palais de Neustrie, Erchinoald.
Sigebert vécut sous celle des maires du palais d’Austrasie, Adalgisel, Pépin de Landen puis de son fils Grimoald.
Sous la grande influence des maires du palais, les initiatives personnelles de Clovis II comme souverain sont quasi inexistantes ou restées inconnues. Marié à Bathilde, une jeune esclave anglo-saxonne, future sainte qui sut, à la surprise générale, faire preuve d’intuition politique, Clovis II n’en était pas moins un débauché comme ses ancêtres.
En revanche, il marqua les esprits de son temps par un geste remarquable. Lors d’une disette, il distribua aux pauvres tout l’argent de ses coffres. Mieux, il fit fondre les métaux précieux qui recouvraient les ornements religieux. Le peuple apprécia, le clergé beaucoup moins ! Mais c’est ce geste là que les démunis retinrent à sa mort en lui accordant une réputation de « Père des pauvres ». Mais dans la mémoire collective, ce geste passa à la trappe de l’oubli pour se souvenir qu’il fut, probablement pour des raisons de santé précaire, le premier roi à préférer les sorties en attelage tiré par des bœufs, en principe réservé aux reines, plutôt qu’à cheval et dont Boileau a si bien représenté la marche :
Quatre bœufs attelés, d’un pas tranquille et lent,
Promenaient dans Paris le monarque indolent.
Comme il fut aussi le premier sous le règne duquel débuta la décadence mérovingienne, il n’en fallait pas davantage pour que naisse la célèbre image des « rois fainéants » transmise jusqu’à nous.