Auditeur au Conseil d’Etat (1896), outre impressionner ses collaborateurs par son travail rigoureux et son acuité de jugement, cette période fut aussi celle de son « incubation » socialiste : au même titre que Jean Jaurès, Lucien Herr (1864-1926), farouche socialiste et directeur de conscience progressiste de toute une génération de normaliens, devint son mentor.
L’affaire Dreyfus le fit basculer dans la politique. Il s’enracina dans une tradition humaniste, réformiste et pragmatique, et était favorable à une prise du pouvoir par la formation des masses dans le respect de la légalité démocratique. Sous l’égide de Jaurès, il s’investit dans la lutte pour l’unité du mouvement socialiste qui devint effective en 1905 sous le nom de S.F.I.O. (Section française de l’Internationale ouvrière).
Après la Première Guerre mondiale, où il fut un temps chef de cabinet de Marcel Sembat, élu député de la Seine (1919), il était secrétaire des parlementaires socialistes quand, minoritaire au congrès de Tours (1920), il s’opposa à l’adhésion de la S.F.I.O à la IIIe Internationale. Puis, travaillant à la survie et au développement de la S.F.I.O., il finit par acquérir une stature incontournable dans la gauche française.
Bien que cible privilégiée de l’extrême droite, il fut porté à la présidence du Conseil après la victoire du Front populaire le 3 mai 1936.
Cette victoire donna beaucoup d'espoir au sein du prolétariat qui déclencha une grève générale spontanée. Avec les accords de Matignon, dans la nuit du 7 au 8 juin 1936, le gouvernement Blum instaura d’importes hausses de salaire, les conventions collectives, les congés payés, la semaine de 40 heures, et la nationalisation de plusieurs grandes entreprises.
Mais, entre la dégradation économique, les attaques tous azimuts contre lui à titre personnel, et un contexte international extrêmement tendu, il dut décréter « une pause » des réformes. Après le refus du Sénat de lui accorder les pleins pouvoirs qu’il avait demandés en matière financière, il démissionna le 21 juin 1937.
Il fit partie des députés qui refusèrent de voter les pleins pouvoirs à Pétain en 1940. Bouc émissaire idéal, comme d’autres, dans la recherche des causes de l’effondrement du pays, il fut arrêté et se vit citer à comparaitre lors d’un simulacre de procès à Riom (1942) qui fut annulé suite à la brillante défense des prévenus par eux-mêmes. Transféré au fort du Portalet, le 31 mars 1943 les Allemands l’en soustraire pour l’emmener jusqu’au camp de concentration de Buchenwald comme otage d’Etat. Puis, entraînés dans le reflux des SS, s’attendant à une exécution qui ne vint pas, Blum et sa femme échouèrent en Italie du Nord d’où il fut libéré par les Alliés en 1945.
On le croyait mort. Il débarqua d’un avion à Orly aux cris de « Vive Blum ». Devenue une référence, un sage, dont on prenait les avis avec respect et empressement, brièvement président du gouvernement provisoire avant l'élection à la tête de l'Etat de Vincent Auriol en janvier 1947, il se retira dans sa maison de Jouy-en-Josas où il mourut. Ultime hommage, l’Assemblée nationale lui vota des funérailles nationales.
Transporté à Paris, son cercueil fut déposé dans une chapelle ardente aménagée dans le hall du Populaire (rue Lafayette) où le public vint s’incliner, nombreux, comme il le fut sur le chemin du cortège jusqu’à la place de la Concorde où furent prononcés les discours officiels.
Puis, dans l’intimité, Léon Blum fut inhumé dans le caveau familial des Blum au cimetière de Montmartre avant de reposer, à partir du 7 juin, au cimetière de Jouy-en-Josas comme il le souhaitait.