Vice-président du Parti national populaire, parti d’extrême droite qui devint le Parti national et social (PRNS), il fut aussi élu vice-président de la Fédération républicaine avec laquelle il coordonna au plan national les Jeunesses de la Fédération (JFR), créées en 1935.
Admirateur de Mussolini, comme il fut plus tard de Franco, le Henriot anticommuniste, antimaçon et antiparlementaire de l’entre-deux-guerres, avait déjà opté pour le fascisme. En dépit d’un patriotisme teinté de germanophobie, l’arrivée d’Hitler au pouvoir (1933) allait confirmer le choix de ce petit bourgeois de province rêvant d’un âge d’or inaccessible. Devenu pacifiste, il défendit les accords de Munich (1938) et fut favorable à un accord franco-germanique sur le modèle du traité germano-soviétique.
Rallié au maréchal Pétain, il soutint la politique de la Révolution nationale dans des organes comme Gringoire et Je suis partout. C’était l’occasion tant attendue de prendre une revanche définitive sur cette Troisième République honnie dont il considèrait qu’elle avait mené la France à la défaite.
Avec l’invasion de l’U.R.S.S. par l’Allemagne, son anticommunisme prit le pas sur son anti-germanisme.
Polémiste talentueux, doué d’une « éloquence agressive, caustique, impitoyable », prenant la parole tous les jours à l’antenne de Radio Paris pour attaquer la dissidence de Londres, capable d'y défendre la Collaboration mieux que Pétain ou Laval, il mena la guerre des ondes et la propagande pétainiste de telle façon qu’on le comparait à Goebbels. A tel point que le 6 janvier 1944, contre l’avis de Pétain mais sous la pression allemande, il fut nommé secrétaire d’État de l’Information et de la Propagande du gouvernement de Vichy, en même temps que Joseph Darnand était nommé ministre chargé du maintien de l’ordre. La présence de ce duo ultra-collaborateur au pouvoir marqua une étape dans l'arrivée au gouvernement des collaborationnistes et de la Milice dans de très nombreux postes et dans la dérive fasciste du régime.
Bref, on oublie trop souvent qu’entomologiste avisé, Philippe Henriot aimait aussi les papillons…
Condamné à mort par la Résistance qu’il prenait violemment à partie, celle-ci décida de passer à l’action en chargeant un commando du COMAC* de son exécution.
Le 28 juin 1944, à 5h 30, Charles Gonard, dit Morlot, chef du commando, accompagné d’un groupe de résistants, pénétra au ministère de l’Information situé rue de Solférino. Muni de faux papiers de milicien, il réussit à convaincre Henriot de lui ouvrir la porte de sa chambre. Face aux hommes armés, Henriot fut abattu. La voix de Vichy venait de disparaître.
*Comité d'action militaire, organe créé par le Comité central des mouvements de Résistance.
Sa mort fut l’objet d'une campagne d'affichage dénonçant ses assassins et prétexte à de sévères représailles. On a souvent affirmé que l’assassinat de Georges Mandel en faisait partie. De récentes études laissent à penser que les faits n’étaient pas liés.