RETOUR IIIe REPUBLIQUE
BLUM Léon (1872 – 30 mars 1950)
Cimetière de Jouy-en-Josas (Yvelines)
« Il faut l’assassiner dans le dos et avec un couteau de cuisine » vitupérait Charles Maurras. Qui pouvait susciter de tels appels au meurtre ? Juif, dreyfusard, réfractaire au communisme, Léon Blum fut l’homme le plus insulté de France des années 1930.
 
Issu d ’un milieu aisé, boulimique du savoir, il voulait écrire. Entré à la Revue blanche (1892),   au sein de ce creuset progressiste, il se forgea ses opinions et finit par intégrer l’intelligentsia républicaine tout en poursuivant ses études de droit.
Auditeur au Conseil d’Etat (1896), outre impressionner ses collaborateurs par son travail rigoureux et son acuité de jugement, cette période fut aussi celle de son « incubation » socialiste : au même titre que Jean Jaurès, Lucien Herr (1864-1926), farouche socialiste et directeur de conscience progressiste de toute une génération de normaliens, devint son mentor.
 
L’affaire Dreyfus le fit basculer dans la politique. Il s’enracina dans une tradition humaniste, réformiste et pragmatique, et était favorable à une prise du pouvoir par la formation des masses dans le respect de la légalité démocratique. Sous l’égide de Jaurès, il s’investit dans la lutte pour l’unité du mouvement socialiste qui devint effective en 1905 sous le nom de S.F.I.O. (Section française de l’Internationale ouvrière).
 
Après la Première Guerre mondiale, où il fut un temps chef de cabinet de Marcel Sembat, élu député de la Seine (1919), il était secrétaire des parlementaires socialistes quand, minoritaire au congrès de Tours (1920), il s’opposa à l’adhésion de la S.F.I.O à la IIIe Internationale. Puis, travaillant à la survie et au développement de la S.F.I.O., il finit par acquérir une stature incontournable dans la gauche française.
Bien que cible privilégiée de l’extrême droite, il fut porté à la présidence du Conseil après la victoire du Front populaire le 3 mai 1936.
Cette victoire donna beaucoup d'espoir au sein du prolétariat qui déclencha une grève générale spontanée. Avec les accords de Matignon, dans la nuit du 7 au 8 juin 1936, le gouvernement Blum instaura d’importes hausses de salaire, les conventions collectives, les congés payés, la semaine de 40 heures, et la nationalisation de plusieurs grandes entreprises.
Mais, entre la dégradation économique, les attaques tous azimuts contre lui à titre personnel, et un contexte international extrêmement tendu, il dut décréter « une pause » des réformes. Après le refus du Sénat de lui accorder les pleins pouvoirs qu’il avait demandés en matière financière, il démissionna le 21 juin 1937.
 
Il fit partie des députés qui refusèrent de voter les pleins pouvoirs à Pétain en 1940. Bouc émissaire idéal, comme d’autres, dans la recherche des causes de l’effondrement du pays, il fut arrêté et se vit citer à comparaitre lors d’un simulacre de procès à Riom (1942) qui fut annulé suite à la brillante défense des prévenus par eux-mêmes.
Transféré au fort du Portalet, le 31 mars 1943 les Allemands l’en soustraire pour l’emmener jusqu’au camp de concentration de Buchenwald comme otage d’Etat. Puis, entraînés dans le reflux  des SS, s’attendant à une exécution qui ne vint pas, Blum et sa femme échouèrent en Italie du Nord d’où il fut libéré par les Alliés en 1945.
On le croyait mort. Il débarqua d’un avion à Orly aux cris de « Vive Blum ». Devenue une référence, un sage, dont on prenait les avis avec respect et empressement, brièvement président du gouvernement provisoire avant l'élection à la tête de l'Etat de Vincent Auriol en janvier 1947, il se retira dans sa maison de Jouy-en-Josas où il mourut. Ultime hommage, l’Assemblée nationale lui vota des funérailles nationales.
 
Transporté à Paris, son cercueil fut déposé dans une chapelle ardente aménagée dans le hall du Populaire (rue Lafayette) où le public vint s’incliner, nombreux, comme il le fut sur le chemin du cortège jusqu’à la place de la Concorde où furent prononcés les discours officiels.
Puis, dans l’intimité, Léon Blum fut inhumé dans le caveau familial des Blum au cimetière de Montmartre avant de reposer, à partir du 7 juin, au cimetière de Jouy-en-Josas comme il le souhaitait.
Obsèques nationales de Léon Blum le 2 avril 1950 © AFP
Cette photo et suivante : https://letaphophile.wordpress.com/2016/07/18/leon-blum-le-reformateur-socialiste-jouy-en-josas-78/
Les femmes de Léon Blum
 
Blum aimait beaucoup les femmes et en changeait souvent. Mais certaines eurent dans sa vie une place prédominante : ses trois épouses.
 
►Lise Bloch (1869 - 1931)
Cimetière du Montparnasse (Paris)
 
Epousée en 1896, intelligente, cultivée, critique littéraire à ses heures, conseillère écoutée de son mari, elle fut emportée par une leucémie. Mais avant qu’elle ne quittât ce monde, Léon avait déjà une autre femme dans sa vie, Thérèse Pereyra. L’urne contenant les cendres de Lise fut déposée dans la sépulture familiale au cimetière du Montparnasse.
►Thérèse Pereyra (1881¬-1938)
Cimetière du Père-Lachaise, 95ème division (Paris)
Née dans une famille juive aisée et progressiste, sportive et musicienne, éduquée selon les attentes de son milieu mais se distinguant par sa vivacité d’esprit et son bon goût, courtisée, elle était de toutes les parties de campagne et se lia ainsi d’amitié avec Lise et Léon Blum. Bientôt, avec ce dernier, aux confidences amicales succédèrent les lettres enflammées. Mais, Thérèse savait que son amant ne prendrait pas le risque d’un divorce qui viendrait renforcer les ragots ternissant déjà son image dans la presse.  
Elle-même, était une farouche militante à la SFIO, très active dans le milieu culturel, notamment musical. Dans l'ombre de Léon, sur lequel elle avait une influence, elle accepta avec constance les succès et les défaites. Pour pouvoir un jour devenir Madame Blum, elle divorça de son mari. Veuf, Léon l’épousa en 1932.
Elle supporta alors les ragots sur les infidélités de son mari, les attaques antisémites, etc. Soutien sans faille de son époux, plus d’un quart de siècle d’amour et de complicité fit tenir ce couple de cœur. Mais à son tour, elle mourut prématurément emportée par un cancer. De toute la France parvinrent à Blum des témoignages de sympathie, louant la ferveur et la bonté de la défunte, « providence des humbles », « sœur de conviction », qui ne cessa sa vie durant de militer aux côtés du leader de la SFIO, illustrant à la perfection l’adage selon lequel derrière chaque grand homme se trouve une femme. Elle fut inhumée au cimetière du Père-Lachaise.
© MCP
© MCP
►Jeanne Levylier (1899-1982)
Le jardin du « clos des Metz » à Jouy-en-Josas (Yvelines)
Veuf de Thérèse, son grand amour, une troisième femme entra dans la vie de Blum.
Divorcée de l’avocat Henri Torrès (1891-1966), veuve de Henri Reichenbach, l'un des fondateurs de la chaîne de magasins «Prisunic», elle connaissait Blum depuis très longtemps et devait confier en avoir toujours été amoureuse.Depuis juin 1940, d’abord dans son ombre, puis moins discrètement, elle fut présentée comme sa secrétaire quand il travaillait à la rédaction de son livre À l’échelle humaine. Devenue sa maîtresse, elle refusa de le quitter, endura son parcours d’internement et d’incarcération avant de le rejoindre à Buchenwald et de l’y épouser en 1943. Jusqu’à la mort de Blum, elle  poursuivit  son engagement à ses côtés.
C’est dans une petite ferme, «Le Clos des Metz», qu’elle avait achetée en 1938 à Jouy-en-Josas, où le couple s’était retiré, que Léon Blum décéda entouré de l'indéfectible affection de Jeanne qui mit fin à ses jours, trente-deux ans plus tard. Ses cendres y furent ensevelies dans le parc.
«Le Clos des Metz»
https://monumentum.fr/maison-dite-clos-des-metz-pa00087464.html
Plaque signalant l'emplacement des cendres de Jeanne © FLLL
30 mars 2020
Sources principales :
 
-Ils ont fait l’histoire : Léon Blum -Ed Larousse (2001)
-Le journal L’Aube du 3 avril 1950
-Revue de presse : Thérèse, le grand amour caché de Léon Blum de Dominique Missika
https://www.alma-editeur.fr/wa_files/RP_20-_20The_CC_81re_CC_80se.pdf
-Jeanne Reichenbach : l’ultime amour de Léon Blum- Sarasvati article en ligne le 20 mars 2020
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TOMBES SÉPULTURES DANS LES CIMETIÈRES ET AUTRES LIEUX
par Marie-Christine Pénin
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