Depuis janvier 1921, un homme, un soldat de la Première Guerre mondiale repose au beau milieu de l’une des places les plus célèbres au monde. Tous les ans, le 11 novembre, date anniversaire de la signature de l’armistice signé en 1918, sa tombe est l’objet d’une cérémonie officielle rendant hommage, à travers sa dépouille, à tous les soldats disparus.
Mais comment cet anonyme est-il arrivé là ?
Dès le 6 novembre 1916, l’idée fut lancée de placer un soldat inconnu au Panthéon par François Simon président du Souvenir français de Rennes : « Pourquoi ce monument ne réserverait-il pas une place à l’un de nos combattants ignorés, mort bravement pour la patrie, avec pour inscription ur sa pierre : Un soldat -1914 – 1917 ? » La présence d’un simple soldat sous le dôme où reposent tant de gloires serait un symbole et un hommage rendu à toute l’armée française.
Le 12 novembre 1919, la Chambre des députés décida de ce transfert.
Mais les associations d’Anciens combattants préféraient, elles, un endroit bien spécifique, sous l’Arc de Triomphe, et se mobilisèrent pour ce choix. Soutenues par une campagne de presse, elles obtinrent gain de cause.
Le 8 novembre 1920 était adoptée la loi relative « à la translation et à l’inhumation des restes d’un soldat français non identifié » placés dans un lieu hautement symbolique, d’accès aisé, représentant tous les morts au combat non identifiés et dans les quels chacun pourrait reconnaître pour siens.
Restait le plus difficile : choisir la dépouille en s’assurant bien qu’elle soit française et non identifiable.
Dans huit régions témoins des combats les plus meurtriers –Flandres, Artois, Somme, Île de France, Champagne, Chemin des Dames, Lorraine et Verdun – on exhuma huit dépouilles qui furent placées dans des cercueils en chêne.
La Vie et rien d'autre (1989) de Bertrand Tavernier illustre cette tâche ardue.
Le 9 novembre, ces cercueils furent transportés jusque la citadelle de Verdun, déposés dans une casemate transformée en chapelle ardente, où ils changèrent plusieurs fois de place pour préserver l’anonymat de leur origine.
Le 10 novembre, tout semblait prêt pour l’arrivée de la délégation conduite par André Maginot, alors ministre des Pensions, sauf que, tombé malade, il manquait tout de même le soldat pressenti pour choisir LE cercueil. dans la garde d'honneur, on désigna alors un autre « vaillant » « un deuxième classe ayant fait la guerre », Auguste Thin dont le père était mort pour la France. A l’heure prévue, en présence des officiels, Auguste, un bouquet d’œillets blancs et rouges à la main, s’avança vers les cercueils. Après avoir tourné une première fois autour d’eux sans s’arrêter, au second tour il s’arrêta brusquement et posa son bouquet.