Mais derrière ce physique « de brute » se cachait aussi un comédien tout en finesse qui n’échappa pas à l’œil sagace de certains réalisateurs à commencer par celui de Jacques Becker pour Toucher pas au Grisbi (1953). Exit Angelo et bienvenue à Lino dont le talent éclata au fur et à mesure de ses prestations et marqua d’autant plus le cinéma qu’il appartenait à cette génération d’acteurs dont la simplicité ne pouvait qu’alimenter la popularité.
Suite au handicap mental de sa fille Linda, ce fut aussi avec beaucoup de discrétion, qu’il s’occupa, avec son épouse, de la fondation Perce-Neige, créée en 1966 à la suite de ce drame personnel.
Gangster, policier, aventurier, il servit à sa mesure, c’est à dire magistralement, aussi bien des rôles d’une profonde gravité que des textes d’une telle qualité humoristique que les évoquer reste toujours un vrai moment de bonheur. Une carrure à « l’ancienne » qu’on évoque avec nostalgie, comme un monde disparu.
De sa filmographie d’environ quatre-vingt films, commencée dans les années 1950, on notera entre autres :
Touchez-pas au grisbi (1953), Un taxi pour Tobrouk (1961), le cultissime Les Tontons flingueurs (1963), Le clan des Siciliens (1969), le merveilleux déjanté L’aventure c’est l’aventure (1972), Cosa Nostra (1972) qui lui apporta la reconnaissance internationale, L’emmerdeur (1973), Garde à vue (1981) subtil tête à tête avec Michel Serrault, Cent jours à Palerme (1984), etc…
Né Italien et voulant mourir Italien, il n’avait accepté qu’une double nationalité. Il avait émis le souhait d’être inhumé au Val-Saint-Germain, dont était originaire l’amour de sa vie, sa femme, Odette Lecomte, qui le rejoignit dans la tombe en 2013.